Voyages
entre rêves et réalités – Pour une Constitution internationale
Livre
I : livre des contrées
Tome
1 : « 75.000 km de vagabondages en vélo »
Ecrit entre octobre 2010 et mars 2011. Par Frédéric
Barbier. A Figeac.
SOMMAIRE :
Résumés des petits vagabondages : ……………………………………………………………………………………………………………….6
1.
« Petit tour au Cœur de l’Europe » (9.900 km de fin juillet à fin
septembre 2007)
2.
« Paris –Dakar » (3.750 km de mi-novembre 2007 à début janvier 2008)
3. « Traversée
des grands espaces des Amériques septentrionales » (20.920 km de mi-mars à
mi-juillet 2008)
4.
« Traversée du Sahel, de Dakar à Niamey-Zinder » (3.860 km de début
janvier à fin février 2009)
5. « Cap
Nord Europe » (18.340 km de mi-avril à début août 2009)
6.
« Traversée des grands espaces des Terres australes du Milieu »
(14.400 km de fin août à mi-décembre 2009)
1ère partie : Les
raisons du voyage :……………………………………………………………………………………………………………….22
Section 1 : L’envie
de voyager :
1. Des voyages « initiatiques » :
1.1.
Introspection – Rétrospection
1.2. Du rêve à
la réalité, enfin du concret
2. Le plaisir architectural :…………………………………………………………………………………………………………………27
2.1. En
Europe :
2.2. En
Afrique :
2.3. Dans les
Amériques septentrionales (USA-Canada) et en Australie, Nouvelle Zélande :
2.4. Quelques
exemples :
1) Des paysages
naturels (architecture géologique, naturelle) :
2) De l’architecture
« historique » :
3) De l’architecture
géographique (humaine) :
Section 2 : Une
autre manière d’appréhender la vie en société :
…………………………………………………………………………31
1. Travail, études, retraites. Quelle
société pour vivre ensemble ?
1.1. La
société ?
1) De la
réalisation des rêves :
2) Avoir la
chance de pouvoir faire des choix :
3) Faire le
« grand saut » :
4) De la
décroissance :
1.2. Les
passions :
1) Y a-t-il plus
de liberté en voyage qu’en vivant en société ?
- Le
Pour :
- Le
Contre :
- De la
difficulté de dormir dehors :
2) Trop de
réglementations inutiles :
2. Conseils pratiques et « ma »
façon de voyager : …………………………………………………………………………………….36
1) Du port du casque :
2) Le dodo :
3) En cas de pluie :
4) Les vêtements :
5) La toilette :
6) Les cartes :
7) Le matériel :
8) En Afrique :
9) Moustiques, pies et
fourmis :
2ème partie : L’apport
des voyages : ……………………………………………………………………………………………………………41
Section 1 : Des
apports « géo et méta- physiques » :
1. Les « forces de la Nature »
1.1. Les
Quatre éléments :
I.
L’eau :
II. La
terre :
1) La majesté
des seigneurs de la « haute » montagne :
2) Le calme
des déserts ?
III. Le
feu :
1) Les
couleurs de la faune et de la flore :
2) Un beau mélange des 4 éléments :
IV.
L’air :
1) Le sens du
vent :
2) Le
« Dieu » vent :
1.2. Dieu, la
Nature et les Hommes ?
I. Un Dieu,
des religions :
II. Quelques
anecdotes « religieuses » :
III. Les
beautés naturelles, le calme des grands espaces et l’envie de faire corps
avec la nature :
1) Quelques
moments « merveilleux » :
2) Rencontre
avec les loups :
3) Rencontre
avec les ours :
4) La pleine
Lune :
1.3.
De drôles de questions et phénomènes !
1) Un
« vélo neige » ?
2) Les
pressions thermiques et les éclairs :
3)
« Evolution humaine » :
4) L’Homme
naît-il bon ou mauvais ?
2. La nécessité d’écologie et de protection
de l’environnement : …………………………………………………………………………56
1.1. Une
protection dans l’espace :
I. La
pollution humaine :
1) La
voiture, jouet préféré de l’Homme moderne :
2) Eléments
de preuves du réchauffement climatique :
- Canicule et restriction d’eau :
- Des catastrophes naturelles et autres évènements climatiques
extrêmes :
II. Les zones
de protection :
1) Le
paradoxe des parcs nationaux et l’ambiguïté de la nécessité de parcs
naturels :
- Les péages à l’entrée des PN sont-ils des entraves à la libre
circulation ou une nécessité pour la protection de l’environnement ?
- La faune et la flore ne connaissent pas les frontières ! Les
paysages aussi.
- Difficile d’être « l’animal du zoo » :
2)
L’inutilité des pistes cyclables actuelles :
1.2. Une
protection dans le temps :
I. Une
société actuelle idéale et utopique :
1) Dans quel
monde vit-on ?
- La recherche du gain :
- Zones urbaines et zones industrielles :
- L’utilisation intempestive des ressources. Pour la
décroissance :
- L’assujettissement sociétal :
2)
L’imprégnation de la société de consommation :
II. Vers un
futur plus réaliste ?
1) Vivre en
symbiose avec la nature :
- Les modes de vie naturels des anciens :
- La difficulté de retrouver les états naturels
2) Vivre dans
un monde alliant mode de vie « authentique » et hautes
technologies :
Section 2 : Des
apports « géopolitiques » : …………………………………………………………………………………………………..68
1. Pauvreté et richesse de l’Afrique :
1.1. La
difficulté d’être de couleurs :
1.2. Problème
de manque de matières premières agricoles et de l’exportation des ressources naturelles :
1) La France-Afrique :
2) L’agriculture :
3) L’attente d’investisseurs :
1.3. L’Afrique,
aussi matérialiste que l’Occident ? Est-ce le propre de l’Homme ?
1) Le marchandage, coutume locale ?
2) L’agressivité ?
3) Les sollicitations ?
4) La perversion consumériste ?
1.4. L’argent
fait-il le bonheur ? Le décalage des normes sociales et des « niveaux
de vie » entre Afrique et Occident :
1) Le prix pour entretenir l’Histoire, confort vs authenticité ?
2) L’argent permet-il d’accéder au bonheur ?
2. POUR une Constitution
internationale ! ………………………………………………………………………………………………...78
2.1. Les
enjeux et risques de régressions idéalistes, le poids des fictions :
1)
Discrimination et « minorités », idéal de domination et
cosmopolitisme :
- En Nouvelle Zélande et en Australie :
- En Afrique nord-occidentale :
- En Amérique du nord :
- En Europe :
2) Des
« chocs de civilisations » :
- La sédentarité des nomades, acculturation et désespoir :
- Le « temps du rêve » aborigène :
- Le « rêve américain » :
- Le sang versé, prix de la liberté ?
2.2. Une
Constitution « Humaine », une réalité et une nécessité :
1) La fiction
des frontières, obstacle à la libre circulation des Hommes :
- Les drapeaux, emblèmes des fictions !
- La nécessaire préservation de la diversité et des langues :
2) Vive le
cosmopolitisme, POUR une Constitution internationale !
- Besoin d’innocence et d’espérance :
- Nécessité de préserver les modes de vies ancestraux et la
culture :
- Une Europe indispensable et réaliste, espérer une union des Etats
dits occidentaux :
Introduction : résumés des
petits vagabondages :
Les
« petits vagabondages » sont en fait six voyages (trois de deux mois
et trois de quatre mois) effectués entre juillet 2007 et décembre 2009, en vélo
principalement et sans moyens motorisés dans différentes régions du
monde :
- deux voyages
en Europe continentale et nordique,
- deux voyages
en Afrique nord-occidentale,
- un voyage
dans les USA et au Canada,
- un voyage en
Australie et en Nouvelle Zélande.
Soit un total
de près de 30 Etats traversés et près de 75.000 km effectués en vélo, pendant
un an et demi. Chacun de ces voyages a permis de retirer certaines choses sur
soi et sur le monde qui nous entoure. Chaque expérience était très intéressante
bien sûr et l’envie de voyager se poursuivra ! Les voyages sans doute eux
aussi.
1. « Petit tour au Cœur de l’Europe » (9.900 km de fin juillet à
fin septembre 2007)
Le départ se fit de
Dégagnac dans le Haut-Quercy en direction de la Suisse (Genève, lac Léman,
Bern) puis dans le sud de l'Allemagne (en Bavière notamment), l'Autriche
occidentale (Salzburg), la Bohême (Prague), la Moravie et de nouveau l'Autriche
orientale (Vienne) puis la Slovaquie (Bratislava) et ensuite la Hongrie
(Budapest).
La remontée vers le nord
de l'Europe se fît en passant par la Slovaquie dans sa partie orientale, la
Pologne (Cracovie, Varsovie), puis les Pays baltes : la Lituanie (Vilnius),
la Lettonie (Riga) et l'Estonie (Tallinn).
Le retour, enfin, par la
Finlande (Helsinki), la traversée en ferry de la mer Baltique (de Turku à
Stockholm), la Suède, le Danemark (Copenhague), le nord de l'Allemagne (Lübeck,
Hamburg, Bremen), en longeant la frise des Pays-Bas (Amsterdam, Rotterdam) puis
les Flandres en Belgique (Brugge) et en France (Lille), la Picardie (Amiens),
la Normandie (Rouen, Caen, le Mont Saint Michel), un petit tour de la Bretagne
(Saint Malo, Quimper, Concarneau, Belle Ile, Rennes, Nantes), les côtes et les
îles françaises de l'Atlantique (îles de Noirmoutier, de Ré), et le retour dans
les pays du Périgord et du Quercy.
Pour le matériel dans le
sac à dos pour l'Europe il y eu : un GPS, un appareil numérique pour les
photos, des cartes SD, batteries et chargeurs ainsi que des lampes de vélo avec
piles et chargeurs, un pantalon ample et léger, un imperméable - coupe vent, un
foulard, un bonnet, des gants en laine, couvre-chaussure (pour le froid et la
pluie), chaussure, pantoufle, trois paires de chaussettes, un short, un
tee-shirt, un carnet pour écrire, quelques bics, une brosse à dent, une lame de
rasoir, un canif et un couteau pour manger (si besoin), du pq. Et aussi le
matériel pour vélo : deux pneus (changés deux fois à l'arrière et une fois
à l'avant sur 10.000 km en Europe), des chambres à air de rechange, quelques
rustines (que 4 crevaisons en Europe), des clefs pour dévisser, une pompe, un
ou deux fonds de jantes.
Le sac ne pèse pas plus
de 10 kg auxquels il faut ajouter le ravitaillement : un ou deux litres de
boissons (en plus des deux bidons sur le cadre du vélo), des bonbons (sucres,
important) et autres (fromages, chocolat, pain, brioches bien beurrées,...).
L'ensemble dépasse alors rarement les 13 kg (mais pas de balance à ce moment là
pour vérifier), cela permet de faire tout de même de grandes distances dans la
journée (270 km une fois en Moravie avec le vent dans le dos) et d'avoir
plusieurs points de ravitaillement. Avoir plus de poids (40 ou 50 kg) et donc
des sacoches empêcheraient de pouvoir faire de grandes distances et
limiteraient les points de ravitaillements ; ce serait aussi plus
difficile pour passer des obstacles afin de trouver un coin calme pour dormir
et aussi quand il faut lever le vélo pour le prendre sur l’épaule comme lors de
visites de sites historiques... Pour le moment ce système fonctionne très bien.
De même, il y a eu
environ 15 nuits à l'hôtel mais surtout dans les quinze premiers jours : problèmes
de récupération, chaleur, altitude, temps pour s’habituer à dormir
dehors ? A partir de Budapest, il n’y a eu que 4 nuits à l'hôtel (en
Pologne, en Lettonie, en Allemagne du nord et à Saint Malo). La tente prend
beaucoup de place et pèse, les nuits dehors (une bonne trentaine) se sont très
bien déroulées, pour gagner quelques degrés il suffit de dormir sur un plan dur
(asphalté ou banc), ou encore à l'abri du vent (derrière un mur, les haies) ou sous
un préau (terrain de skate bord), encore mieux dans un abri de bus (surtout en
Bohême, ce sont de véritables petites maisons).
Pour le moment ce
système fonctionne aussi très bien (aucune piqûre de moustiques aussi la nuit,
étant couvert de la tête au pied et faisant de préférence les besoins tôt le
matin, quand l'herbe est mouillée sinon les moustiques n'attendront pas,
notamment en Pologne). Cela permet aussi de pouvoir contempler les étoiles et
leurs variations, le passage rapide des nuages sous le clair de lune,
d’apprécier les étoiles filantes, le clair de Lune, de dormir dans des endroits
tels qu'un phare, au pied des jolies maisons de Bruges, à deux pas de l'entrée
de l'abbaye du Mont Saint Michel, à côté des digues néerlandaises, de la
citadelle de Belle-Ile mais aussi dans d'autres endroits plus insolites:
jardins d'enfants et écoles (cour ouverte, pas de grilles, dans les pays
scandinaves), à côté des rats (qui pourraient faire moins de bruits) ou encore près
d’anciens cimetières, à côté d'églises, sur des bancs dans les stades de
foot...
Après ce bon petit tour au cœur de l’Europe, je pense encore faire un
tour du monde, celui-ci débutant en novembre de Dégagnac vers Dakar.
L’Europe (mise à part l’ex-URSS, partie où je ne suis pas
passé sauf pour les Etats baltes) est vraiment bien, c’est facile de s’y
promener grâce à l’UE et à l’absence de frontières, la liberté de circuler et
la citoyenneté européenne. C’est vraiment une bonne chose, quel dommage que les
français aient refusé d’adopter la Constitution européenne, la France ne peut
rien faire de « grand » sans une UE forte et ce refus ne peut être
que préjudiciable pour les générations futures.
Chaque européen devrait avoir la possibilité de voyager en Europe mais
comme dans les USA beaucoup n’ont pas vu (et ne veulent pas voir parfois
aussi), peut-être devrait-il y avoir une sorte de service civique européen en
fin d’études de plusieurs mois dans un ou plusieurs Etats européens au choix de
chacun ce qui serait sans aucun doute un atout pour comprendre que l’Europe
conduit à la tolérance et est une force conduisant à l’ouverture vers le monde.
Ici il ne fait aucun doute que
la langue internationale est l’anglais surtout chez les jeunes dans les pays de
l’est (avant c’était le russe). Beaucoup de diversités aussi sur ces différents
territoires qui doivent être préservées grâce à une fédération comme l’UE.
Beaucoup d’architectures, d’arts, de beautés diverses, de terroirs, de voir les
choses différemment, beaucoup de stimulations, de réflexions et ça c’est très
passionnant.
2. « Paris –Dakar » (3.750
km de mi-novembre 2007 à début janvier 2008)
Le départ a encore eu
lieu depuis le paisible village de Dégagnac dans le Haut Quercy en direction
des cités de Cordes, Albi, Toulouse, Carcassonne, Collioure... en France.
Puis l'Espagne d'abord
en traversant la Catalogne en longeant la Costa Brava (Barcelona), la Costa
Dorada (Tarragona), ensuite en traversant la région de Castilla - La Mancha
(très jolies cités de Morella, Teruel, Cuenca, Toledo) avec un peu de neiges
sur certains Puerto, enfin en traversant l'Andalucia (en passant par Cordoba et
la belle cité de Ronda notamment) avant de rejoindre la mer Méditerranée et de prendre le ferry d’Algeciras à
Ceuta/Sebta (en Afrique).
Au Maroc ce fut la traversée
de la région du Rif (par Tétouan, Ouezzane, Moulay-Idriss et Meknès). Puis des
montagnes de l'Atlas: le Moyen Atlas (Azrou, Midelt), le Haut Atlas
(Ar-Rachidia, la route des Kasbahs, Goulmina, Tinerhir, Ouarzazate...), et
l'Anti-Atlas (Taliouine, Tiznit, Guelmin...).
Ensuite ce fut une
petite traversée du Sahara occidental (Zemmour, Agargar...) de Tarfaya à
Nouakchott en Mauritanie.
Après le terrain devient
moins désertique pour devenir petit à petit une savane avant de franchir le
fleuve Sénégal par une barge et de passer en même temps la frontière entre la
Mauritanie et le Sénégal.
Au Sénégal il y eu un
passage par Saint Louis puis Dakar pour y prendre l'avion jusque Paris-Orly. De
là, la route se tourna vers la Loire (Provins, Fontainebleau...) et la descente
de cette vallée de la Loire ensuite entre Sully et l'abbaye de Fontevraud près
de Semur. Enfin le voyage se termina par le Poitou et le Limousin, en longeant
un peu les très jolies rivières de la Creuse et de la Vienne et l’arrivée dans
le Périgord.
Pour la rando Paris-Dakar
il y a eu deux surprises. La première c'est l'éclatement des trois chambres à
air dans la même après-midi, à 75 km de Ouarzazate et la deuxième est la casse
de la moitié des rayons de la roue avant entre Tarfaya et Dakhla, du jamais vu
en douze ans de vélo mais à chaque fois après 26 ou 3 km de marche on me
propose d'être pris en stop ce qui fut très utile pour réparer !
En Espagne il y eu de
nombreuses nuitées à la belle étoile sans problèmes comme d'habitude. Au Maroc
souvent on est invité ; les gens travaillent peu, souhaitent venir en
Europe pour une partie et avoir un européen chez soi c'est un peu avoir un pied
de l'autre côté de la méditerranée sinon les hôtels sont peu chers (trois euros)
si on sait rester simple ; enfin les pompistes du désert, au Sahara
occidental, sont habitués à recevoir gratuitement des voyageurs de toute sorte
pour une nuit (matelas disposés en vrac dans un local).
En Mauritanie et au
Sénégal, les hôtels sont plus chers (que de deux fois) et on est moins souvent
invité (tous les blancs sont riches pour eux), en tout cas on est sans cesse
sollicité financièrement par les enfants, les adultes et autres racoleurs,
beaucoup plus qu'au Maroc et ceci toute la journée (au moins quarante fois par
jour, les gens étant tous au bord des routes à attendre car ils travaillent
peu), la perte de liberté semble alors importante. Les nuits se passent ici
dans la savane assez tranquillement pourtant.
Dans les régions
traversées en Afrique beaucoup de personnes souhaitent venir en Europe. Le
salaire moyen là-bas est de 30 à 50 euros par mois, imaginez que dans un autre
pays le RMI soit à 5000 euros par mois, vous en reverrez, non? Il faut aussi
préciser que dans ces pays il n'y a pas de chômage, ni retraités ni sécurité
sociale. Aussi, il y a assez souvent des demandes de contrats ou de mariage
avec une femme blanche (photos à envoyer) et d'invitations, tous les blancs
étant des richards et des millionnaires... Les sollicitations sont quasis
constantes (perte de liberté...) et les échanges sont alors souvent intéressés.
Devant cette misère et n'étant pas naïf (malheureusement), continuer la route
semblait bien absurde et inutile... Partez en voyage organisé ou avec quelqu'un
du pays car vos guides feront aussi office de sécurité, peut-être vous ne
verrais alors pas la réalité de la vie sur place et il n'est pas bon de couper
le lien entre les touristes et les populations, beaucoup seront alors surpris
d'avoir passé un beau séjour dans un magnifique pays qui est ensuite en proie
aux pires violences (Côte d'Ivoire, Kenya, Tchad...), ce qui n'est pas
étonnant, peu place un espoir dans l'avenir de leur pays. Ca n'empêche qu'il y
a eu, bien sûr, des rencontres avec des personnes formidables qui ne sont pas
près d'être oubliées... Il faut souhaiter qu'un jour il y ait des lois
internationales, pour tous.
Ce trip entre Dégagnac et Dakar puis entre Paris et Dégagnac a donc été
difficile surtout en Afrique avec la découverte d’un autre monde différent de
celui de l’Occident. C’est bizarre de vivre dans un autre monde et dire que
cela arrive à fonctionner d’une manière globale, le monde ou modèle occidental
restant prédominant car beaucoup d’africains recherchent qu’à vivre comme les
occidentaux, « ne pas garder les moutons », avoir du confort, du
travail, une retraite, le droit à quelque chose pendant le chômage, une sécurité
sociale. Tout cela se traduit par un matérialisme encore plus fort qu’en
Occident, la volonté de gagner de l’argent est forte chez les populations
africaines entre 12 et 45 ans, plus jeune c’est encore l’innocence et après
c’est la fatalité, le désespoir.
Le blanc reste le riche, quelque soit votre façon de voyager, votre
discours, vos habits… rien n’y fait, la couleur de la peau prédomine ce qui me
fait penser à du racisme bien sûr. Beaucoup m’ont dit « vous les blancs,
vous êtes tous riches », il y eu beaucoup de demandes : de contrat
avec des entreprises en France ou en Europe, de venir investir et les payer
pour x projet, des demandes de mariages avec des femmes blanches (pourtant il y
a aussi des femmes noires françaises et vivant en France), des demandes
d’argents sans cesse renouvelées (on entend tout en vélo), des femmes qui
courraient après moi pour venir me dire bonjour…
Ces idées ne sont pas prêtes de s’arrêter : en Europe on véhicule
une image du tourisme pour vendre des voyages avec des scènes surréalistes de
bontés, d’authenticités de vie… dans ces pays du sud, dans les pays africains
on voit des publicités et des images de belles maisons, de richesses, de
salaires importants, de belles voitures pour tous les occidentaux. Les préjugés
sont forts de chaque côté de la Méditerranée.
C’est incroyable ces différences alors qu’il suffirait de si peu pour
satisfaire ses besoins ! Mais nul n’en a intérêt pour plusieurs raisons.
D’abord il n’y a pas assez d’énergies pour tout le monde aussi si les
occidentaux ont le pouvoir et les moyens, il n’est pas possible que tous vivent
comme eux car il n’y a pas assez d’énergies… pour vivre à la manière
occidentale dans le monde entier, la Terre n’est pas assez nourricière tant que
prime le modèle occidental de la consommation (voire surconsommation entraînant
un fort gaspillage).
Après les chefs d’Etat et gouvernants des pays pauvres profitent de la
corruption grâce à des commissions occultes en favorisant l’installation de
telle ou telle entreprise occidentale moyennant finances, marchés que les
entreprises payent à ces gouvernants contre la récupération de matières
premières…
De même les gouvernants occidentaux n’ont pas d’intérêts à ce que ça
change, aucune confiance dans ces Etas instables (dont ils ont une part de
responsabilité dans leur instabilité, chacun a une préférence pour un homme de
là-bas qui va leur apporter s’il a le contrôle un droit officieux de
complicité). Seuls les gouvernants occidentaux pourraient faire changer les
choses en créant une organisation internationale qui par une contrainte
réfléchie obligerait à un développement de ces pays pauvres mais ces Etats
riches ne se font pas confiance entre eux et faire une telle organisation
internationale créerait des tensions avec les multinationales, des intérêts
représentants plusieurs milliards sont en jeu et d’autres sont morts pour moins
que ça. De plus chaque Etat riche peut par ses moyens militaires aider à mettre
en place tel ou tel régime autoritaire qui apportera ensuite son soutien à l’Etat
riche qui l’a aidé ainsi des marchés seront favorisés avec des entreprises
occidentales choisies par l’Etat riche (ces entreprises pouvant financer
indirectement ou directement les moyens pour mettre en place le régime de leur
choix dans un pays pauvre ainsi ils récupèreront des contrats et les
gouvernants occidentaux des commissions). Les moyens humanitaires des Etats
sont aussi efficaces pour conserver dans leur giron des Etats pauvres qui
reçoivent et détournent cette aide (en revendant les produits et non en les
donnant, en gardant une partie pour eux et les membres de leur parti).
Ensuite les multinationales n’ont pas d’intérêts non plus à ce que tous
les Hommes vivent sur un niveau équivalent. Des différences de 1 à 10 voir de 1
à 100 dans les salaires leurs permettent malgré les coûts de transports
supplémentaires de gagner beaucoup d’argent, les marges sont importantes. Elles
produisent dans les pays pauvres qui ont une certaine stabilité puis revendent
les produits aux personnes qui gagnent plus d’argent en se faisant une bonne
marge (« made in china »…). Bien sûr ceci en défaveur des populations
occidentales qui perdent leur travail, leurs droits sociaux acquis… et des
populations pauvres qui ne peuvent demander des droits sociaux (sinon les multinationales
vont ailleurs, c’est une forme de mesure de rétorsion officieuse), il n’y a pas
de retraites ni de chômage, d’indemnités, le contrat est journalier, il n’y a
pas de droit syndical ou de droit de grève, de sécurité sociale et les nomes de
sécurité sont quasis inexistantes.
Enfin l’humanitaire. Ils savent que ce qu’ils font ne servent pas
vraiment, cela fait plus de vingt ans qu’ils ont montré leur inefficacité
(comme les Resto du Cœur, Emmaüs en France), des réseaux existent avec les
Etats pauvres ou riches, des affaires de corruption et toujours plus de
pauvres, ces humanitaires sont le plus souvent des « jouets » aux
mains des gouvernants riches (influence dans un Etat pauvre) et pauvres
(revente, commissions). Bien sûr les occidentaux continuent à donner (pour se
donner bonne conscience même s’ils payent déjà leurs impôts et donc le devoir
revient à leurs Etats riches de changer les choses) et sans le savoir ils
permettent au système vicieux de se poursuivre et ils aident donc les
gouvernants des Etats pauvres à se maintenir et les Etats dont ils sont les
nationaux de conserver dans le pays où l’aide est « distribuée » une
influence certaine. Cette aide des occidentaux sert aussi à payer des emplois
d’humanitaires qui ne devraient pas exister et les Etats occidentaux devraient
plutôt favoriser par la création d’une organisation internationale composée de
représentants des Etats riches et pauvres une formation, une éducation aux
populations pauvres qui se prendraient ainsi eux même en charge. En janvier
2005, après le tsunami, je téléphone à médecin sans frontières et la croix
rouge pour savoir s’il est possible de venir les aider, ils me répondent après
15 jours de catastrophe qu’ils sont en phase d’évaluation ! Plus tard
j’entends le président de la croix rouge, ancien ministre de la santé, M.
Mattei, déclarer qu’ils agissent uniquement en période d’urgence (alors
qu’après 15 jours qu’ait eu lieu le tsunami ils m’ont répondu qu’ils étaient
toujours en phase d’évaluation), tout cela pour justifier que sur les 300
millions d’euro ils n’avaient utilisé qu’un tiers, le reste ne pouvant plus
servir, leur mission d’ « urgence » étant terminée et leur but
n’étant pas de construire des écoles ou des hôpitaux, le reste sera donc placé
en bourse ou sur des comptes en banque…
Finalement ce sont encore les populations qui sont les otages de ce
système. Les populations riches par le mépris, l’envie et la jalousie des
populations pauvres qui légitimement ne souhaitent souvent que venir immigrer
dans les Etats riches. Et les populations pauvres qui se font exploiter,
dominer, qui profitent peu des droits de la DUDH de l’ONU (qui n’est toujours
qu’une déclaration, il n’y a donc pas d’obligations ni risques de sanctions
certaines) et qui souhaitent pourtant majoritairement et légitimement vivre
comme les « riches » occidentaux, avoir les mêmes chances et donc
franchir les différentes portes des « forteresses de l’Occident ».
Ce voyage, surtout en Afrique, a permis d’apprendre beaucoup de choses
et de voir que la réalité n’est pas la même partout, pour les pauvres c’est
travailler et gagner de l’argent, pour les riches c’est voyager, découvrir
d’autres horizons. Pour autant les occidentaux ne sont pas forcement près à
perdre leurs droits et leurs dominations.
En décidant de voyager pendant plusieurs années, par étapes, c’est
d’emblée la retraite qui est sacrifiée car le nombre de trimestres cotisés ne
sera jamais suffisant (cependant c’est obligatoire et je continu à les payer
quand je travaille), en libéral donc pas de cotisations chômages, impossible de
faire des prêts pour une maison (ou difficile), de même pour une famille. Bien
sûr pour économiser il ne faut pas avoir de voitures, de prêts… sinon…
Le voyage pose le choix de ce qui est nécessaire ou non, pas de superflus.
D’un point de vue personnel, j’ai appris à être plus patient, moins pressé, à
relativiser les difficultés que beaucoup de français rechignent alors que tant
de personnes vivent misérablement et j’ai appris à être un peu plus nomade.
Un denier coup de gueule, pour tous ces voyageurs qui vendent du rêve,
qui ne racontent pas la réalité car leurs livres racontant la vie de personnes
des pays pauvres mettent en valeur des métiers disparus… qui par leurs
authenticités attirent les occidentaux vivant dans un monde plus formaté alors
que les « pauvres » dans leur grosse majorité ne veulent plus exercer
ces métiers et qu’ils veulent vivre confortablement… De plus ces livres ne sont
vendus qu’en Occident et pas dans les pays pauvres, ces écrivains voyageurs critiquent
volontiers le monde occidental et la société de consommation et pourtant ils
vivent grâce à ce système, en vendant des livres… et sans rien redonner bien
souvent aux pays pauvres, le fait de créer une association pour faire un puits
est bien inutile de même que de vendre du rêve en profitant de la misère, dire
la vérité serait plus honorable (mais bien moins vendeur). Chaque expérience de
voyage a donc du bon et on apprend encore, peut-être ces idées changeront plus
tard. Et finalement toutes les idées sont utiles. Il faut rappeler ici que les
expériences sont différentes selon chaque voyageur et chacun reste libre de ses
choix, heureusement.
3. « Traversée des grands
espaces des Amériques septentrionales » (20.920 km de mi-mars à
mi-juillet 2008)
Le départ a eu lieu de Dégagnac en France
jusque l'aéroport de Roissy dans l'agglomération parisienne. Puis, à Montréal
(Québec, Canada), une fois le vélo récupéré, la route de la traversée des
Amériques a pris la direction de New York et Washington ; s’ensuit une traversée
du massif montagneux du Blue Ridge et des Monts Appalaches par la jolie Blue
Ridge Parkway (sur environ 800 km) et il fallut encore quelques kilomètres pour
rejoindre le Mississipi à Memphis.
Ensuite c’est une traversée des grandes plaines
du centre des Amériques pour arriver sur des hauts plateaux désertiques à quelques
1500-2000 m d'altitude de l'Arizona et du Nouveau Mexique jusque Las Vegas où
la route redescend encore dans des vallées toujours aussi arides (dunes,
déserts de sel dans la Death Valley...). Enfin le parcours vers la côte
pacifique s'achève en arrivant à San Francisco une bien jolie ville où j'ai pu
me reposer chez de bons amis.
De San Francisco la route continua vers l'est
en direction de Yosemite puis vers le nord pour rejoindre Portland, Victoria et
Vancouver après différents passages par des sommets entre 2500 et 3000 m dans
le massif des Rocheuses, plusieurs sommets ont dû d'ailleurs être évités même
fin mai à cause de leurs enneigements !
Après Vancouver, la route recommença à se diriger
vers l'est jusque Calgary après un petit détour par les jolis parcs nationaux
inscrits à l’UNESCO de Jasper et de Banff en empruntant la route des Glaciers,
magnifique ! De Calgary, descente vers le sud pour rejoindre le PN de Yellowstone
(où il y avait plus de neige au mois de juin qu'à Montréal au mois de mars)
puis ce fut la traversée du Wyoming, du sud- Dakota, de l’Idoha, et du Wisconsin,
à grande vitesse et par de grandes distances grâce à un vent souvent favorable (de
l’ouest) et à des jours de plus en plus longs pour rejoindre plus à l'est le
Canada entre le Michigan et l'Ontario afin de se diriger vers Niagara Falls,
Toronto et Montréal.
Une fois à Montréal, grâce au vent qui a
permis d'effectuer de grandes distances dans des contrées peu habitées des USA,
il restait encore une bonne quinzaine de jours avant de reprendre l'avion à l’aéroport
de Turdeau (à Montréal, le 15 juillet). Il fut donc décidé de retourner aux USA
par le New Hampshire et le Maine puis de repasser encore une fois au Canada,
par la Nouvelle Ecosse (la Nova Scotia) et ensuite de revenir sur Montréal par
le Nouveau Brunswick et la Gaspésie du Québec.
Le 14 juillet, arrivé dans la ville de
Québec, il faudra prendre un bus jusque Montréal pour être à l'heure à
l'aéroport et prendre l'avion le 15 juillet pour Paris où je reviens à Dégagnac
en train afin de ranger des papiers administratifs et de préparer un mariage de
famille (plus tard il faudrait prévoir quelques jours de plus pour rentrer en
vélo de Paris ou d'un autre aéroport d'Europe jusque Dégagnac). Ce voyage a
vraiment été fantastique ce qui a donné une motivation (si nécessaire) et une
certitude quand à l'envie de continuer ce petit tour du monde en plusieurs
étapes.
Il y a eu deux surprises encore ici.
La première est l'étonnement en début de
parcours devant l'incompatibilité entre les distances effectuées et là où je
devrais me trouver d'après mes cartes ; en fait, après avoir acheté une
carte sur place, je me rends compte que celles de l'Atlas français sont
fausses, en effet les distances sont correctes mais pas l'échelle, c'est à dire
que les distances notées en kilomètres sont en réalité en miles! Le parcours
évalué au départ à environ 20.000 km avec l'Alaska et le NO du Canada fait donc
en réalité plutôt 30.000 km (1 mile équivaut à environ 1,6 km). Cette partie
sera donc peut-être traversée à l'occasion d'un autre voyage en 2009 sinon il
fallait prendre l'avion à Anchorage et ça ne me semblait pas très bon de cette
manière, le coût aurait été aussi plus élevé et la préparation plus aléatoire
peut-être...
La deuxième surprise fut le sens du vent: à
95% le vent vient toujours de l'ouest (parfois que de l'ouest, parfois du SO ou
encore du NO) ce qui fait que les distances furent environ, en moyenne, de 140
km pour rejoindre la côte Pacifique (par jour) alors qu'elles furent de 220 km
pour le retour vers la côte Atlantique (les jours rallongeant aussi en juin et
ils sont aussi plus longs l'été quand on se rapproche du pôle nord).
La plupart des nuits se sont déroulées dehors
(une bonne centaine), peut-être la moitié en ville (dans des centres
commerciaux ou près des mairies ou près des offices de tourisme ou d'églises ou
encore près de l'US Postal), l'autre moitié s'est passée dans la campagne (pour
une bonne partie dans les zones désertiques et arides du sud des USA et aussi
dans les forêts du canada ou du nord des USA). Toutes se sont très bien passées
et quelle beauté que de pouvoir apprécier un ciel étoilé notamment dans les
zones désertiques !
Les américains et les canadiens sont souvent
très 'avenants' ce qui m’a amené malgré ma timidité à parler souvent en anglais
et à parler à de nombreuses personnes. Sur ce parcours j'aurais été invité sept
fois (dont deux fois où j'ai refusé et on est venu me recherché et une fois dans
le Wisconsin où je ne pouvais pas car il fallait aller 80 km au sud alors que
j'allais droit vers l'est), jamais je ne demande pour être invité, c'est donc
spontanément que les gens me le proposent, plus souvent qu'en Europe où ce
n'est arrivé que deux fois (en Suisse et en Lituanie) et autant qu'en Afrique
sur le « Paris – Dakar ». Les américains ont un plus grand cœur que
nous le font paraître les médias français !
Le parcours a à peu près été celui prévu
jusque San Francisco (sauf pour Yosemite), ensuite le retour s'est fait par
Yosemite (car avant la route était encore fermée pour cause d'enneigement fin
avril en allant vers la côte ouest puis presque tous les cinq jours le parcours
variait car de nombreux sommets à 3000 m par où je voulais passer étaient
encore fermés en mai d'où aussi l'idée de ne pas aller tout de suite vers
Yellowstone situé à 2500 m mais de passer par Vancouver et Calgary avant afin
d'être sûr que les routes ne soient pas fermées à Yellowstone (ce qui même au
mois de juin ne fut pas le cas, des routes étant fermées et la neige
tombant bien plus qu'en mars à Montréal).
Ce périple fut donc vraiment bon, beaucoup de
choses imprévues après SF. Et même avant, comme la rencontre au Nouveau Mexique
de deux loups après avoir passé la nuit seul sous la pleine Lune à entendre
leurs hurlements, le lendemain je les croise à 3050 m d'altitude, la route
étant fermée à cause de l'enneigement, rencontre magique qui donnera encore
d'autres idées de balades !
Beaucoup de 'microclimats' donc dans ces
contrées, on peut être à 1500-2000 m dans le désert aride sur des hauts plateaux,
arriver au Grand Canyon et ses 1000 m de profondeur, quelques jours après
passer à 2500-3000 m pour y trouver de la forêt et de la neige sur les sommets
malgré des températures estivales à 2000 m sur les gorges du Rio Grande... Ainsi,
après l'Oklahoma, je subirais une tempête de neige puis deux jours après ma
première tempête de sable aux USA ; de même en Oregon dans la même journée je
roule sous la canicule puis passe des montagnes à environ 2500-3000 m sous la
neige et le froid et ensuite en redescendant dans la vallée de la Columbia
River il me tombe de grosses averses avec de jolies arcs en ciel ! Beaucoup de
variations climatiques donc et aussi beaucoup de plaisir.
Ce fut un bon périple de quatre mois et
sûrement que si le tour du monde avait commencé par là alors il aurait duré
plus que deux mois. Mais c'est sans regret que je retourne après ce voyage en France
dans ses belles contrées pour quelques mois afin d'y apprécier quelques bonnes
choses... avant de rouler de nouveau vers d'autres horizons avec une grosse
envie pour toutes ces choses restant à voir !
Le 16 juillet j’arrive à Paris, après 2h d’attente à Montréal, le 1er
avion affrété par Air canada ne démarrait pas ! Puis métro et train,
direction la charmante ville de Gourdon, en Bouriane (qui pourrait être plus
active si les maires des petites communes étaient plus ambitieux). Dans le
train, des voisines se plaignent de l’odeur de … mes pieds, ouap, je n’ai pas
eu le temps de les laver… Elles me disent que c’est insupportable et me demandent
si elles vont devoir supporter ça longtemps, je leur réponds qu’elles peuvent
changer de wagon, elles me disent qu’elles ont leur billet, je dis moi aussi.
Puis elle parle people…, je leur demande alors si je vais aussi devoir
supporter ça tout au long du voyage, elles me répondent qu’elles ont le droit
de parler, je leur dis que j’ai le droit de sentir des pieds (je ne sens même
pas l’odeur). La civilisation ! Et dire que des millions de gens vivent
sous le seuil de la pauvreté et des milliards survivent, ça ne peut faire que
du bien de se le rappeler.
Ce voyage a vraiment été très bon et c’est sûr qu’un changement de vie
s’opère progressivement, surtout après 3 semaines, pour y en être imprégné
vraiment (c'est-à-dire que de nombreuses règles sociétales deviennent illusoires
et fantomatiques après un certain temps à vivre « sauvagement »
autrement dit « librement », sans conditions) et après 45 jours
environ où on se rend compte combien beaucoup de personnes se compliquent leur
existence et combien la nourriture et l’eau sont les deux choses les meilleures.
De combien l’Homme dégrade son environnement alors qu’il suffirait de si peu de
choses pour arranger les choses. De combien l’Homme est sauvage au sens vrai du
terme mais de combien il peut être agréable de le côtoyer aussi, parfois.
Après avoir écrit ces quelques pages je me demande comment il est
possible que les voyageurs n’aient pas encore créé une association dont le but
serait de promouvoir et de faciliter les voyages d’autres rêveurs de pays
pauvres qui n’auront jamais les moyens de les réaliser : le salaire annuel
là-bas, en Afrique par exemple, correspondant presque au RMI et les conditions
pour voyager étant très drastiques (il faut 5000 euro en banque pour un
marocain, 8000 pour un sénégalais, une attestation de travail, de vacances, de
mariage…).
Bon voilà, ce premier petit tour en Amériques septentrionales de
presque 21.000 km s’est bien passé, les paysages étaient fantastiques : traversée
de déserts, le Grand Canyon, des dunes, montagnes, forêts, être sous la neige, la
pluie, la grêle, sentir le vent, la canicule, écouter les oiseaux, voir des serpents,
des éléphants de mer, des loups (inoubliables), ours, bisons, cerfs, de belles
villes (SF, Victoria, Québec) et de bonnes rencontres... Beaucoup de plaisir et
il en reste encore beaucoup sur cette terre des Amériques septentrionales donc
sans doute d’autres traversées si possible dans ce coin de la Terre.
C’est une des 7 terres qui s’appelait aussi au temps des premiers
découvreurs européens la Colombique (l’Amérique étant seulement l’Amérique du
sud). Cette terre s’appelle désormais l’Amérique du nord qui avec l’Amérique du
sud est considérée de nos jours comme un des 5 continents officiels. Sa
traversée reste encore aujourd’hui (en mai 2012) comme mon voyage préféré,
imprégné des grands espaces… !
4. « Traversée du Sahel, de
Dakar à Niamey-Zinder » (3.860 km de début janvier à fin février 2009)
Après un premier parcours en Afrique jusque Dakar, plutôt décevant
(même s’il y a de bons souvenirs), je décide de retourner sur ce continent
surtout dans le but d’aller voir mes cousins qui habitent à Niamey et à Zinder,
au Niger, et de voir aussi leurs familles. Un moment je pense repartir de
Dégagnac et refaire la traversée du Maroc et du Sahara mais comme je travaille
en décembre ça paraît difficile et en janvier il y a de la neige en Espagne
déjà que l’année précédente j’en ai eu mi-novembre dans ce pays, époque où il
fait assez froid d’ailleurs.
Je décide donc pour ce second parcours en Afrique de faire simple, en
tout point : d’abord ce sera le vieux vélo, de très vieux vêtements et mon
appareil photo restera dans le boîtier qui me servait pour la spéléo (autant
dire qu’il est très sale) ; ensuite la route prendra simplement le bitume,
pas de petits chemins… pour ne pas « s’embêter » ainsi, à partir de
Dakar, il n’y a presque qu’une seule route possible, celle financée par l’UE en
grande partie qui traverse le Sénégal, le Mali (en passant par Kayes, Bamako,
Sikasso), le Burkina Faso (en passant par Bobo et Ouagadougou) et enfin le Niger
(en passant par Niamey et pour finir à Zinder, l’ancienne capitale du Niger).
C’est donc cette route simple qui fut suivie sur environ 3.850 km
pendant 45 jours. Avant de partir, je sais que le vent viendra à cette époque
de l’année du nord et de l’est c'est-à-dire de face, pendant la saison sèche
« froide » même si la T° reste entre 20° la nuit et 40° l’après-midi
avec le Soleil car il y a aussi une saison sèche chaude où la T° avoisine les
50°C !! Mais je garde la motivation de revoir mes cousins au Niger et ce
sera une bonne motivation. Les distances sont donc en moyenne de seulement 120
km par jours et c’est assez dur avec toute la poussière qu’il peut avoir… Seule
une étape avec le vent dans le dos, la dernière, qui fera près de 200 km (ça
rassure).
Bref, ce voyage s’est très bien passé et, même si ce n’est pas mon but,
il y a eu bon nombre de rencontres (forcément) mais différentes de l’année
précédente, il faut vraiment voyager le plus simplement possible avec de
vielles choses (vêtements, vélo…) quand les populations ont moins d’argent…
pour être tranquille au mieux et pouvoir profiter. Pas de contrat de mariage
avec une femme blanche ni de contrat de travail demandés cette fois-ci !
Mais beaucoup de rencontres avec des personnes très aimables dont certaines ont
même voulu me donner un peu d’argent pour que j’aille retrouver la famille du
Niger, d’autres avec lesquelles j’ai partagé leur repas ou le thé…, aucune
rencontre avec des personnes agressives alors que c’est coutume chez nous dans
les grandes villes en France… Beaucoup de simplicité dans les rencontres, il
faut savoir prendre le temps de les écouter aussi.
Ces pays ont beaucoup de richesses mais elles sont souvent inexploitées
par manque de moyens et de compétences et aussi elles sont souvent
« détournées » au profit des pays « riches » et des
gouvernants en place dans les pays « pauvres » malheureusement. De
même les grosses sociétés commerciales jouent de cette différence de niveau de
vie pour faire bien sûr des profits (pas de règles internationales…), comme les
voyageurs « profiteurs de la misère » en quelque sorte (photos ou
récits « idylliques » et vente de livres… en « Occident »)
qui sont loin de le reconnaître (comme on dit, faute avouée, faute à moitié
pardonnée) au contraire puisque ce sont les occidentaux les coupables.
Le décalage entre les modes de vie occidental et africain est important
mais pour ce voyage je m’y suis complètement adapté, ça fait même bizarre de
vivre avec ce décalage au Niger en compagnie des expatriés vivants « à
l’occidentale » juste à côté du mode de vie africain dans « les
rues » et comme celui qui avait été le mien pendant ce périple.
L’adaptation a été meilleure aussi car pendant une année j’ai eu le
temps de prendre un peu de recul et pour l’avoir vécu une première fois je
savais à quoi m’attendre…
Sur ce parcours je perds 7 kg en une semaine suite à l’invitation dans
mon système digestif d’amibes, charmantes bactéries qui se trouvent dans l’eau…
(ça arrive donc en mangeant des fruits ou légumes mal lavés…) ; aux
USA-Canada, j’avais pris 5 kg en plus.
Le but des voyages n’a jamais été celui de rencontrer les
« gens » mais de voir les paysages, faune et monuments anciens ou
atypiques autrement que sur des photos mais par moi-même. D’ailleurs, comme je
le dis souvent, rare sont ceux qui peuvent se « vanter » de connaître
tous les habitants de sa ville… mais on peut dire plutôt qu’on recherche
ailleurs d’autres modes de vie, d’autres coutumes… En mars 2008, je vais à une
« conférence-film » de quelqu’un qui est parti de France jusque le
golfe de Guinée, on a suivi à peu près le même parcours. Je ne pose que
quelques questions bénignes comme le poids différent qu’on transporte, il admet
qu’il a du superflu. S’il compte aller en Amérique du nord ? Ce n’est pas
prévu car ça ne l’attire pas ce qui ne l’a pas empêché de critiquer les USA en
les comparants au régime irakien de Saddam Hussein !
A la fin, il m’interpelle et ironise sur le fait que j’ai fait 8.000 km
en moins de 4 mois entre la France et Zinder (c’est trop court pour lui et ça
semble donc être un problème pour donner un avis alors qu’il n’y a été que 6
mois), ça n’empêche que mes cousins dont un habitant depuis plus de dix ans le
Niger ont aussi un avis différent du sien et du mien et ça fait donc trois avis
différents, pourquoi pas alors ?
Durant tout son exposé il montre les habitants de l’Afrique comme des
peuples opprimés, bienveillants, vivant dans la vraie vie, il critique la
société de consommation. Je réponds que c’est grâce à la société de consommation
qu’il peut avoir le choix, qu’il a pu voyager, je critique le fait qu’il ait un
appareil photo (il se promène même avec un ordinateur parfois ce qui me
semblait inimaginable déjà), je critique le fait qu’il vend ses livres en
France et donc à des consommateurs, les mêmes qu’il critique tant, qu’il se
vante de ne jamais donner d’argent pour prendre les gens en photos, en retour
il ne leur rend rien de bon (surtout en disant que tout est merveilleux là-bas,
oubliant la faible espérance de vie, le manque de liberté à cause du manque de
choix alors qu’on est tous égaux en France). Par contre durant son exposé des
gens lui donnent de l’argent (billets de 10 ou 20€, sans contrôle, pas
d’impôts) pour avoir montré des photos qu’il a prises et dont il se vante. Il
critique l’arrogance des français et d’un autre côté combien d’africains
peuvent voyager librement en Europe… aussi facilement que les français qui vont
voyager en Afrique ? Paradoxe ! Qui a le choix de pouvoir voyager,
d’aller à l’école, de se soigner, de varier son alimentation… Je crois qu’il
faut être en accord avec sa façon et ses raisons de voyager puis le discours et
les actes que l’on tient en revenant « au pays » !
Heureusement tous les voyageurs ne sont pas des « profiteurs de la
misère », c’est ce double discours qui est dérangeant : d’un côté on
critique « l’Occident » (qui reste le rêve de bon nombre
d’africains), on profite de la gentillesse et de l’hospitalité des populations
« pauvres » (certains tapent même aux portes pour demander à dormir
ou « s’incrustent ») puis, revenu « au pays », on vend des
livres et des photos… à ceux qui ont les moyens de les acheter
c'est-à-dire aux « occidentaux ».
Avant de connaître ce phénomène je pensais m’entendre avec les
voyageurs que je rencontrerais mais c’était une illusion, certains sont
« radins » en fait et il y a comme une sorte de
« concurrence » pour certains de voir un autre voyageur :
« ah non moi j’ai été plus longtemps sur tel continent, je sais, toi non »,
sorte de compétition bien typique de la société occidentale alors que je
pensais apprendre d’eux sagesse et partage d’expériences, heureusement tous ne
sont pas comme ça, en général ce sont ceux qui ne renient pas leurs origines.
Pour ma part, ça a toujours été spontanément que les gens m’ont invité et
jamais je ne prends des photos de personnes « à profusion » dans
l’idée d’en tirer des bénéfices provenant de gens dont on critique le mode de
vie… Ca s’apparente à un manque de respect. Par exemple ce cyclo rencontré il y
a un an au Maroc qui avait déjà voyagé 150.000 km dans le monde, je pensais
avoir affaire à un sage. Lorsque je lui demandais si sa famille lui manquait,
il me disait que tout le monde était sa famille mais ça le dérangeait que je
reste avec lui car c’est plus difficile pour que quelqu’un accepte d’héberger
deux personnes, de même lorsque je lui disais que c’était triste tous ces
enfants qui demandaient de l’argent, il me répondait « you fuck
them », finalement il me quitta sans dire mot pour aller se trouver un
hébergement en allant taper aux portes ! Je continuais mon chemin alors à
mon habitude pour aller dormir n’importe où… quand il fera nuit.
Ce voyage a finalement était meilleur que le premier en Afrique entre
Dégagnac et Dakar, un an auparavant. Question d’habitudes ? Et je savais à
quoi m’attendre. L’Afrique a sans conteste le mérite d’avoir fait bousculer en
moi certaines choses, certaines visions. Et c’est pendant ces deux petits
voyages en 2007 et 2009 que je me suis posé le plus de questions notamment sur les
Hommes et leur développement. Beaucoup de « pauvreté » et ce n’est
pas facile d’accepter de pouvoir vivre dans un Etat « riche » et
d’avoir le choix alors que d’autres ne l’ont pas. Pas facile d’accepter que nos
gouvernants ne font rien pour changer les choses mais que c’est grâce à la
société de consommation que j’ai pu faire ces voyages, grâce aux études dans
des écoles qui m’ont permis d’avoir un travail que j’aime et de réaliser aussi
des voyages. Mais dans quel but ?
On se sent bien égoïste parfois en roulant dans ces contrées où les
gens n’ont ni vacances, ni retraites, ni sécurité sociale, une faible espérance
de vie. Sont-ils plus malheureux, je ne le crois pas mais les craintes sont
différentes de celles des habitants des Etats occidentaux, leurs problèmes sont
d’abord de trouver de la nourriture, du travail… alors que chez nous on
recherche des biens de consommation en priorité (maison, voiture…). Cependant,
que ce soit ici ou là-bas, les Hommes recherchent bien souvent à satisfaire un
grand nombre de besoins, à en avoir toujours plus, malheureusement, ce qui
semble être une « pulsion », un instinct universel et propre à
l’Homme ?
Il faudrait vraiment des règles internationales, un pouvoir
international capable d’exercer des contraintes sur des
« Etats-régions », afin de pouvoir régler durablement les différences
entre Etats « riches » et « pauvres » (si on a de
l’électricité en France c’est beaucoup grâce à l’uranium du Niger et du Mali),
il faudrait une meilleure répartition des richesses et un mode de développement
humain durable pour sauvegarder cette planète et ses richesses naturelles et
culturelles. Pourra-t-on un jour voir l’avènement d’une « conscience
universelle » pour tendre dans ce sens du respect de la Vie ou devra-t-on toujours
subir l’ « instinct universel » de l’Homme d’en avoir toujours
plus au détriment des autres, volonté de puissance et de domination,
illusoire ? Oui, sans doute faudra-t-il attendre le prochain stade de
l’évolution humaine s’il y en a une ou laisser notre place pour que jaillisse
peut-être une autre espèce capable d’accomplir ceci ou laisser la Terre en paix
alors que nous n’arrêtons pas de la violer.
En tout cas je regrette de ne pas avoir eu plus de temps libre pour
avoir continuer le parcours en Afrique cette fois-ci. Peut-être sera-t-il
possible de poursuivre autour de 2017 en Afrique orientale et australe ? A
voir…
5. « Cap Nord Europe »
(18.340 km de mi-avril à début août 2009)
Après le retour de la petite rando en vélo entre Dakar et
Zinder-Niamey, je rentre en France pour reprendre le travail en kiné pour une
semaine, puis deux autres semaines en avril. C’est donc après ces remplacements
que je prends le large à nouveau vers mi-avril 2009 pour un peu moins de quatre
mois. En route vers l’Europe du Nord !
Le départ était initialement prévu en direction des Pyrénées, des
gorges du Tarn, de l’Ardèche, du Verdon et des Alpes pour rencontrer moins de
touristes l’été pendant leurs grandes vacances annuelles (drôle de
transhumance). Malheureusement la semaine précédente au départ le temps a été
chaotique sur le massif des Pyrénées, beaucoup de cols sont fermés et il y a
beaucoup de neige un peu partout. Je me résous donc à devoir faire le parcours
« à l’envers ».
Le chemin pris donc la direction de l’Auvergne par les jolies gorges du
Lot et de la Truyère vers Saint Flour, le Gévaudan, le Velay en passant au Puy,
le Beaujolais encore, l’abbaye de Cluny, le site antique d’Alésia, la Bourgogne
(Dijon, Auxerre), la Champagne (Troyes, Reims), le Chemin des Dames puis l’Ile
de France (Paris bien sûr), Chartres, Le Mans, Saumur, Angers, la Bretagne
(Vitré, Fougères, Saint Malo) et enfin la Normandie (Avranches, Cherbourg)
avant de prendre le ferry pour rejoindre l’Angleterre à Portsmouth en
traversant La Manche.
En Grande Bretagne et en Irlande, le petit tour en vélo passa alors par
Winchester, Salisbury, le site de Stonehenge puis le Pays de Galles (Cardiff,
les Cambrian Mountains), avant de reprendre un ferry pour traverser la mer
d’Irlande à Holyhead et rejoindre alors Dublin. Ensuite la route traversa le
centre de l’île d’Irlande, zone de marécages, jusque Galway et le Connemara
jusque Clifden. Le retour vers l’est de l’île se fît vers Londonderry, la
Giant’sCauseway avant de retourner à Belfast et reprendre encore le ferry pour
traverser à nouveau la mer d’Irlande par le « canal » du Nord, pour
rejoindre l’Ecosse à Stranraer. En Ecosse, la route passa le long de nombreux
lochs et par des paysages très jolis comme dans les Grampian Mountains, où il y
a aussi de nombreux petits châteaux du Moyen-âge, jusque Inverness pour alors
redescendre vers le sud en passant par Edimbourg, l’ancien rempart romain connu
sous le nom de mur de Hadrien, Durham, York, Lincoln, Cambridge, Londres (que
je traverse de nuit) et Douvres d’où je reprends encore le ferry pour traverser
La Manche et rejoindre Calais et ma région natale pour quelques jours
seulement.
De Calais je traverse les Flandres et l’Artois en passant par Lens,
Gent, Antwerpen puis les Pays-Bas et l’Allemagne (Breda, Kiel). De Kiel, par un
ferry, on rejoint la Norvège et Oslo où le voyage se poursuit en avion pour
l’Iceland (terre de glace d’Islande), île magnifique ! L’atterrissage se
fait près de Reykjavik et s’entame alors un petit tour de l’île des volcans et
des glaciers d’Europe en grande partie par la Nationale 1, environ 1500 km de
pur plaisir sur ces terres presque vierges et de beaux paysages… Le retour se
fit sur le « continent » européen encore par avion, de Reykjavik à
Oslo, en Norvège pour ensuite entamer la petite remonter vers le « Cap
Nord de l’Europe », il était prévu de passer par la route des fjords mais
en fait il y a de nombreux tunnels (une vingtaine) interdits en vélo et donc je
me résigne à passer en Suède même s’il faudra reprendre 750 km environ de route
identique lors du retour (dommage).
La route pour la remontée passa par Roros, Ostersund, Lycksele, Alta
jusque Hammerfest qui fut « mon » Cap Nord au bord de l’océan
Arctique. La descente se fit encore par la Laponie jusque Trellborg pour
traverser ensuite la mer Baltique par ferry et rejoindre Rostock en Allemagne.
Le parcours en Allemagne a été très bon comme d’habitude dans ce pays
où les gens sont souvent sympathiques et aiment bien les français. Elle passa
par le Mecklenburg-Vorpommern, le Brandenburg (Berlin, Potsdam), la Saxe
(Leipzig, Dresden), la Thuringe, la Bavière (et ses jolies villes de Bamberg,
Ansback, Dinkelsbühl), le Baden-Württemberg et la Forêt Noire (avec encore de
jolies villes comme Aalen, Freiburg, Baden-Baden).
Le retour se fit donc en France en passant le Rhin par le passage à
Strasbourg avant de rouler sur la route des crêtes des Vosges en Alsace puis la
Franche-Comté et le massif du Jura (Belfort, Montbéliard, Pontarlier). Puis la
Savoie (Annecy, Albertville, Bourg Saint Maurice et le joli PN de la Vanoise),
le Dauphiné (Briançon, Guillestre et le joli PN des Ecrins), la Provence (PN du
Mercantour) et le massif des Alpes notamment en passant par la route des
grandes Alpes et quelques jolis cols (cols du Galibier, de l’Iseran, de
l’Izoard, de Vars, de la Cayolle, magnifiques). Ensuite la route se poursuivit
en Provence par le passage autour des gorges du Verdon, le sommet du Mont
Ventoux jusque Pont Saint Esprit où je passe au Languedoc en traversant le
Rhône.
La suite se fit de manière tout aussi belle par les gorges de l’Ardèche
puis le PN des Cévennes et le Mont Lozère, les gorges du Tarn, de la Jonte, de
la Dourbie et le Mont Aigoual, Albi (et sa magnifique cathédrale), Toulouse, le
pays Cathare et la visite de certains de ses châteaux (Peyrepertuse, Quéribus,
Montségur) jusque Foix. Puis une petite traversée des Pyrénées par la route des
cols (cols de Menté, de Peyressourde, d’Aspin, du Tourmalet, du Soulor,
d’Aubisque…) avant de finir ce petit trip par la traversée du Pays basque et la
forêt des landes (où plutôt ce qu’il en restait suite à la tempête qui a eu
lieu au début de l’année 2009).
Ce second petit tour en Europe a été très bon encore comme en
juillet-septembre 2007. Il y a beaucoup de plaisir architectural, c’est très
varié et donc il y eu beaucoup de stimulations de ce côté-là. Comme dans le
parcours aux USA-Canada il y avait encore de très beaux paysages variés avec
des glaciers en Iceland et dans les Alpes, des forêts en Scandinavie, les
montagnes des Alpes et des Pyrénées… L’Islande a vraiment été une très belle
contrée à traverser, on y trouve tous les éléments : terre (déserts de
laves), eau (pluie, glaciers très nombreux, rivières torrentueuses), le feu
(avec les geysers et les volcans), l’air (le vent bien sûr, l’humidité des
nuages stagnant sur les hauts sommets et les cols).
Pour ce qui est de la faune et la flore ce fut très varié aussi surtout
pour les oiseaux, beaucoup de rennes en Laponie, aussi des cerfs (quelle magie
de se faire réveillé au milieu de la nuit par l’un d’eux entrain de bramer).
Quant aux rencontres avec les Hommes il y a eu de tout, beaucoup aiment bien
parler, peu de fois on est invité quand même ce qui est différent dans les
contrées à grands espaces et à faible densité.
Les Hommes bougent assez dans les frontières européennes mais trop
souvent ils semblent tout de même enfermés dans leurs limites territoriales
étatiques, il faudrait beaucoup plus d’échanges entre les européens, certes
ceux-ci se développent (études, tourisme) mais ça reste très difficile pour le
travail à cause de la barrière de la langue (il y en a trop dans l’union
européenne) et il faudrait admettre l’anglais comme langue commune, c’est un
fait, cela permettrait aux gens de communiquer et de développer cette conscience
européenne indispensable pour construire un futur et des projets ambitieux. Il
faudrait changer les mentalités, l’Europe a de grandes qualités qui ne sont pas
assez mises en avant, notamment sa diversité, énorme. Ce serait bien que les
russes et les turques soient aussi mieux « intégrés ». Nous sommes
tout de même près de 500 millions de citoyens européens.
Pour ce qui est du climat ce fut vraiment bizarre. Lors du petit tour
de deux mois en été 2007 le climat et le temps en Europe étaient normaux :
température ambiante, un peu de pluie, pas de chaleur particulière. Par contre,
lors de ce tour au Cap Nord, ce fut tout autre : beaucoup de journées de
pluie consécutives, trois semaines sans aucune gouttes d’eau en Scandinavie et
en zone Arctique avec plus de 20°C alors qu’en mai et en juillet en Europe
« continentale » la température fut en-dessous de ces 20°C sauf fin
juillet et début août où la température atteint aisément les 40°C presque (à
l’ombre) avec des orages violents accompagnant ses lourdes journées. Le climat
devient fou et il suffit de voyager pour s’en rendre compte, oui, mais autant
faut-il voyager en dehors de moyens motorisés et climatisés.
Au final, est-ce si dur pour l’Europe d’élever le niveau et de faire
rêver ? Quand les Etats vont-ils réellement s’unir pour donner une vision
européenne tant attendue et nécessaire à sa crédibilité ? Quand l’Europe
et ses peuples formeront-ils une Fédération avec un gouvernement et un
Parlement fort ? Quand ses Etats réunis décideront-ils d’avoir une
politique franche et efficace en matière d’aide au développement notamment au
niveau sanitaire en Afrique voir aussi en Amérique du sud ? Quand l’UE
aura-t-elle une politique forte en commun avec les USA pour le règlement
définitif des conflits opposant juifs et musulmans en Palestine ?
Quand les Hommes auront-ils conscience que leur mode de développement a
été en partie faussé depuis la fin de la WWII notamment. Pourquoi ne pas
associer un monde « rustique » et un monde de hautes
technologies ? Bien sûr il faut revenir à une agriculture biologique
naturelle et proche des habitants locaux en réinventant les marchés,
réintroduire ours et lynx dans les Pyrénées tout en empêchant les Hommes de
s’étendre par des maisons secondaires et des pavillons dans les campagnes ou en
bord de mer alors qu’ils travaillent en villes (quel paradoxe). Bien sûr qu’il
faut éliminer la voiture de la consommation, cet objet, jouet favoris des
Hommes, a montré son inutilité en 60 ans d’existence et son extrême dangerosité
en causant le changement climatique, ça suffit. Bien sûr qu’il faut changer le
droit du travail, améliorer les salaires et empêcher aux actionnaires de s’en
mettre plein les poches au détriment des fonds de pensions des « futurs
retraités » et en causant des délocalisations inadmissibles ; biens
sûr qu’il faut interdire de partir une semaine ou quinze jours à l’autre bout
du monde mais qu’il faut pouvoir partir plus de trois mois, si on le souhaite,
à l’étranger ou profiter de trois mois de congés pour construire sa maison,
profiter de ses enfants…
Peut-être faut-il tout simplement revenir à un monde, si tenté qu’il
ait existé un jour, plus authentique, avec des valeurs et une éthique (y
compris dans la génétique…).
6. « Traversée des grands
espaces des Terres australes du Milieu » (14.400 km de fin août à
mi-décembre 2009)
Le départ de ce parcours a encore eu lieu de Dégagnac après le petit
voyage au « cap nord » en Europe et trois petites semaines de repos
en travaillant dans le Quercy. La route pour rejoindre Paris et l’aéroport de
Roissy/CDG passa par les monts du Cantal puis le massif Central et l’Auvergne
(Puy de Sancy, Mont Dore) et enfin le Nivernais (Nevers), la Bourgogne (Dijon)
et l’île de France.
L’arrivée à Sydney a eu lieu après un voyage assez long en avion (avant
c’était en bateau et à voile, toute une aventure sans doute), il faudra encore
rester quatre jours dans cette ville avant de pouvoir récupérer enfin le vélo
resté à Londres… Enfin. Début septembre le départ peut avoir lieu vers le NO et
le centre de l’île-continent australienne.
La première idée était de faire le tour de l’Australie mais finalement,
en attente à Sydney, voyant que les jours étaient courts (ce n’était que le
début de l’été) et en ayant le temps de mieux observer les cartes, je me rends
compte que ce n’est pas possible, il aurait fallu faire 220km par jour. De plus
on ne peut rester légalement plus de trois mois en Australie, le tour peut donc
se faire mais en quatre ou cinq mois en payant (et c’est assez cher) une
« rallonge » pour augmenter la durée du visa ou en faisant un
« break » en New Zealand ou ailleurs dans le Pacifique ou en Asie.
L’idée fut donc de « couper » par la Stuart Highway, la seule route
goudronnée qui traverse l’Australie au centre dans le sens nord-sud.
La route prend d’abord la direction de Brisbane et Cairns avant de
décider de « couper » encore afin d’éviter la côte pensant qu’il y
aurait trop de circulation ; je préfère donc passer dans le Bush un peu
plus à l’intérieur des terres et un peu dans la Great Dividing Range (massif
montagneux qui longe et borde la côte orientale de l’Australie) jusque Roma.
La chaleur est alors déjà bien présente avant d’entamer une petite
traversée de l’Outback australien, territoire peu peuplé, seulement par les
aborigènes (dont beaucoup ont été massacrés). Il n’y a eu qu’un seul jour de
pluie, le 1er jour, à Sydney, sur les 70 jours passés en Australie,
et des températures bien souvent entre 35 et 45°C au Soleil, heureusement ce
n’était que le début de l’été !
Après Roma la route prendra la direction de Cloncurry et Mount Isa sur
la Matilda Way pour rejoindre ensuite la Stuart Hwy à 900 km au sud de Darwin
(capitale du territoire du nord) au bord de la mer de Timor. La descente de la
Stuart Hwy fut assez longue et difficile avec la forte chaleur et le transport
quotidien de 7 à 9 kg de boissons, c’est une route particulière et pas très
intéressante, les paysages sont souvent monotones (c’est toujours la savane) et
il n’y a que des touristes, on se retrouve donc entre européens, la route
passant en dehors des villages et des réserves aborigènes ! Cette partie
du voyage fut longue et ennuyeuse et ce fut un grand regret d’avoir choisi ce
parcours là.
Après avoir fait un petit détour pour voir le « caillou »,
Uluru-Ayers Rock, colline sacrée des aborigènes (parmi d’autres) qui leur
procure depuis des millénaires de l’eau et donc aussi de la nourriture dans ces
terres semi-arides, la route arrive de nouveau dans le Bush à Port Augusta et
assez rapidement ensuite à Adélaïde dans l’Australie méridionale près de
l’océan indien. Ensuite la route rejoindra Melbourne en passant par la jolie
région des Grampians mountains (malheureusement trop courte).
Après Melbourne, le parcours fut plus intéressant par la traversée des
Alpes australiennes dont le sommet le plus haut, le mont Kosciuszko, ne dépasse
tout de même pas les 2300 m ce qui laisse présager à cause de la
désertification de plus en plus importante en Australie de graves problèmes de
pénurie d’eau. Cette partie du parcours a été l’occasion de faire plusieurs
grimpettes jusqu’à différentes petites stations de ski (presque totalement
désertes en été) de l’Australie. Enfin le parcours en Australie se termina par
un passage dans les Blue Mountains et le retour à Sydney pour reprendre l’avion
et rejoindre Auckland et la Nouvelle Zélande après environ 10.000 km en vélo en
Australie.
D’Auckland, la traversée de l’île du nord (île fumante), chez les
kiwis, passa par l’ouest et les volcans au centre de l’île, dans le PN de Tongariro,
parfois par de petites routes avec de jolis paysages et d’autres fois par des
routes avec plus de circulation mais assez souvent on trouve, comme en
Australie, peu de forêts (les européens ont beaucoup coupés et il y a beaucoup
d’élevages de moutons dorénavant). Mais je retrouve là des températures « normales » entre
10 et 25°C, ça fait du bien ! On respire.
Une fois arrivé à Wellington après la traversée du détroit de Cook, on
arrive à Picton dans l’île du sud (île de Jade) où la route descend jusque
Queenstown et les PN du Mt Aspiring et Fiordland où je prends sur seulement 35
km un très joli track (le routeburn track, classé 10ème plus beau
track au monde par la National Geographic) qui traverse de la forêt primaire
entre autre. Malheureusement je verrais peu de glaciers en longeant la côte
ouest à cause du mauvais temps, une prochaine fois peut-être ?
Ensuite la remontée pour rejoindre Picton et Wellington se fit en
empruntant de jolies routes et de nombreux Pass dans les Alpes du sud. De
retour dans l’île du nord, la route remonta vers le nord par l’est puis de
nouveau les geysers au centre de l’ile près du lake Taupo et encore Auckland
pour retourner à Paris après des escales de quelques heures à Sydney et
Londres. De Paris, comme c’est l’hiver dans l’hémisphère nord (avec beaucoup de
neiges) et pour le travail, il a fallu prendre le train pour rejoindre Gourdon
(avec 10h de retard) et terminer alors ce petit voyage en espérant retourner
plus tard dans ces terres australes du milieu pour faire des trails et tracks
et aussi la Tasmanie. Peut-être ?
Il n’y a pas eu beaucoup de rencontres pendant ce voyage.
Pourquoi ? C’est difficile à dire mais il y en a eu quand même quelques
unes notamment : un jeune couple anglo-australien qui a déjà fait de nombreux
tracks au Canada, en Patagonie, en Europe dans les Alpes et aussi un tour de 7
mois en Australie, vivant avec les working visas à Queenstown pour 9 mois, une
belle manière de vivre et voir la vie (mais chacun ses passions). Aussi un
allemand de 26 ans rencontré avant Ayers Rock et travaillant pour un tour
opérateur qui a aussi fait quelques trips en vélo.
Pour les animaux et les fleurs, malheureusement là aussi pas
grand-chose, surtout dans l’Outback. Une trentaine de kangourous vivants mais
environ 3000 croisés morts écrasés par les véhicules et je n’ai pas eu la
chance de voir des koalas. Beaucoup de faucons, quelques aigles, un petit
scorpion, deux araignées et trois serpents dont deux écrasés… et quelques kiwis
en New Zealand pas très craintifs et surtout visibles quand il pleut car ils
mangent des vers de terres…
C’était surtout intéressant pour observer les oiseaux, très jolis, mais
aussi assez souvent très fuyants, il y en a de très beaux avec de belles
couleurs (jaune, rouge, vert, bleu…). Mais un type d’oiseau est
particulièrement dangereux pour les cyclistes, les magpies ! Ils
ressemblant à des corbeaux mais ils sont noir et blanc, ces oiseaux ont la
manie de taper sur les têtes ! J’en ai fait la drôle expérience ne le sachant
pas dans les premiers jours lorsque l’un d’eux me shoote sur la tête alors que
je descends à 50km/h sans casque (comme je n’en mets pas d’habitude).
Par la suite, le port du casque a donc été souvent obligatoire pour
cette raison ce qui ne fut pas facile sous la chaleur en pédalant environ sept
heures tous les jours et ce qui a valu quelques ennuis au cœur, sorte de crampe
due au muscle obligeant à s’arrêter et s’accompagnant de la perte du
« second souffle » (impossible d’inspirer à fond ou de bailler sans déclencher
une crampe). Ce problème disparu dans les Alpes australiennes et en New Zealand
grâce à une météo plus « humaine », je n’ai pas encore la
climatisation et avec le casque c’est difficile d’aérer la tête.
De plus le casque est obligatoire par la loi dans certains Etats
fédérés australiens. A 10km/h dans une montée pendant 20km c’est stupide,
peut-être un jour les coureurs à pieds auront un casque aussi mais les
politiciens, surtout en « Occident », ne savent plus faire des lois
intelligentes, ils ne font pas non plus entre sept et dix heures de vélo tous
les jours avec 10-15 kg à porter…
Ce parcours dans les terres australes du milieu a été bien difficile
donc à cause de la chaleur, de la monotonie notamment de l’Outback. On peut
constater aisément les problèmes de déforestation (en NZ c’est flagrant) et de
désertification (en Australie surtout avec de nombreux problèmes de ressources
en eau et encore plus à venir dans le futur).
Les parties les plus intéressantes étaient dans les Alpes australiennes
notamment entre Melbourne et Canberra et les Alpes du sud de l’île de Jade en
New Zealand avec la forêt primaire très réduite malheureusement. Si c’était à
refaire ce serait pour faire le bicentennial national trail (en Australie, sur
plus de 5.000 km entre Cairns et Melbourne dans la Great Dividing Range) aussi
la traversée de la Tasmanie, et pour faire encore le teararoa trail (qui
traverse la NZ du nord au sud, sur environ 3.000 km). Peut-être une bonne idée
pour plus tard, en ski, à VTT et/ou à pieds.
1ère partie : Les raisons
du voyage :
Quelles peuvent être les raisons qui poussent à partir
plusieurs mois à l’étranger ? D’où peut venir cette envie et quelles en
sont les motivations profondes ? Répondre à ces questions amène à faire
une sorte d’analyse de soi et à rechercher un certain mode de vie, un peu
nomade, une autre sorte de philosophie de vie peut-être ?
Section 1 : L’envie de voyager :
Cette
envie tient à la fois à porter un regard sur soi donc et aussi sur le monde qui
nous entoure. L’envie de voyager à donc des origines qui peuvent être assez
profondes et être due aussi à des facteurs de motivations extérieurs comme le
plaisir de voir des architectures différentes.
1. Des voyages
« initiatiques » :
Les
voyages permettent donc de se poser des questions sur soi-même, sur ses envies,
ses rêves, ses idéaux. Ensuite il faut, tant que cela est possible, les
réaliser dans la vie réelle.
1.1.
Introspection – Rétrospection :
Est-ce vraiment utile de s’attarder à savoir pourquoi on cherche à
écrire un livre ? Et est-ce utile ? Dans une société dite moderne où
toutes les informations sont virtuelles, rapides et innombrables. De plus,
faire un livre ne relève-t-il pas d’un simple ego ? N’est-ce pas trop
prétentieux ?
Ces voyages méritent-ils l’écriture d’un livre ? Sans doute non.
Alors pourquoi prendre beaucoup de temps pour en faire un ? N’y a-t-il
rien d’autres de plus intéressant une fois rentré de voyages par exemple la
sculpture, le dessin, la musique, la peinture, le travail du verre ou encore
d’autres activités « sportives » comme la natation, l’escalade, la
spéléologie et tant d’autres choses dont les moindres la lecture, apprendre
d’autres langues…
Faire un livre c’est tout d’abord y consacrer beaucoup de temps. C’est aussi
une sorte d’aboutissement, le point final d’une première étape dans les voyages
qui ne cesseront, je l’espère, sauf maladie ou autres événement impératif…
C’est donc tout d’abord dans un but purement égoïste que je fais ce livre,
c’est comme un recueil de souvenirs résumés et compactés que je pourrais
regarder dans 50 ans peut-être. Enfin, peut-être cela pourrait aussi intéresser
quelqu’un une fois que je serais mort ? J’aurais bien voulu qu’un de mes
arrière grand-père, cuisinier à Paris et pendant un temps avant la « grande
guerre » en Argentine, eu laissé comme trace un livre de recettes ou de
ses petits voyages. Ou encore un grand oncle enseignant qui a voyagé en
Palestine et à Jérusalem ou cet autre arrière grand-père qui a fait la
« grande guerre » et toutes ses batailles principales en France (la
Marne, la Somme, Verdun, le Chemin des Dames), qu’a-t-il fait de si héroïque
pour avoir toutes ses médailles et cette légion d’honneur ? Ses actes
auraient-ils encore un sens aujourd’hui ? La mentalité de l’époque n’était-elle
pas complètement différente de celle de la société d’aujourd’hui ? Bref,
j’aurais bien voulu connaître un peu de ces lointains ancêtres. Comme aussi
récupérer la correspondance amoureuse entre une grande tante vivant dans le
nord et un grand oncle gendarme et vivant dans le sud-ouest de la France
pendant l’occupation allemande, lettres d’amour qui ont été écrites pendant
quatre longues années avant de pouvoir se marier ! Etonnant souvenir que
dans ces lettres, à cette époque, ces amoureux se vouvoyer. Est-ce que beaucoup
de personnes seraient encore capables de ça aujourd’hui ?
C’est donc une grande part d’incertitudes. Mais une fois ce livre fini
ce sera sans doute une satisfaction de pouvoir toucher avec les mains ses pages
et les tourner comme on tourne des pages en apercevant un horizon après chaque
col ou colline grimpée ou après la traversée de villes, campagnes… L’impression
d’avancer vers quelque chose de concret et de ne pas seulement mettre sur
internet des photos ou des textes intouchables dès qu’on éteint l’ordinateur. Cela
prend aussi trop de temps et est-ce vraiment utile ? Est-ce que je le
referais pour les autres voyages ou est-ce que je préférerais plutôt faire une
des activités décrites ci-dessus ? Une chose est sûr on ne s’ennui pas.
Mais oui sans doute la prochaine fois je ne ferais qu’un livre puis d’autres
choses moins virtuelles et qui ne nécessitent pas d’ordinateur ou bien il
faudra consacrer exclusivement trois mois à cette tâche au retour pour en être
ensuite absolument « débarrasser », on verra…
Ce livre a aussi un but évident d’espérer « auto-financer »
les voyages étant donné que je n’ai pas le temps de rechercher des sponsors ou
autres partenaires, non pas que je ne le veux pas mais de par mon caractère
plutôt réservé a priori, j’ai du mal à franchir le pas de sociétés commerciales
ou de demander quoi que ce soit, ce qui se ressent aussi à l’étranger puisque
je ne demande jamais pour être invité ou hébergé et que je ne recherche pas les
rencontres, d’abord et à tout prix je recherche à me débrouiller seul. Mais
bon, j’essaye de plus en plus de profiter et de faire des rencontres un peu
plus poussées même si malheureusement et c’est autre chose qui me frêne cela
reste « superficielle » car sans doute on ne se reverra plus même
s’il peut y avoir des « coups de foudre » et de très bons
souvenirs ! L’édition d’un livre pourrait donc permettre en finançant les
voyages de montrer que je suis sorti de l’adolescence, car bien souvent on me
reproche de vivre en dehors de la réalité dans le rêve et que parfois il
faudrait se réveiller, travailler tout le temps, ne prendre que deux semaines
de vacances, cotiser pour la retraite chaque trimestre, se marier et avoir des
enfants... Oui mais bon en entendant ça on peut craindre de se réveiller à 60
ans divorcé ou avoir une maladie grave ou être au chômage… Bref la réalité ne
me fait pas rêver alors autant vivre ses rêves et « en
profiter » ?
Ne pas avoir de sponsors… permet aussi de conserver une indépendance, il
n’y a pas de compte à rendre à quiconque ni d’endroits à aller voir pour
prendre des photos pour tel ou tel partenaire ou d’exposé à faire à tel ou tel
en rentrant en France… Il y a moins de « pression » sans doute et
plus de liberté d’action en voyage en restant libre de ses mouvements, de
téléphoner ou écrire à quiconque et aux dates où ça peut se faire…
Ecrire un livre c’est aussi un moyen pour exprimer des idées notamment
« politiques ». Les voyages sont une très bonne occasion d’observer,
d’ « analyser » et de tirer des conclusions sur le comportement
humain et la vie en société avec ses conséquences sur son environnement, la
nature… De se poser des questions comme savoir si l’humanité tend à aller vers
un cosmopolitisme ou à rester dans une cohabitation voir une confrontation
d’antagonismes quels qu’ils soient (culturels, religieux, politiques…) ?
Est-ce que l’on peut considérer qu’il y a des attitudes et/ou des normes
« universelles » ? Peut-on espérer voir des domaines de
compétences relatifs à la santé, l’environnement, la recherche… être transférés
au niveau d’une instance internationale ? Avoir une défense commune, une
armée internationale, une recherche spatiale commune, un programme
d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement commun et convergent…
tout en tenant compte des spécificités régionales et des diversités culturelles
bien sûr. Ou est-ce que les intérêts individuels des gouvernants et des Etats
sont plus forts que ceux des peuples et des espèces animales ou
végétales ? L’Homme est-il capable de se surpasser, de dépasser ses
instincts ?
Ca fait déjà bien longtemps que j’ai imaginé qu’un jour il pourrait
avoir une « Constitution internationale » déjà à l’âge de 16 ans.
Peut-être devrait-on interdire aux adultes de voter (ils sont trop conscients
de leurs intérêts propres et subjectifs) et de n’autoriser que le vote des
enfants et adolescents pour que leurs rêves deviennent réalités et non pas
qu’ils soient jugés uniquement par les adultes conditionnés socialement ?
Enfin. Les voyages sont à mon avis une très bonne occasion de réfléchir
à ces questions. Sans doute tout cela a déjà été fait et chacun peut avoir un
avis différent comme chaque voyageur a sa propre impression sur un pays qu’il
va traverser, chacun a sa façon de voir les choses bien sûr mais j’ai du mal à
comprendre pourquoi certains n’admettent pas le réchauffement climatique. Sans
doute ces gens ne sont pas assez sortis de leurs bureaux pour voir ce qui se
passe sur le terrain, les terrains ! C’est sûr, circuler en voiture climatisée,
avoir des locaux climatisés empêchent un jugement objectif pourtant l’évidence
est là, pas besoin de climatisation s’il n’y a pas de réchauffement climatique
! Ensuite, dire que le progrès peut tout arranger… C’est pourtant une évidence
de constater que la qualité de l’eau s’est notablement dégradée depuis 60 ans
et l’utilisation intempestive de pesticides… Peut-être vit-on dans une société
malade d’elle-même, sur-consommatrice de médicaments et de toute sorte de
produits alimentaires plastifiés, trop sédentarisée… Il faut un peu voyager et
sortir des bureaux et villes pour constater que les ressources naturelles sont
surexploitées entraînant tout type de pollution. Il n’est pas nécessaire
d’avoir fait l’ENA pour comprendre que ça pose un problème psychologique aux
populations des Etats dits occidentaux de penser que la voiture et la télé ne
sont pas des jouets essentiels à l’existence humaine pourtant ça ne leur vient
que trop rarement à l’esprit ! Comment faisaient-ils il y a 70 ans ?
Etaient-ils plus malheureux et y avait-il plus de suicides des jeunes ?
Plus de délinquance ? Peut-être certains progrès ne sont pas essentiels
tout simplement et que la société de consommation n’est pas le bon modèle.
Le réchauffement climatique n’est pas si important en fait, d’autres
espèces prendront la place, l’Homme n’a pas toujours été là et la Terre peut
s’en passer. L’important c’est de savoir ce que l’on fait de la Terre, de
savoir ce que les Hommes font de leur environnement, de savoir où ils vont,
pourquoi et d’où ils viennent. Ce sont des questions primaires auxquelles ils
n’ont plus le temps de réfléchir, trop préoccupés de leurs soucis illusoires
qui s’autoalimentent, il leur en faut toujours plus mais où est
l’essentiel ?
Oui, je suis d’un naturel pessimiste depuis que la société des adultes
et eux-mêmes m’ont déçu et ça continu. Mais c’est un pessimisme pour donner une bonne raison de se
motiver et de savoir qu’un jour l’évidence fera que les Hommes apprendront de
nouveau à croire que les rêves peuvent se réaliser : aller sur Mars…,
créer une organisation internationale au-dessus des intérêts étatiques, créer
des liens d’amitié entre les Hommes eux-mêmes et avec les espèces
environnantes… Est-ce trop difficile ?
Pourquoi des humains ricanent quand on pense que c’est possible de
vivre dans une société sans voitures ? Les Hommes l’ont fait pendant des
millénaires ce qui n’a pas empêché les relations commerciales :
civilisations romaine, perse, inca… Les Hommes ont-ils oublié ce qu’est le
courage ? Pourquoi penser que c’est impossible de se passer de
plastique ? On l’a fait là encore pendant des millénaires avec des villes
de pierres et non de bétons. Pourquoi avoir le fou rire quand on pense qu’il
serait temps d’aller sur Mars ? L’Homme n’a cessé de voyager et n’a pas
toujours été uniquement installé confortablement devant son téléviseur sur un
canapé.
Parfois on me demande pourquoi je voyage, je réponds souvent que je
n’en sais rien, c’est juste parce que j’aime ça, voyager, aller dans des
territoires encore jamais vus de mes propres yeux. Parfois on m’a dit que
c’était égoïste, peut-être est-ce vrai en partie mais n’est-ce pas aussi
égoïste de se marier, avoir une maison et la vie « tranquille » et
puis après un voyage ceux qui le désirent peuvent partager photos et histoires…
Pourquoi partir ? Sans doute n’y a-t-il pas de réponse. J’aimais
la géographie et l’histoire, c’est tout. Comme certains aiment la musique, la
peinture, le dessin, la menuiserie… Ca a toujours été comme ça, surtout depuis
l’âge de 11-12 ans, dessiner des cartes, voir les paysages, bouger (encore plus
par ses propres moyens), je me prenais déjà à rêver de contrées plus ou moins
lointaines en scrutant les cartes. Ainsi c’était instinctif de demander à cet
âge mon premier « vrai vélo » au père Noël pour pouvoir aller voir
ces dolmens, grottes, menhirs, châteaux, ces vallées encaissées. A cet âge on
ne pense pas qu’à avoir une belle voiture.
Et puis chaque société a ses règles inconscientes, celles-ci diffèrent
selon l’époque et le lieu où on habite, pourquoi s’enfermer dans ses règles et
ses modes de vie ? Finalement le voyage, l’envie de s’en aller dans
d’autres contrées font aussi partie intégrante de la nature humaine, peut-être
plus chez certains, pour d’autre ce sera la passion de la musique ou de la
peinture ou d’autres choses. Malheureusement tous ne peuvent réaliser leur
passion quand il y en a une, il faut aussi une part de chance, né africain cela
aurait sans aucun doute été plus compliqué. Bien sûr certains voyageurs disent
que c’est pour le sentiment de liberté mais c’est en fait une « fausse
liberté » ; de bien-être mais là encore ceci est purement chimique,
avec l’effort, le corps secrète de l’endomorphine, drogue endogène pour diminuer
la sensation de douleur (due à l’effort) ce qui donne ce sentiment de
bien-être. Alors la rencontre des autres ? Oui aussi, pourquoi pas, mais
on peut rester chez soi et regarder chez ses voisins, qui à Paris peut se
vanter de connaître le mode de vie de ses 10 millions d’habitants et d’en
apprécier toutes les facettes ? En fait l’envie de voyage fait tout
simplement partie de la nature humaine, certains y sont peut-être plus disposés
que d’autres ?
Maintenant, le vélo est un excellent moyen pour aller à un bon petit
rythme sur les routes, ça ne va ni trop lentement ni trop vite, on peut
s’arrêter où l’on veut sur les bords de route, prendre des photos, se poser et
prendre un petit ravito… et on est surtout en contact direct avec son
environnent : pas de carreaux. On sent l’air, le vent, la chaleur, la
pluie, la neige, le sable… ; on entend toute sorte de bruits, le chant des
oiseaux si varié parfois, les gens nous parlent plus facilement, le bruit des
feuilles des arbres, des rivières, des animaux se mouvant dans les bois
proches… C’est un régal pour les sens. Il n’y a pas de barrières. C’est aussi
une bonne occasion pour sauvegarder un système nomade en assez bonne
santé : le souffle et le cœur.
Cependant, 100 ans en arrière, ces voyages auraient pu se faire à cheval
avec un réel plaisir ! Malheureusement il n’y a plus de relais pour les
soigner et il n’y a plus un maréchal-ferrant dans chaque village, les voitures
roulent trop vite et les routes sont encombrées parfois de camions, d’autres
fois il n’y a que les autoroutes, enfin la propriété privée et ses nombreuses
clôtures empêchent de passer facilement dans les terrains (alors qu’on peut
porter le vélo et passer au-dessus de grande « barrières » ou de
grillages de plus d’un mètre…, marcher et reprendre la route plus loin, ou
dormir tranquillement à l’orée d’un bois…). Beaucoup de sources, fontaines et
ruisseaux sont pollués aussi, c’est déjà assez difficile pour un humain de
trouver de l’eau potable en dehors des bouteilles (en plastique tout de même)
alors pour des chevaux.
Partager les voyages avec quelqu’un ou plusieurs personnes seraient
vraiment bien, longtemps j’aurais voulu faire ça avec mes cousins et mes frères
et aussi d’autres bons amis mais force est de constater que même si beaucoup
souhaitent voyager ou ont d’autres passions peu ont la « force » de
les vivre, et finalement la société finit son travail en installant tout le
monde confortablement, du moins le croit-on. Trouver l’unique, comme disait une
amie, oui ce serait très bien là aussi mais je n’ai encore rencontré aucune
personne du sexe opposée qui aime voyager comme je le fais : soit c’est en
voiture ou 4x4, ou sinon à pieds et que pour deux ou trois semaines…, bref ça
semble introuvable. Alors changer sa façon de voyager pour partager ?
Qu’est que ça veut dire si ce n’est abandonner ses rêves pour partager ceux de
quelqu’un d’autres qui peut-être ne le souhaite même pas et dira 5 ans plus
tard « bon maintenant on arrête ?! ». Arrg, partager, cesser de
vouloir réaliser ses rêves, faire des compromis, s’oublier et penser à
quelqu’un d’autre qui vous quittera dans 7 ou 10 ans pour aller avec quelqu’un
d’autre ? Non merci. Même si je serais heureux d’avoir des enfants mais
comment voyager avec eux en cas de divorce ? Je n’aurais jamais la garde
et c’est impossible de faire une semaine chez l’un puis une semaine chez
l’autre quand on s’en va pendant plusieurs mois ! Alors je n’aurais pas la
garde et resterais un mauvais père dans leurs souvenirs. Non merci encore. Et
se réveiller seul après une séparation et se dire que dix années ont été
perdues, qu’elles auraient pu être consacrées aux voyages… Non merci
définitivement ; ce n’est pas à 50 ans que je pourrais peut-être dormir
sous les étoiles et le temps passe vite, qui sait quelle maladie ou accident
pourrait arriver d’ailleurs. Non, l’unique n’existe sans doute pas et le
partage n’est pas synonyme de se sacrifier pour quelqu’un qui s’en ira comme
dans tant d’autres cas pour aller voir ailleurs (société de consommation encore
et une certaine forme de polygamie, à l’occidentale). On n’est plus en 1914 où
les épouses prenaient gardes et attendaient leurs maris, ce temps là est
révolu.
1.2. Du rêve à la réalité, enfin
du concret
Après les examens de kiné et un peu de repos pendant l’été 2005, c’est
aussi l’attente pour faire un master recherche en droit dans l’idée de faire
ensuite un doctorat et une thèse sur l’idée d’une Constitution internationale
et de son contenu. Quel pourrait être le système constitutionnel, les règles
fondamentales régissant une organisation internationale, les rapports entre
cette organisation et les « Etats », comment pourrait fonctionner le
Parlement international, l’exécutif,… ? Quels domaines devraient être de
compétences internationales et ceux de compétences régionales ou
nationales ? Comment se ferait le vote ? Comment préserver les
diversités ?
Bref, faire un tour du monde permettrait conjointement d’approfondir
cette question et d’avoir un aspect pratique, ne pas faire ça d’un simple
bureau (même si je n’en ai toujours pas, préférant rester au sol pour écrire,
lire… question d’habitude).
Initialement le tour du monde était prévu en vélo avec peut-être des
parties en kayak et pour quatre années avec peut-être trois années
supplémentaires. Après il était prévu de ne plus faire de randonnées, rien de
spécial, c’était tout. Finalement après un petit tour en Europe pour
s’échauffer, je partis comme prévu vers l’Afrique mais ce fut un choc et une
délivrance à la fois. Il y avait beaucoup de demandes d’argent, de préjugés et
j’en ai eu vite assez même si de retour à Paris je regrettais d’être revenu si
vite et l’année suivante je fis de nouveau un périple en Afrique où on
s’habitue plus facilement la deuxième fois. Avec le recul il y eu de bons
moments mais l’argent semblait encore être la préoccupation principale des
Hommes et je préférais donc prendre aussi du temps pour rester plus tranquille
en France, revoir la famille et profiter autrement de la vie, ne pas partir
aussi longtemps.
Mais peut-être là aussi est-ce une question d’habitude car après ces
petits vagabondages en vélo (trois fois deux mois et trois fois quatre mois,
dont les deux derniers voyages avec seulement trois semaines d’arrêt en France
près de chez mes parents tout en travaillant, soit presque 8 mois en fait).
Peut-être en partant à plusieurs il y a plus de motivation aussi et on ne
renonce pas si facilement, peut-être est-ce aussi du au vécu de chacun.
Maintenant je me sens capable de partir pour 18 mois pour le prochain trip
prévu en 2011-2012 sans problèmes à moins d’un décès dans la famille ou d’un
grave accident.
L’idée est donc maintenant d’alterner une période pour travailler de
deux ans et une période pour voyager de deux ans également, en gros…
Par contre, l’idée de faire une thèse sur une Constitution internationale
est en stand bye, peut-être elle aura lieu dans les règles, peut-être
restera-t-elle informelle ? Le temps des études est peut-être écoulé et ce
n’est pas forcément nécessaire pour exprimer ses idées. On verra car
« traîner » dans les bibliothèques universitaires est aussi utile
pour être à jour dans les ouvrages... mais bon ça ne se fera pas tout de suite,
il y a encore beaucoup trop de choses à voir.
C’est donc après presque deux années à travailler à Bordeaux afin
d’économiser (logement de 20 m2, pas de voitures, environ 70 km de vélo chaque
jour pour aller au travail…) et de passer le master recherche en sciences
politiques que je commence réellement à prendre le large. J’avais d’abord prévu
un petit tour en France mais en traçant le parcours sur l’atlas je commence à
me dire « tiens, ce serais bien de passer en Suisse, ce n’est pas si
loin » puis « ah et Munich, c’est seulement un peu plus loin mais pas
tant que ça, ah et Vienne, Prague… » et voilà comment se fit le tracé du
petit tour au Cœur de l’Europe, presque logiquement, simplement, en passant par
les principales capitales des Etats « continentaux » de l’Union européenne
(pas besoin de passeport ce qui permettra de le laisser à disposition pendant
ce temps chez mes parents pour faire les demandes de visa aux différents
consulats à Paris en prévision du tour en Afrique qui suivi).
2. Le plaisir architectural :
C’est une des raisons des voyages en vélo ! Ce pourquoi à
l’adolescence je voulais un vélo. Pour voir des châteaux, églises, anciens
monuments, grottes ou dolmens. Et aussi dans un autre sens de l’architecture
pour voir les paysages, arpenter les collines de l’Artois, les campagnes
environnantes de l’agglomération de Lens (sans penser à cette époque qu’il serait
possible d’aller plus loin même sur les plages de la côte d’Opale). Les
paysages sont aussi une forme d’architecture, que ce soit les montagnes, les
rivières et les cours d’eau encaissés ou non dans des vallées ou des gorges,
les lacs, les forêts de chênes ou de sapins ou que ce soit les pâtures aux
formes diverses clôturées par des haies, des murets, des barrières de bois ou
de simples fils barbelés ou encore les diverses cultures allant du champ de
pomme de terre aux champs de maïs et de tournesols ou de blés (idéal avec du
sucre mais attention aux produits chimiques), aux vergers (pommes, poires…),
aux vignes ou noyers, aux élevages (vaches, moutons…) ou aux pâtures
accueillants des ânes ou chevaux…
Il y a donc deux types de paysages en fin de compte, deux grandes
catégories : ceux construits par l’Homme (cultures, monuments) et ceux
naturels que l’Homme a délaissé soit parce qu’il ne pouvait en tirer aucun
bénéfice (forêts primaires encore intactes par endroits, gorges sans barrages…)
soit parce que les obstacles naturels étaient trop importants (déserts dont les
ressources naturelles sont inexploitées, glaciers, volcans…).
D’un point de vue subjectif, on peut aussi entendre les langues comme
faisant parties du « paysage » et former une
« architecture ». Aussi en lisant les ingrédients… c’est intéressant
d’observer certaines ressemblances et qu’il y a des familles linguistiques :
les langues allemande, norvégienne, islandaise, anglaise se ressemblent sauf
bien sûr quelques mots d’anglais à cause de la conquête de Guillaume le
Conquérant, duc de Normandie, en 1066 de l’Angleterre qui a introduit quelques
mots de latins ; les langues latines (français, espagnol, italien,
roumain…).
Lors de voyages, c’est aussi possible en scrutant le paysage de
découvrir des « anomalies ». Par exemple, en Islande j’avais vraiment
l’impression qu’il y avait des habitations troglodytes dans certaines falaises,
aussi plus tard des panneaux d’informations disent qu’il y a des cavernes qui
ont été creusées dans ces falaises par les Hommes pour servir de fermes… Le
métier de chercheur-archéologue doit être intéressant : qui n’a jamais
rêvé de trouver une cité perdue ? Je m’entraîne donc et imagine en
observant ces falaises le long de la route qu’elle a pu être la vie autrefois…
En regardant les cartes on imagine aussi l’architecture globale et
aérienne d’une contrée. En « lisant » la carte de l’Islande, on
s’aperçoit qu’il y a vraiment de quoi faire de bonnes randonnées à pieds ou à
cheval ou avec un âne ou en VTT. Ce serait bien d’y retourner plus tard ou
proposer un financement à quelqu’un qui y ferait un parcours en échange de
photos… En fait ces tours en vélo semblent être que des tours d’observation
pour voir les bons endroits où il faudrait revenir pour les explorer plus
profondément. Comme beaucoup d’endroits aussi aux USA, Canada, Atlas, Highlands
d’Ecosse, Sahara…
2.1. En Europe :
Surtout dans l’Europe
« continentale » (qui comprend aussi les îles de la Grande Bretagne
et de l’Irlande), les architectures « historiques » (c'est-à-dire les
monuments) sont très nombreuses et variées. Il y a beaucoup de sculptures
notamment à l’extérieur ou à l’intérieur des cathédrales : gargouilles,
statues, vitraux… C’est donc assez excitant par le côté symbolique que cela
peut avoir, un côté un peu mystérieux. On retrouve ça aussi dans certains
châteaux, églises, hôtels de ville, beffrois… On trouve aussi des églises
colorées en Europe du Nord (Islande, Norvège, Suède) souvent en bois ; des
peintures murales sur les maisons ou églises en Europe de l’Est et en
Allemagne.
Il y a de très jolis centres historiques dans les grandes ou petites
villes en Europe, bien souvent c’est très romantique : le baroque en
Allemagne, le classicisme dans certaines villes en France (Nantes, Bordeaux,
Lyon) ou en Angleterre… Même s’il y a des voitures… Tout ça ramène aussi au
rêve.
L’histoire en Europe est ancienne et il y eu beaucoup de civilisations
qui se sont chevauchées, beaucoup de populations et de cultures différentes.
Ainsi, par exemple en France, on retrouve de nombreuses particularités régionales
avec aussi des spécificités temporelles suivant les époques (Moyen-âge,
Renaissance, monuments romains). C’est donc un bon endroit pour admirer les
architectures historiques, il y en a presque à chaque coups de pédales (si on
prend en compte le petit patrimoine comme les lavoirs, les fontaines).
Pour l’architecture géographique créée par les Hommes c’est tout aussi
varié, bien souvent bien sûr ces modifications sont accompagnées de phénomènes
polluants ou contraire à la Nature : barrage, centrale nucléaire,
déviation et canalisation des rivières, pâtures et élevages intensifs.
Cependant, souvent, il y a les marques d’une architecture géographique ancienne
créée par l’Homme en communion avec les éléments naturels, parfois celle-ci
n’est plus fonctionnelle : murets en pierre sèche, haies pour délimiter
les champs, anciens vignobles…
Pour l’architecture géologique, celle que les Hommes n’ont pu ou n’ont
pas modifié, elle est très rare en Europe sauf si les contrées ne se prêtaient
pas au « développement » industriel ou agricole intensif comme en
Islande et en zone Arctique. Malheureusement même les Alpes ont été
« contaminées » par le « progrès » caractérisant notre
époque contemporaine même s’il reste quelques citadelles naturelles trop rares
en Europe « continentale » (les parcs nationaux sont de très petites
superficies).
2.2. En Afrique :
Le paysage géologique a été moins modifié. Cependant dans certaines
régions comme au Niger beaucoup d’arbustes sont coupés ce qui favorise
l’avancée du désert, il y a plus de coupes que de plantations.
Avec la tentative d’incursion de la société de consommation on retrouve
aussi de plus en plus de déchets aux abords des villes, il n’y a pas de
recyclage dans ces pays et beaucoup de produits en plastiques viennent bien sûr
de l’Occident. Mais les africains polluent nettement moins que les
occidentaux ! Et quand on les voit transporter des piles de bois… sur
leurs vélos ou les charrettes tirées par des ânes ou des chevaux alors on peut
se demander si les Etats occidentaux ne devraient pas leur verser une somme
d’argent pour continuer ce mode de vie, pendant ce temps bien sûr l’Occident
prendrait des mesures pour une décroissance.
Les villages et l’architecture « historique » sont souvent
très jolis, ce sont beaucoup des « huttes » accrochées sur des pans
de collines avec leurs petites clôtures en branchage et leurs petites ruelles
autour, ces cases sont faîtes très souvent seulement en terre argileuse séchée
au soleil. Certains des villages mériteraient parfois leur inscription au
patrimoine mondial au cas où ça disparaitrait avec l’uniformisation et le tout
béton… Heureusement les maisons en bétons sont rarement finies ou habitées,
peut-être parce qu’elles ne sont pas adaptées au climat et particulièrement à
la saison sèche et chaude (sans ventilation-climatisation c’est une horreur de
vivre dans des maisons en béton).
2.3. En Amériques
septentrionales (USA-Canada) et en Australie, Nouvelle Zélande :
On retrouve dans ces contrées des espaces à forte densité humaine où il
y a beaucoup de pollution architecturale urbaine (bétons, usines, centrales…)
et où les matériaux ne sont pas ceux que l’on retrouve dans l’environnement
naturel proche. Le paysage architectural historique est peu important par
rapport à l’Europe à cause de l’histoire récente de ces Etats et du manque de
savoir faire dans les métiers de la taille de pierre, de la forge… car ceux-ci
ne représentent pas d’intérêts particuliers (pas de restauration à accomplir…).
Anciennement les amérindiens ou les aborigènes étaient des nomades, construire
une maison pour des nomades n’a pas d’intérêts et ils vivaient en communion
avec la Nature jusqu’au jour où les émigrés européens arrivèrent pour l’or puis
pour avoir des fermes puis maintenant pour les ressources minières (pétrole,
gaz, nickel…). C’est pourquoi il n’y a jamais eu de concept de propriété privée
chez les populations indigènes. Aujourd’hui ces populations sont marginalisées
dans des réserves (on n’ose faire le parallèle avec des réserves animales).
On retrouve aussi dans ces contrées de grands espaces où soufflent
encore un vent de liberté et de « bien-être », à faible densité
humaine, ce sont en quelques sortes des déserts oubliés de la
« civilisation » et des terres souvent arides ou montagneuses où l’agriculture
n’est pas possible. Il reste ainsi encore quelques parcelles de forêts
primaires en Nouvelle Zélande au sud-ouest de l’île du sud. Le paysage
géologique y est donc important (même s’il y a des pollutions dues au
traitement des ressources minières parfois) et on retrouve à ces endroits là le
plus grand nombre de parcs nationaux ou réserves de biosphère malgré une
« pollution » touristique : non pas qu’un voyageur en vélo n’est
pas un touriste mais peut-être peut-il y avoir une déculpabilisation grâce au
moyen de locomotion moins polluant ? Que ce soit les Rockies ou l’Outback
australien, ces terres sont souvent assez préservées de la main de l’Homme et
les paysages gardent leur splendeur naturelle même si on trouve des lacs de
retenue pour approvisionner en eau potable les grandes villes grâce à des
aqueducs et à cause de l’assèchement des terres dues à l’agriculture intensive
et au réchauffement climatique (lacs de retenues sur les Alpes australiennes
pour alimenter Melbourne, Sydney et Canberra ; en Nouvelle Zélande sur les
Alpes du sud pour Christchurch ; à Yosemite sur les Rocheuses pour
alimenter San Francisco). L’Europe a beaucoup de lacs, montagnes et sources, le
climat reste encore tempéré malgré des étés de plus en plus chauds et il n’y a
pas de lacs de retenues spécifiques pour alimenter des villes dans les zones où
je suis passé mais on y trouve de très nombreux barrages hydroélectriques.
2.4. Quelques exemples :
1) Des paysages naturels (architecture
géologique, naturelle) :
- Les arcs en ciel et les nuits étoilées avec ou sans la pleine
Lune évidemment.
- La magnifique Icefield Parkway entre Jasper et Banff, peut-être
l’endroit le plus joli dans le parcours USA/Canada avec l’aspect bleuté de
l’Athabasca river descendant des glaciers entourée des sommets enneigés des
Rockies Mountains et des paysages de montagnes sculptées par la Nature. Parfois
on a l’impression d’être dans un « berceau de la vie » avec la forêt
à flanc de falaises dont descendent des cascades dans Bow river après Sunwapt
Pass (à 2055 m). Ces paysages donnent bien sûr envie de voir comment c’est en
Altaï ou en Himalaya ou dans les régions polaires. On peut toujours rêver, la
Nature a fait des Merveilles en matière de sculptures, c’est monumental !
- Dans la Death Valley en Californie comme dans le Sahara ou encore
d’autres déserts, on comprend bien l’utilité de connaître le relief ou les
dunes pour se diriger, presque toujours lorsqu’il n’y a pas de routes, il faut
suivre les vallées entre des montagnes ou entre des dunes, le but pour s’en
sortir consiste à connaître l’endroit, souvent un petit cirque ou un renfoncement
dans le relief, pour passer la dune ou le massif montagneux puis on retombe
dans une autre vallée qui prend une direction et on continue ainsi son chemin. Par
exemple ici dans le Haut Quercy pour aller de Dégagnac à Castelnau-la-Chapelle,
si tout était désertique alors il suffirait de suivre les ruisseaux (bien sûr
asséchés) du Palazat puis de rejoindre et de descendre celui du Céou. Encore
pour aller de Toulouse à Bordeaux, il suffirait simplement de suivre la vallée
désertique de la Garonne.
Pour arriver sur la Death Valley depuis Las Vegas jusque Parhump, on
passe de 700 m à 1500 m. Alors on arrive sur des hauts plateaux désertiques (il
n’y a pas beaucoup de villages, en moyenne un tous les 80 km, parfois il y a 120
ou 150 km sans rien). Les paysages sont très jolies et on se croirait sur la
Lune, c’est bizarre. Avant la formation des Rocheuses, il y avait la mer ici
d’où la présence de sels dans ces régions (comme dans les Andes), c’est étrange
toutes ces vallées désertiques entourées de montagnes arides.
- Le Grand Canyon du Colorado. J’y arrive en suivant plus ou moins les
gorges du Little Colorado puis en traversant une forêt (on y passe à plus de
2000 m d’altitude mais il ne vaut mieux pas que ça brûle car ça mettrait sans
aucun doute des années à repousser), puis encore une partie avec les hauts
plateaux arides puis de nouveaux la forêt sur environ 70 km tout en longeant
plus ou moins le Grand Canyon du Colorado (sur seulement 70 km alors qu’il est
long d’environ 450 km, c’est immense). La profondeur du Grand Canyon est de
1000 ,m, on y trouve donc, suivant l’altitude, 5 des 7 climats principaux dans
le monde (subarctique, tropical, continental, désertique) avec une roche très
friable. On se trouve encore assez loin de la mer (le Colorado se jette dans le
Pacifique, au Mexique).
2) De l’architecture
« historique » :
- La Pueblo de Taos aux USA (Nouveau Mexique) est un site inscrit à
l’UNESCO donc payant et malheureusement c’est très commercial autour notamment
dans le « nouveau Taos » situé en dehors de la réserve indienne.
Ce site ressemble fort aux maisons et villages du Maroc ou du Sahel. La
construction est en terre, le terrain est aussi en terre et au milieu coule une
rivière. C’est très joli bien sûr. Beaucoup de villages africains pourraient
aussi être classés à l’UNESCO ou au moins avoir un programme de sauvegarde et
de rénovation des constructions en terres.
- Les villes américaines traversées ainsi que les villages de campagnes
sont assez tristes aux USA, on dirait que tout est fait seulement pour être
temporaire comme si les américains vivaient toujours dans l’idée que demain ils
allaient tout quitter pour s’en aller vivre loin, ça n’a rien à voir avec
l’esprit européen d’embellir les villes ou les villages et leurs maisons.
Peut-être la différence vient du fait que les américains n’ont pas réellement une
« histoire » et des éléments architecturaux aussi riches et anciens
qu’en Europe et donc ils n’auraient pas la même culture de conservation des
choses et du patrimoine, ça paraîtrait alors normal pour eux de considérer des
biens culturels comme de simples biens marchands. Les centres historiques ne
sont pas très jolis par rapport aux villes européennes ; même en Afrique,
si les centres villes ou les villages étaient restaurés, ils seraient sans
aucun doute plus jolis. Ici toutes les villes américaines se ressemblent
souvent (buildings, routes un peu chaotiques…) de même pour les maisons en
campagne souvent faites en bois (en France par exemple, chaque région a par son
histoire une identité propre qui se reflète aussi dans les matériaux utilisés
pour la construction : couleur de la pierre, brique, pan de bois et
colombages, art des églises « typiques » selon les régions).
3) De l’architecture géographique
(humaine) :
- L’entrée dans une agglomération jusqu’au cœur des grandes métropoles
(Paris, New York, Barcelone, Montréal, Memphis, Vancouver, Calgary, Milwaukee,
Toronto, Hambourg, Munich, Dakar, Londres, Berlin, et bien d’autres grosses
villes) pour notamment aller « jeter un œil » sur les principaux
monuments « historiques » ressemble bien souvent à aller au cœur d’un
monstre, parfois énorme. C’est une drôle d’impression, celle d’entrer dans une
tentacule, telle une pieuvre. Souvent il faut prendre des voies expresses,
jongler entre les voitures, faire la balance entre les citadins surexcités
sortant du travail, une drôle d’impression encore d’être comme une boule de
billard dans une partie de fou. Souvent on est bien content d’en être sorti (en
un seul morceau) et parfois on se demande aussi si ça en valait vraiment la
peine même si parfois on a découvert de belles merveilles d’architectures et
une ville plaisante, pleine de romantisme : Berne, Vienne, Prague,
Cracovie, Tallinn, Vilnius, Amsterdam, Brème, San Francisco, Victoria, Québec
ou encore Las Vegas pour son aspect unique de parc d’attraction pour adultes.
Ainsi ces petits plaisirs et ces observations de tous les jours sont
possibles dans ce mode de vie plutôt nomade et cela conduit à voir la société
d’une autre manière et à l’utiliser, en quelque sorte, à son profit dans un
autre but que celui d’origine normalement c'est-à-dire la sédentarité, l’achat
d’une maison et la consommation de toute sorte de biens. La société est donc
appréhendée différemment.
Section
2 : Une autre manière d’appréhender la vie en
société :
Le fait de
voyager conduit à se poser des questions, sur soi, sur la société bien sûr dans laquelle on
vit, comment on aimerait qu’elle soit en sachant bien qu’il y a des différences
dans le temps et l’espace. Le fait de voyager implique aussi l’adoption d’un
autre mode de vie, temporairement, le temps de ces voyages, on prend aussi
d’autres habitudes et d’autres « routines ».
1. Travail, études, retraites. Quelle société pour vivre
ensemble ?
Est-ce que
chacun est libre de réaliser ses rêves dans nos sociétés ? Quelles sont
les choix possibles ? Et y a-t-il plus de liberté dans le fait de réaliser
ses rêves et ses choix ? La société actuelle n’est-elle pas trop
consumériste et n’y a-t-il pas trop de réglementations ?
1.1. La société ?
A quoi peuvent
bien servir les études, le travail et la société ? Est-ce que les Hommes
sont égaux partout, dans le monde et en France pour choisir ce que l’on
souhaite vivre, dans ses projets… ?
La société
nous conditionne-t-elle trop ? Et utilisons nous notre argent pour des
choses inutiles ?
1) De la réalisation des rêves :
C’est souvent que j’entends les gens dire qu’ils attendent la retraite
pour pouvoir réaliser leurs rêves. Il y a eu de nombreux exemples.
- Sur la transgaspésienne, au Canada, je croise deux cyclistes très
sympas qui étaient en randonnée (Valérie et Roger) qui souhaiteraient faire une
transcanadienne mais ils ne seront en retraite que dans 7ans, aussi il faut
deux mois pour la faire et ils ne peuvent prendre plus de trois semaines de
vacances à la suite. Je repense donc à Sky croisée avant Calgary qui est
entrain de faire sa transcanadienne, son rêve. Et que peut-il arriver avant la
retraite ? Bien sûr il y a les prêts pour la maison et voiture, les cotisations
maladie, chômage, retraite (tout cela n’existe même pas dans la plupart des
pays). Et que restera-t-il, comme en France dans 40 ans, quand il y aura
normalement un retraité pour un actif ? Les retraites n’augmentent déjà
presque plus, beaucoup ont à peine le RMI, autant ne pas y penser et vivre au
jour le jour. De plus qu’est-ce qui dis qu’on vivra jusque 100 ans ? Autant
vivre au mieux sa passion (quand on en a une) et ne pas avoir peur du futur ou
de la mort, on a qu’une vie.
En France, dans le pays cathare, je rencontre Cédric en vélo,
préparateur physique à Carcassonne, il a fait le tour de la Corse en kayak et a
traversé les Amériques de Québec à Calgary puis jusqu’à Ushuaia, pendant un an
et demi. Il paraît qu’il y a un col dans les Andes avec 4.000 m de dénivelés
positifs qu’il avait monté en trois jours. Mais avec son travail, pour
conserver sa clientèle, il ne pense repartir que dans une dizaine d’années pour
descendre un fleuve en kayak en Afrique ou faire du ski de fond dans les
montagnes… Pour le moment, sa copine l’attends dans leur camionnette aménagée
pour faire des voyages mais elles ne fait pas de vélo…
- Avant Le Mans, je croise aussi deux cyclistes avec qui je roule un
bon moment, l’un d’eux me dit que ce serait son rêve de faire des voyages en
vélo mais, comme il a sa boîte, il ne peut prendre le temps comme il veut pour
faire ce qu’il veut, selon lui.
- Sur la route vers Uluru/Ayers Rock, je rencontre un russe qui vient
me parler à propos du trip… pendant environ 10’, lui travaille en génétique à
Darwin et est venu voir Uluru pour ses 15 jours de congés, il me demande si
c’est la liberté de voyager comme ça, je dis que lorsqu’on vit en société on est
quand même libre, maintenant c’est une autre liberté et j’aime passer de l’une
à l’autre, l’important est de faire ce qu’on aime (même rester à la maison si
on aime ça), dans les sociétés occidentales c’est possible. Mais il me prend
quand même à la fin en photo (encore un animal du zoo ou une démarche sincère
peut-être pour garder un souvenir de cette conversation).
2) Avoir la chance de pouvoir
faire des choix :
En Europe, un soir, je repense, en dormant en ville et en voyant le
confort de mes congénères, à quel point on a de la chance en
« Occident », la chance d’avoir le choix grâce à la société de
consommation que tant de voyageurs critiquent mais c’est le seul système qui
fonctionne même s’il est imparfait ! Il procure à l’Homme la possibilité
de jouir de ses besoins et envies, en échange il doit travailler ce qui crée un
lien social et des obligations morales et de droit. On ne peut et on ne doit
pas forcer les gens comme dans les dictatures ou les Etats totalitaires.
Maintenant on m’a déjà dit qu’il valait mieux que les gens vivant en
dehors de la « modernité » ne sachent pas ce qui se passe en
Occident où on a le confort mais la grosse majorité des gens veulent exactement
la même chose qu’ici (par exemple en Afrique ils veulent des tracteurs, voitures,
être mieux payés, la santé, un travail plus que journalier, une retraite, un
ordinateur…) car ils savent plus ou moins (pas toujours) ce qui se passe en
Occident. Et si en France on ne nous disait pas la vérité alors les gens ne
seraient-ils pas dans la rue ? Et le droit à l’information, n’est-ce pas
une des choses les plus importantes qui a un lien étroit avec la liberté de la
presse et la liberté de choisir surtout. Tout le monde devrait avoir cette
liberté. En occident on l’a même si des fois on s’enferme dans des croyances
sociétales et ce serait anormal de créer un monde du silence, une cité
interdite où les gens « d’en dessous » ne pourrait vivre plus de 50
ans en moyenne, ne pourrait lire et avoir des livres… et je ne comprends pas
ces voyageurs qui critiquent la société occidentale alors que par leur
nationalité ils peuvent justement voyager partout (un malien ne peut venir en
France aussi facilement que nous chez eux) ; et ce voyageur qui aura des
soins s’il tombe malade, qui se fait construire une maison (en France et non au
Mali bien sûr…). Il faut qu’il se passe
dans les pays « pauvres » la même chose qui se passe grâce à l’UE
dans les anciens Etats de l’Europe de l’est, j’en reste persuadé. Autant j’en
vois qui sont au restaurant dans un bel hôtel et d’autres dans la rue entrain
de picoler ou sdf, mais chacun dans nos sociétés avec les aides qui existent
encore peut devenir avocat, médecin ou voyageur…
3) Faire le « grand
saut » :
Sur la route vers Dakar, fin 2007, après une assez bonne nuit tout de
même à Cordes, le moral n’est pas très bon, c’est dur de se dire que l’on
quitte tout, peut-être trop dur pour moi de tout quitter, aussi après de
nombreuses hésitations en allant sur la route jusque Castres, je tergiverse,
puis à Castres je décide de reprendre le train pour rentrer à Toulouse et
revenir, déjà. C’est bizarre, je ne trouve plus le moindre intérêt à
poursuivre, la tension et l’envie sont à zéro, rien à voir avec le tour en
Europe, trop dur peut-être de se dire que l’on part pour 3 ou 4 ans. En fait,
maintenant, fin 2008, je crois que c’est une question d’habitude, avec le
recul, et sans doute des voyages plus longs, au fur et à mesure, auront lieu,
de toute façon maintenant je ne me donne plus de limites dans le temps, c’est
pour le plaisir et tant que l’envie est présente. Le soir j’arrive à Toulouse,
chez mon frère, où je pensais rester pour quelques jours, avant de revenir à
Dégagnac et sans doute de retravailler pendant un ou deux ans avant de
reprendre quelques autres voyages peut-être, je suis en plein doute et beaucoup
de pensées s’entremêlent, les décisions s’entrecroisent et se contredisent, le
temps doit être forcément à la réflexion. Que faire de sa vie ? Abandonner
les voyages, reprendre le travail ? Qu’est-ce que je veux ? C’est
quoi les rêves alors ? Faut-il les tenter ou juste les rêver ?
Le lendemain, je passe toute la journée à Toulouse avec mon frère, à
hésiter, puis finalement le soir je décide de repartir le lendemain et de faire
ce tour du monde mais je me jure qu’après les trois ans je m’arrête, reviens et
ne bouge plus. Ce qui est totalement stupide quand j’y repense mais à ce moment
là ça m’a assez motivé pour reprendre la route, ça a eu son utilité alors,
depuis les idées ont évolué et je pense qu’un certain équilibre entre les
voyages et la vie en France ou la sédentarisation a été trouvé, que le
compromis actuel paraît viable et permet d’avancer. Le principal est, pour ma
part, de n’avoir rien à regretter dans ce qui a été fait, une fois surpris ou
non par la mort. De faire les choses que l’on aime quand on le peut et
d’essayer de ne pas faire d’erreurs ou de rendre les erreurs utiles comme
expériences.
4) De la décroissance :
Il faudrait un droit du travail différent pour donner plus que trois
semaines de congés et favoriser une autre forme de tourisme : partir une
semaine, faire beaucoup de voitures… en fin de compte le bilan
« pollueur » est fort pour un temps libre « médiocre »,
peut-on vraiment parler de vacances ? Une semaine ou deux jours de repos,
c’est pareil.
Dans les gorges de l’Ardèche, il y a aussi beaucoup de touristes qui se
baignent et beaucoup de circulation, beaucoup de français d’autres départements
(Paris, NPDC, Picardie…), tous viennent rechercher le Soleil et vont aux mêmes
endroits, pour des vacances sans stress et reposantes (ce n’est pas gagné), il
y a aussi des belges, des suisses, des néerlandais… Comme disait Jacques
Brel : « vaut mieux être suivi que suivant », « Au
suivant ». C’est bizarre si ça les ennuis de voir quelqu’un alors pourquoi
passent-ils leurs vacances là où il y a plein de touristes, il y a des milliers
de kayaks… C’est incroyable les gens vivent tous en ville et créent de
véritable villes pendant les vacances et même en vacances les gens restent
finalement citadins.
Ne pas avoir de voiture équivaut environ à économiser deux ans de
salaires sur dix ans au moins pour quelqu’un qui gagne le smic ! Beaucoup
disent que c’est impossible de vivre sans voitures… Ah, et comment faisait-on
en France il y a 60 ans ?
1.2. Les passions :
Faut-il s’éloigner de la société pour être libre ? Pourquoi dit-on
que la société ne nous permet pas d’être libres ? Ne peut-on pas exercer
dans celle-ci nos passions ? Sont-elles empêchées par trop de
réglementations ?
1) Y a-t-il plus de liberté en voyage qu’en
vivant en société ?
Ah, question difficile à répondre pour un « débutant ». En
fait la réponse est simple : non. Il y a souvent une
« surveillance » d’une manière ou d’une autre et le regard des
sédentaires, la plupart indifférent, mais certains… De plus il y a toujours la
dépendance dans la société consumériste, il faut bien manger et personne ne m’a
appris à pêcher ou à chasser. Il faut connaître quelqu’un, ça demande du temps
et quand je suis en France, malheureusement, je n’ai que les week-ends de
libres et ils sont consacrés souvent au vélo pour la balade.
Mais peut-être dans 10 ans, après les tours en vélo ? Alors ce
serait des voyages à pieds et en kayak, plus en solitude « réelle »
et en autonomie, dans les montagnes là où il y a peu de densité humaine et
moins de pollution. En tout cas, dans certains pays ou régions comme les zones
à plus grande densité de sédentaires humains, c’est devenu dur de voyager
librement sans qu’on trouve ça étrange !
Le Pour :
Sur la route dans le South Dakota, une voiture me rattrape, s’arrête à
ma hauteur et on me demande pour me poser des questions, c’est une dame avec
ses deux enfants, ils viennent du Colorado et sont partis en voiture pour
plusieurs mois jusque Montréal, NYC… Et ils m’ont même vu la veille dans les
Badlands, avant la tombée de la nuit. Les deux garçons ont l’air épaté par mon
voyage et ils recherchent des réponses à la question « qu’est-ce qui est
beau dans la vie ? ». La vie bien sûr, voir les animaux que l’on dit
sauvages vivre en liberté, écouter le chant des oiseaux, voir des glaciers, de
la forêt, des déserts… Quoi de plus beau que le sentiment (faux) de
liberté et de se sentir vivre ?
Le Contre :
De nombreuses rencontres… montrent que le sentiment de liberté en
voyage n’est qu’une illusion, agréable mais fausse.
Exemples :
- En Afrique, dans le Sahel, je fais ce que je peux pour ne pas attirer
l’attention et en général ça fonctionne bien, mieux que l’année précédente sur
la route du « Paris-Dakar » même si un épicier demande pour que je
lui donne de l’argent, je n’y prête pas attention et ne réponds pas. Ici je ne
recherche pas le droit à la différence mais le droit à l’indifférence, à la
tranquillité, et par conséquent le droit à la liberté de circuler. Même si je
reste bien conscient des différences, je ne peux pas être responsable de cette
inégalité et pauvreté, les gouvernants n’en font que dans leurs intérêts et les
gouvernants africains sont autant coupables que les « occidentaux ».
- A l’aéroport de Sydney, en attendant
l’avion du lendemain après avoir fait la lessive, je vais me poser à 500 m de
là près d’une rivière canalisée pour faire sécher mes vêtements sur une route
(une impasse) où aboutie la piste cyclable, c’est alors qu’un agent de police
arrive en voiture et me dit que c’est étrange, je dis peut-être dans son pays
mais pas partout, et il me dit de poursuivre (de continuer mon chemin), je dis
que j’ai l’avion demain, il insiste et me dit que c’est une voie publique, je
dis que justement parce que c’est une voie publique j’ai le droit de faire ça
(comme à Cherbourg où je l’avais fait sur un parking avant de prendre le ferry
pour l’Angleterre) et lui demande où c’est écrit le contraire dans la loi, il
insiste, je dis que 200 m plus loin sur la piste cyclable il y a des voitures
arrêtées et piétons qui regardent les avions atterrirent et je lui demande si
c’est pas étrange aussi, il insiste, puis je lui dis que les australiens sont
étranges et qu’ils n’aiment pas bien les étrangers, je laisse tomber et je vais
devant l’aéroport… pour faire sécher mes affaires ! Encore un flic qui
outrepasse ses pouvoirs. Finalement l’Homme s’embête toujours pour peu de
chose, la pire espèce, nulle. Le type me dit « purshuse », « go
away » d’un air moqueur et arrogant avec le mouvement de la main, voilà
qui résume bien pour moi ce que j’ai ressenti en Australie mais ce n’est que
mon expérience, un certain racisme et la volonté que l’étranger « go
away » et sorte d’Australie. Pourtant l’australien blanc est aussi un immigrant
sur ces terres aborigènes et ce serait bien de culpabiliser un peu les enfants
européens à l’école pour tout le mal que leurs ancêtres ont fait aux Hommes et
à la nature avant qu’ils arrivent pour l’or et pour s’approprier les terres
cultivables. Avec le bronzage, même rasé…, je ne ressemble plus à un blanc mais
à un arabe, ce qui ne me dérange pas du tout et plusieurs fois dans mes voyages
on pensait que je n’étais pas un « européen blanc » ; en France
on m’avait déjà demandé si j’avais des ancêtres turcs ou marocains et en
Mauritanie ou au Maroc on m’a déjà pris plus d’une fois pour un berbère ;
aux USA dans le Tennessee, on m’avait aussi dit que je devais avoir des
ascendants noirs. Je comprends mieux ce que peuvent ressentir les français
d’origine arabe… avec leur stigmatisation incessante dans les médias…
- Dans le centre des USA, je me fais contrôler un soir vers 2h am par
deux policiers. Le lendemain, après 50, 90 et 130 km, je me fais dépasser trois
fois par la même voiture de police, et toujours dans le même sens, je pense
sérieusement que je suis suivi par ceux d’hier ; ils n’ont rien d’autres à
faire, peut-être est-ce pour vérifier mes dires ? Et puis après plus rien.
Des amis à SF me disent que c’est possible qu’ils aient voulu voir si je partais
bien hors de leur conté et zone de juridiction. C’est possible aussi comme ils
m’ont demandé où j’allais et que dans ces zones désertiques, il n’y a qu’une
route !
- Dans les villes, comme à Sydney, il y a beaucoup de caméras de
surveillance, pourquoi ? En plus elles sont installées en grande partie
dans le centre, le quartier des affaires. Qui surveille-t-on ? Le dilemme
est là, en tout cas ça ne doit pas être facile de travailler par ici quand on
aime « l’anonymat »…
De la difficulté de dormir dehors :
Un casse tête bien souvent, le soir arrivant, de trouver un endroit
pour dormir, surtout dans les zones campagnardes d’élevages et de cultures qui
sont bien souvent clôturées… Il faut donc parfois attendre, en continuant de
rouler, une heure ou plus avant de trouver le bon endroit !
Exemples :
- Tout est très « clean » en Scandinavie, pas un mégot de
clopes… Tout est aussi « quadrillé », c'est-à-dire que les champs ou
les bois sont clôturés avec des barbelés souvent ou des barrières avec
l’inscription « no trepassing » ; bref, la propriété est
apparemment plus importante que la liberté de circuler. Pour le moment, en
France, il est assez facile en campagne de passer dans un champ ou un bois car
ils ne sont pas souvent clôturés sauf s’il y a des vaches ou cochons, pourvu
que ça le reste longtemps !
- Dans le PNR des monts d’Ardèche, le camping sauvage est aussi
interdit (« sauvage », ça me fait toujours penser au mot liberté
comme corollaire, c’est la civilisation qui est sauvage en fait, comme les
caméras…).
- Parfois, comme un soir en NZ, je me trouve dans un endroit où dormir
dans une forêt est interdit d’accès normalement sous peine d’amende. Je
voudrais être un oiseau ! Si j’ai une amende alors il faudra me résigner à
demander l’aumône aux fermiers tous les soirs et rester sous surveillance.
Alors que je serais heureux qu’un voyageur vienne passer une nuit voir plus à
la maison.
- Il y a beaucoup plus de collines, forêts… après Adélaïde mais c’est
toujours dur pour trouver un endroit où dormir, c’est clôturé partout ! Et
j’ai l’impression d’être prisonnier de la route. Finalement je trouve une forêt
où on peut se promener… mais c’est interdit de camper, tant pis, c’est bon pour
cette nuit. Et est-ce que c’est vraiment du camping sans tente ? Je n’y
comprends rien à leurs règles…
- Un autre soir à Wirrabara, en Australie, il y a un terrain où on peut camper
librement, je m’apprête à y aller juste quand un pick up s’y arrête comme par
hasard… Pour aller au terrain de camping, il faut traverser par un petit pont
en bois à pieds au-dessus d’un petit creek, j’attends cinq minutes, le pick up
s’en va et 5’ après, hop, il a fait le tour et s’est garé sur le terrain de
camping. Comme si de rien n’était, il commence à regarder les plaques d’égouts
en les enlevant…, comme si les techniciens travaillaient à 18h30 ! Ici,
comme aux USA, une partie du Canada, la Suède… c’est marqué sur les
panneaux de beaucoup des petits villages « le voisinage rural vous
observe », j’ai horreur de ce petit jeu hypocrite et stupide donc je m’en
vais pour continuer et 2 km plus loin je m’endors près du creek où on trouve des buissons en bordure de
route. Ici ça redevient dur de trouver un endroit où dormir, ce sont beaucoup
de grandes propriétés et il n’y a pas comme en France des petits bois, par-ci
par-là, et les fermes sont bien clôturées même quand il n’y a pas d’élevages.
Ca redevient donc un peu la galère le soir sauf dans les PN (où le camping
sauvage est en théorie interdit) mais c’est rare que les routes les traversent
et les PN n’ont pas une grande superficie en Australie.
2) Trop de réglementations inutiles :
Exemples :
- Lorsque je pars de Montréal, je passe par le pont Jacques Cartier où
la piste cyclable est impraticable (avec un mètre de neige au moins) et où il
est normalement interdit de rouler en vélo. Une fois le passage du pont fini,
un flic arrive par derrière (ben ouah il y a des caméras de sécurité installées
sur le pont) et c’est mon premier contrôle de police sur ce
« continent » (il y en aura d’autres), gentiment le flic regarde mon
passeport et après vérification me demande où je vais… Il ne me mettra pas
d’amende mais il me dit que la prochaine fois il faut prendre le métro ! Comme
si j’allais prendre le métro pour commencer ce périple !
- Au sommet des hautes terres de l’île de Cap Breton, au Canada, près
de french Lake, un policier me dit de mettre le casque, je lui dis qu’il fait
chaud, que je roule doucement et longtemps et que c’est difficilement
supportable et qu’il n’y a presque aucune voiture sur cette route. Il dit qu’il
comprend mais c’est obligatoire, je remets donc le casque pendant une dizaine
de kilomètres puis l’enlève à nouveau. Quel poids ! Avec leur
réglementation, j’ai déjà fait sur ce parcours près de 20.000 km sans casque et
sans ennuis, et on vient m’embêter maintenant que c’est bientôt la fin.
- Après la traversée de l’Outback, encore, un policier (on en revoit de
nouveau en plus grand nombre maintenant qu’on retourne dans la
« civilisation ») me dit que le port du casque est obligatoire,
pourtant j’avais déjà vu passer quatre fois des policiers après cette traversée
de l’Outback australien et personne ne m’avait encore rien demandé, sinon c’est
90$ d’amende, bizarre, car c’est obligatoire depuis Sydney et c’est la première
fois qu’on me le dit… et ça fait plus de trois semaines que je ne le mettais
plus…
- A l’aéroport de Sydney ça recommence comme en NZ, ils ne savent pas
s’il faut mettre en boîte le vélo, je les supplie de se décider et de ne pas me
faire aller de stand à stand. J’ai vraiment l’impression qu’on nous prend pour
des imbéciles et des jouets. Les compagnies et le personnel sont parfois très
« see », et tout dans l’aéroport me rappelle le cortège que l’on fait
avec les vaches ou moutons en allant à l’abattoir : lignes à suivre,
musique douce pour diminuer le stress lors du passage pour scanner les bagages,
barrières où on zigzague dedans pour amener le troupeau…Une autre fois, entre
la Norvège et l’Islande (à l’aéroport d’Oslo), la douane me retient pour
quelque chose qui ne va pas au scanner dans mon sac, j’y reste au moins 15’ et
pourtant je pensais avoir enlevé tout ce qui ne passerait pas, mais avec la
fatigue… et en fait ce sont deux clés pour les vis des freins qui ne passent
pas ! Elles ne peuvent être transportées alors que je peux garder la
fourchette en métal que j’avais aussi oublié d’enlever. C’est vraiment
bizarre, heureusement que je ne suis pas ceinture noire de karaté car je
serais plus dangereux que le plombier ! Passer les contrôles dans les
aéroports est toujours en eux-mêmes un grand moment d’aventure aussi !
2. Conseils pratiques et
« ma » façon de voyager
Il y a de
nombreuses façons de voyager qui peuvent être intéressantes, autrement que par
le vélo, comme à pieds, en kayak, en ski, en chiens de traîneau, à cheval ou
avec un âne, en chameau. Le vélo est cependant la façon qui semble la plus
pratique et la moins « coûteuse », actuellement.
1) Du port du casque :
On peut en trouver pour 10-15€ cependant je préfère ne pas en porter.
Dans certains Etats (NZ) ou régions (British Columbia, Alberta, Ontario, et
autres Etats fédérés d’Australie), le port du casque est obligatoire, dans ce
cas, je l’attache le plus souvent à l’arrière du sac à dos. Ce n’est pas ennuyeux
de le porter quand il fait froid ou lorsqu’il pleut mais quand il fait chaud ou
quand on grimpe une bonne côte de plus de 5 km sous la chaleur alors ça devient
très embêtant, la tête tourne et on a vraiment une sensation de lourdeur, c’est
pour ça que je l’ai le moins souvent sur la tête, de plus ça fait 15 ans que je
fais du vélo toujours sans casque (sauf pour les quelques courses qui ont été
faîtes, comme c’est obligatoire) et il n’y a jamais eu de problèmes ; en
randonnée, seul, ça doit être rare de tomber, je fais attention dans les grandes
descentes et quand je chute (rare) c’est toujours l’épaule ou la hanche qui
prennent, sans doute des réflexes dus à quelques années de pratique de judo. De
plus porter un casque tous les jours alors que les risques sont rares, pendant
environ 10 heures chaque jour, c’est assez « lourd ». Ca n’empêche
que si j’avais des petits enfants alors je les obligerais à mettre un casque…,
peut-être, jusque leur majorité ?
C’est aussi assez dur bien sûr de rouler avec un casque sous la chaleur
avec 35-40°C comme ça arrive assez souvent, sans casque on a une meilleure
aération dans les descentes mais aussi surtout dans les montées où la vitesse
n’est que de 6-9 km/h dans des cols à 15% par exemple, soit 3h de pédalage pour
un col de 25 km ! Il ne s’agit pas d’avoir un accident vasculaire cérébral
ou une crise cardiaque.
Ensuite, ne pas porter un casque relève de ma seule responsabilité, il
y a une assurance et je ne peux faire de mal à personne. Maintenant, j’ai pu
remarquer qu’avec le casque sur la tête ou accroché à l’arrière du sac, les
automobilistes sont plus attentifs notamment dans leurs dépassements, soit ça
fait plus sérieux (il a fait un effort donc on en fait aussi un pour le
dépasser), soit ça rappelle leurs enfants qui mettent aussi un casque (« ah
oui, attention, si c’était mon petit »), soit encore ça rappelle dans leur
inconscient qu’un cycliste peut facilement être amoché. Cependant quelques
« citoyens » prennent un malin plaisir à me klaxonner et à me dire de
mettre le casque, parfois, sans aucun doute des gens stressés dans leur bureau
par des supérieurs et une fois échappés de leurs labeurs ils ne se gênent pas
pour se venger sur les autres qui ne sont pourtant pas responsables de leur mal
être sociétal, et à leur faire des remarques. Encore des lâches ?
Pourquoi ne pas obliger aussi les coureurs à pieds à porter un casque,
ils vont plus vite que moi quand je grimpe à 10 km/h ? Pourquoi ne pas
obliger les enfants à porter un casque aussi puisqu’ils tombent souvent ?
Pourquoi ne pas obliger les passagers et conducteurs de véhicules à porter
aussi un casque pour éviter les traumatismes crâniens ? On fait vraiment
des lois et règlements pour rien dans les Etats « occidentaux ». Mais
il faut bien que le Parlement et le gouvernement servent à quelque chose.
2) Le dodo :
- C’est arrivé plusieurs fois de dormir plus ou moins près de trucks
qui s’arrêtaient pour faire une longue pause ou pour passer la nuit dans leur
cabine, ce qui donne l’impression de vivre aussi comme un chauffeur de poids
lourds : je roule la journée et me repose dehors, à côté de mon véhicule
(le vélo) et les stations essences, dans les endroits désertiques comme le
Sahara ou dans des endroits où il n’y a presque rien comme dans l’ouest
canadien où il n’y a que de la forêt, sont souvent les seuls endroits où l’on
peut trouver un ravito à moins de chasser ou pêcher soi-même, comme devaient le
faire les nomades, aventuriers et explorateurs d’autrefois, ça devait leur prendre
assez de temps dans leurs voyages pour faire ces tâches qui devait être
quotidiennes et vitales).
- Lorsque le ciel est couvert alors la nuit est douce et sans rosée,
c’est le contraire si le ciel est étoilé car il n’y a pas de couverture nuageuse
pour retenir la chaleur (mais quand c’est couvert il y a bien sûr un risque de
pluie). Pour choisir l’endroit où dormir, il est préférable évidemment de
s’abriter du vent : derrière une haie, sur le bon versant d’une colline…
- Les nuits pendant les premiers voyages se passèrent sans couvertures
puis avec seulement le couvre-sac et maintenant avec une couverture de survie
(ou deux quand il pleut). En anglais on les appelle des couvertures de
protection thermique, ce qui semble plus exact car c’est un peu exagéré de
parler de « survie » dans mon cas, ce n’est pas la fin du monde, au
contraire, quelle simplicité et leur poids est vraiment léger pourtant elles
assurent une protection maximale !
- C’est toujours mieux quand on dort dans une prairie de rester sous quelques
arbres car quand il pleuvine, grâce aux feuilles, ça retient un peu la pluie si
elle n’est pas abondante. Mais s’il pleut plus alors il ne faut pas rester dans
les bois car là on est vraiment trempé : grosses gouttes et ça dure plus
longtemps, le temps que ces gouttes tombent des feuilles, il vaut mieux donc se
protéger du vent et rester derrière une haie… comme ça on est moins trempé et
ça dure moins longtemps (seulement le temps de la pluie), quand il pleut fort
il y a aussi souvent plus de vent donc on sèche plus rapidement que dans les
bois ; de même qu’il est préférable de dormir sous les conifères que les
feuillus. Le terrain est souvent plus sec et ils absorbent donc plus d’eau
alors que sous les feuillus on retrouve assez souvent des feuilles et plus
d’humus, mais les feuillus sont plus touffus et retiennent aussi plus la pluie,
bref, question de goût.
3) En cas de pluie :
- Lorsque je finis la route trempé (pluie, orage) et si le temps est
humide encore et assez frais, les affaires ne sécheront pas, aussi, pour ne pas
attraper froid ou avoir des ennuis intestinaux, je mets des vêtements secs sous
les vêtements mouillés, tactique pour qu’avec la chaleur corporelle et le k-way,
le lendemain, les vêtements mouillés soient à peu près secs et les vêtements
secs un peu mouillés mais raisonnablement, ça marche pendant deux ou trois
jours de pluie consécutive, sans séchages possible (le temps n’est pas assez
sec et chaud…) mais si ça dure une semaine alors ça devient plus dure, mais
tant qu’on bouge, ça va pour ne pas attraper froid.
- Avant de trouver la bonne solution, c’était régulièrement que des
douleurs apparaissaient aux pieds après une bonne journée de pluie et humide ou
lorsqu’il y avait du sable et de la chaleur, dans une moindre mesure. Les
appuis étaient alors assez douloureux pour pédaler, dans la même journée ou
dans les journées suivantes. J’avais essayé les plastiques aux pieds pour les
protéger, des pansements parfois… mais rien n’y faisait et quand on me
demandait parfois si j’avais mal aux fesses à pédaler comme ça je répondais non
mais assez souvent aux pieds ce qui laissait les gens dans l’incompréhension et
l’incrédulité même en expliquant. En fait la solution fut trouvée lors du
parcours au « Cap Nord », c'est-à-dire assez tardivement dans ses
petits vagabondages, avec tout simplement la pose de papiers journaux dans les
chaussures ! C’était si simple et c’est si utile et indispensable. Il faut
toujours avoir un peu de papier journal quand on voyage !
- Ca devient avec l’habitude un vrai plaisir de rouler sous la pluie,
il y a souvent moins de circulation (les gens restent chez eux) et on peut
sentir l’eau dégouliner, quel plaisir d’être trempé et plein de boue (sans
doute un vieux souvenir de jeux dans les bacs à sable ou sur les plages). Mais
il vaut mieux ne pas s’arrêter trop longtemps pour un ravito pour ne pas
attraper froid et tomber malade. On peut dans ces cas se « bourrer »
de plastiques et de papiers journaux pour se protéger, c’est très efficace et
ça recycle automatiquement les « poubelles », plastiques des bonbons
et autres emballages de produits alimentaires quand on n’a pas encore trouvé de
poubelles pour les jeter.
4) Les vêtements :
- Le sac ne pèse que 8,5 kg environ, sans la nourriture et les
boissons, c’est donc assez souvent que les gens sont étonnés que je voyage avec
si peu d’affaires, il est vrai que j’en n’ai jamais rencontré personne qui voyage
aussi léger ! En général les cyclo-voyageurs ont des sacoches (parfois
pour un poids total de 40-50 kg) ou, de plus en plus, une remorque. Pour ma
part, je préfère pouvoir faire de plus longues distances ce qui est utile dans
les zones assez fréquentes et monotones des grands espaces. Ca permet de
rejoindre plus aisément peut-être le ravito suivant sinon il faudrait un jour
ou deux en plus et donc plus de poids (des cyclistes peuvent transporter 10L
d’eau sur une distance où je n’en ai besoin que de deux ou trois…). Dommage que
beaucoup de cours d’eau soient pollués ! Je trouve aussi toujours bizarre
que les randonneurs à pieds n’est qu’un sac à dos et qu’ils soient plutôt
légers alors que les cyclistes ont (tous ceux que j’ai pu croiser) des sacoches.
Le sac à dos est aussi résistant, il a une armature en aluminium protégeant
ainsi le dos (il est « bombé » à l’arrière du dos ce qui laisse un
espace où je peux mettre des vêtements).
- Je pose entre le cuissard et le tee-shirt un bonnet presque systématiquement,
ça sert ainsi de tampon et ça évite des problèmes intestinaux de digestion
encore, qu’il fasse chaud ou froid, ce qui est un risque avec la sueur ou la
pluie et lors de longues sorties de vélo sans pouvoir se changer après
l’effort.
- C’est plus utile des chaussures de VTT que des chaussures de vélo de
course ! Les cales ne s’usent vraiment pas vite (on peut faire aisément
30.000 à 40.000 km avec une paire de cales) et c’est possible aussi de marcher
avec (35 km une fois, sur le routeburn trail en NZ, avec des montées et
descentes sur des cailloux…).
5) La toilette :
- Durant ces petites rando, il a été possible plusieurs fois de prendre
un « petit bain » dans des rivières en montagnes ou dans les lacs des
pays « nordiques », en utilisant du savon bien sûr, quand il fait
beau les vêtements sèchent rapidement, c’étaient de grands plaisirs, simples
pourtant. Lorsque c’est possible (petite rivière, fontaines…), je prends encore
plaisir à faire une « toilette africaine », soit le minimum :
les pieds, les mains, le visage et les parties… en allant faire… enfin on ne va
pas faire un dessin. Autant dire que ça fait des économies d’eau ! Depuis
le parcours vers Dakar, je ne prends plus de papier « hygiénique »
mais seulement 400 mL d’eau. Quand il ne fait pas trop froid (plus de 10°C),
c’est aussi très agréable de laisser ses pieds à l’air, sans chaussettes (c’est
préférable d’en avoir en laine plutôt qu’en coton ou en plastique, apparemment
ça irrite moins).
Dans le Sahel ou la savane australienne mais aussi les autres soirs, je
me brosse systématiquement les dents, à l’eau simple, et toujours pas de
caries… C’est vraiment utile quand il y a du sable dans l’air, pour éviter d’en
manger et d’avoir une indigestion ensuite (quand on a l’estomac fragile).
6) Les cartes :
Sur la route des USA, comme dans d’autres Etats (Royaume-Uni…), il
convient de faire attention aux échelles des cartes et de bien vérifier les
légendes pour être sûr de savoir si les distances sont exprimées en kilomètres
ou en miles ! Un mile équivaut à 1,6 km, il faut donc faire attention, la
distance entre deux points de ravito varie assez fortement en cas d’erreur, ce
qui peut arriver lorsqu’on utilise des atlas du monde (comme lors du second
trip en Amérique du nord où l’échelle en bas de page était en kilomètre alors
que les distance sur la carte était en miles).
7) Le matériel :
Il faut aussi savoir, ça peut-être utile pour recharger les batteries
photos ou des lumières, que les adaptateurs sont différents en Europe des
USA /Canada ou encore de l’Australie/NZ (et peut-être encore pour la
Chine…).
- Il y a peu de photos quand il pleut ou lorsque le temps est humide
pour ne pas abîmer l’appareil (cependant il existe des appareils waterproof
aussi). Quand c’est un temps très pluvieux j’enveloppe l’appareil dans une
pochette un peu cartonnée puis dans un ou deux plastiques et je le met dans le
sac à dos et non sur une poche latérale, le sac à dos est lui-même enveloppé
dans un couvre sac plus ou moins étanche, c’est donc tout un système pour prendre
une photo ensuite même si avec l’habitude ça va assez vite mais je ne préfère
pas trop prendre le risque de le tremper et évite donc de le sortir.
- Il faut faire attention au matériel et en prendre soin mais parfois
c’est difficile quand ça vient d’un problème de conception : par exemple
la casse régulière et trop fréquente de rayons sur une roue avant neuve. Ca
cause quelques ennuis, surtout pour réparer dans des zones désertiques (Sahara
occidental). Un bon matériel est donc important, tout autant que les ravitos.
8) En Afrique :
- D’un point de vue pratique, dans les Etats d’Afrique par exemple, il
est préférable de demander, lorsqu’on retire de l’argent dans une banque, des
petites coupures. Au Mali…, un café coûte 150 FCFA, ce serait très difficile de
rendre la monnaie avec un billet de 10.000 FCFA, c’est aussi ce qu’ils gagnent
en moyenne en 15 jours (soit environ 15€). Je prends aussi l’habitude au cas
où, le soir avant de dormir, de mettre dans un sachet ma CB ainsi que les
quelques billets que j’ai, l’appareil photo et le carnet « de bord »,
je le pose ensuite sur une branche d’un arbre ou dans un trou naturel ou dans
les broussailles à quelques mètres de là où je dors, je garde juste environ
l’équivalent de 50 € dans mon sac à dos.
- Il faut éviter ensuite d’acheter des fruits ou légumes quand il faut
les laver (je ne transporte pas assez d’eau pour ça) pour éviter les infections
bactériennes. Ainsi je privilégie les cacahuètes, bananes, oranges (qui sont
très bonnes dans ces pays, pourtant petites et avec beaucoup de pépins mais qui
ont un goût aussi). Quand on achète des aliments ou boissons, en Afrique ou
dans des contrées « campagnardes » avec peu d’habitants (l’Outback,
le centre des USA), c’est important de regarder les dates de péremption car
souvent des produits vendus sont périmés (parfois de plus d’une année).
- Prendre également l’habitude de s’arrêter plusieurs fois dans
différentes boutiques pour ne pas tout acheter au même endroit et donc de faire
des petits achats par ci par là. C’est rare mais des fois l’épicier essaye de
nous rouler. Comme d’habitude, il faut d’abord se mettre d’accord sur le prix
avant de sortir la monnaie et même de montrer où elle est. Une fois l’épicier
était d’accord pour 850 FCFA puis il changea le prix qui devient à 1.000 quand
je sortais le billet de 5.000, je n’étais pas d’accord et finalement le prix
est redescendu à 850 FCFA.
- Ne pas demander le prix mais dire « son prix » puis
marchander (ça peut être plus ou moins long parfois). Ne jamais montrer son
argent avant de payer, ne pas hésiter à dire qu’on n’a pas assez d’argent (il y
a toujours moyen de s’arranger), voyager avec un « vieux » vélo ou un
vélo « passe-partout » (repeint). Baisser le prix du vélo, dire qu’on
nous l’a offert…
- Eviter, sauf grosse envie d’aller voir, les sites touristiques dans
les Etats « pauvres » : il y a bien sûr plus de sollicitations
dans les zones très touristiques comme chez nous, en France, avec les
« marchands du temple ».
- Durant la traversée du Sahel, la nuit, il n’y a toujours pas de
moustiques, on en trouve en la saison sèche que dans les villes et les
villages, ils n’aiment pas trop la sécheresse apparemment (le froid ou le chaud
sec, mais une température de 20°C et de la « moiteur » comme en ville,
ça ils adorent), pourtant on me dit de faire attention mais ici, en campagne,
il y eu seulement deux nuits avec des moustiques et peut-être seulement deux
moustiques à chaque fois, contrairement à Zinder ou Niamey où les moustiques
sont bien fréquents Le paludisme vient sûrement du fait que les déchets
organiques ou plastiques stagnent dans l’eau des villes et villages, ça doit
faire une belle pourriture tout ça et ça doit être pire pendant la saison des
pluies et avec la chaleur !
- La perte de poids : à Zinder je me pèse, soit 66 kg, 7 kg de
moins qu’au départ (73 kg). En revenant d’Amérique du nord c’était 78 kg (+ 5
kg par rapport au départ de ce parcours aux USA-Canada). Ici en Afrique,
il y a de quoi manger mais très peu font du sport (il n’y a pas d’argent pour
les loisirs ni les infrastructures), c’est donc difficile de manger beaucoup
devant des gens qui ont à peine assez pour manger… et il faut donc se
« retenir ». Contrairement à quelqu’un qui voyage en voiture, en vélo
on entend tout…
9) Moustiques, pies et
fourmis :
- En Australie il y a des magpies qui vous « attaquent » en
tapant sur les têtes des humains, c’est assez surprenant la première fois
notamment dans une descente à 50 km/h. Ces pies doivent sûrement réagir par
instinct comme le ferait un chat vis-à-vis d’une souris, elles sont de la
taille d’un corbeau et de couleurs blanc et noir.
- Dans certaines contrées, il faut faire attention de bien refermer les
bouteilles d’eau… et mettre la nourriture entamée en sachet, voir finir ce qui
est commencé pour éviter d’avoir de « mauvaises surprises » le
lendemain par une invasion de fourmis !
- Dans les pays « nordiques », centre et nord de la Suède et
de la Finlande, nord de l’Allemagne, Pologne, Canada, il y a souvent beaucoup
de moustiques et autres insectes grattant… assez ennuyeux bien sûr, l’été, le
bonnet et l’écharpe sont donc utiles, cependant l’été étant plus court,
« tout s’arrête » à la mi-août (car il recommence à faire froid). De
plus, les régions bordées par les mers et les océans sont peu envahies par les
moustiques… car ce ne sont pas des lacs. Les moustiques disparaissent aussi
quand il fait trop chaud (+ de 30°C) ou trop froid (- de 10°C), de même quand
l’air est humide ou quand il y a trop de vent et de la pluie bien sûr. Ils sont
surtout là quand on est en mouvement, si on stoppe 30’ ou s’ils voient qu’ils
n’arrivent pas à piquer alors ils commencent à partir (mais il y en a toujours
beaucoup) ; enfin, ils n’ont pas l’air d’apprécier la fumée de cigarettes.
2ème
partie : L’apport des voyages :
Voyager implique forcément de faire des rencontres, qu’on le veuille ou
non, surtout en voyageant en vélo, les humains sont alors partout. Voyager seul
notamment permet de réfléchir à de nombreuses questions, à tenter de trouver
« sa » ou « ses » solutions et met en exergue des problèmes
que vivent les gens. Les us et coutumes étant bien différentes selon les
régions, il existe une belle disparité de façon de pensées et donc de cultures.
Voyager c’est aussi être dans la Nature, comprendre l’importance des enjeux
environnementaux et les risques qui pèsent sur la Nature et leur incidence sur
l’Homme évidemment qui ne peut s’en défaire sauf à payer un prix élevé quant à
son mode de vie. Mais peut-être ce risque pourrait devenir notre vie quotidienne
et est déjà présent dans la plupart des pays ! Presque à notre insu ?
Enfin voyager c’est mieux appréhender les enjeux géopolitiques et les
interactions entre les différents acteurs (gouvernements, organisations
internationales et ONG notamment). Et finalement se rendre compte peut-être que
la liberté des Hommes ne pourra être pleinement possible que lorsqu’une
Constitution internationale existera tout en préservant les cultures et
disparités des différents pays et en les protégeant de l’uniformise et de la
« pensée unique ».
Bien sûr chacun a ses expériences de voyages et chaque voyageur par sa culture…
est plus ou moins conditionné et arrivera à d’autres « conclusions ».
Section
1 : Des apports «géo et méta- physiques »
Voyager c’est d’abord se fondre dans la Nature. Quelle est-elle ?
Est-ce Dieu ? Quelles sont ses forces et ses « révélations » sur
Terre ? Comment se fait-il alors qu’il y ait autant de croyances et
religions dans l’espèce humaine ? Et comment se fait-il que l’Homme
prétende être au-dessus du règne animal et végétal ? N’est-ce pas se
placer à l’égal de Dieu alors et croire en notre supériorité à la Nature qui ne
serait elle-même que le reflet de Dieu, s’il existe ?
Ensuite voyager implique, plus concrètement, d’expérimenter la Nature,
c'est-à-dire de voir à quoi elle est confronter, réellement, dans sa chair, aux
nombreuses blessures qu’elle subit par les Hommes. Comment établir une bonne
protection de celle-ci sur les différents territoires ? Comment cette
protection peut-elle perdurer dans le temps ?
Enfin voyager c’est aussi avoir du « temps libre » notamment
pendant un long effort sur une longue durée qui permet, dans les grands
espaces, de réfléchir sur certaines questions. Quelle a pu être l’évolution
humaine ? L’éternelle question de savoir si l’Homme naît bon ou
mauvais ?...
1. Les « forces de la Nature »
On peut supposer que la Nature se compose de forces et bien sûr il
semble qu’il y en ai un certain nombre que l’on pourrait regrouper sous les
quatre éléments qui sont l’eau, la terre, le feu et l’air.
La Nature pourrait aussi être la création de Dieu, mais alors pourquoi
des religions ? Et quels rapports entre la Nature, Dieu, les religions et
les Hommes ?
1.1. Les Quatre éléments :
Ah, la Nature. Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça
signifie ? Est-ce Dieu ou quelque chose comme ça ? La Nature,
peut-être est-ce la réunion de quelques éléments : le feu, l’air, la terre
et l’eau ? Cette réunion créant sûrement la chance d’une vie, de la Vie.
Questions métaphysiques ou scientifiques, toujours est-il que l’on peut à
travers les paysages et la Nature distinguer ces quatre éléments, certains
pouvant bien sûr être mélangés les uns aux autres, souvent dans les milieux les
plus « reculés » et les moins habités par les humains entre autres.
I. L’eau :
Ressource
primordiale et excellente, quelle douceur et quel plaisir intense après avoir
enduré la torride sensation de la soif. Oui l’eau est un vrai bonheur et chaque
gorgée devrait être une histoire précieuse telle une histoire d’amour faîte de
simplicité et de complicité. Pourtant que de gaspillages constatés dans ces
voyages, que de rivières polluées par les Hommes. Est-ce que l’eau (potable),
cette source ultime de la vie, nourricière pour toutes les espèces animales et
végétales, sera un jour possédée par les seules multinationales ? Les
mêmes groupes polluants les rivières ? Est-ce encore une aliénation
camouflée ? Aucun Homme « préhistorique » ne pourrait plus
survivre (et vivre) dans notre monde « moderne » où la liberté de se
déplacer et de se nourrir existe de moins en moins ou plus du tout.
Bien sûr on
retrouve la source minérale dans diverses occasions lors de ces voyages
(rivières, cascades, pluie, neige, bruine, brouillard) et c’est toujours un
plaisir, maintenant, de la sentir dégouliner sur son corps, tel un cadeau du
ciel.
II. La terre :
1) La majesté des « Seigneurs de la
haute montagne » :
C’est souvent dans ces zones d’altitude que l’on retrouve une faible
densité de population, les routes sont donc peu fréquentées et les rencontres
plus prononcées. Le climat rude parfois est aussi plus agréable, monter,
descendre, c’est un vrai plaisir. La météo est aussi plus changeante et les
paysages plus surprenant sans doute même si ça dépend encore des goûts de
chacun bien sûr.
On peut citer sur ces voyages quelques massifs montagneux qui ont pu
être « traversés » : l’Atlas au Maroc (Moyen Atlas, Haut Atlas
et Anti-Atlas), les Alpes (en Suisse, en France et en Allemagne), les Carpates
occidentales (en Bohême, en Slovaquie), les fyords de Norvège (dans leur partie
méridionale), les magnifiques terres d’Iceland, les Mont Appalaches et le Blue
Ridge (dans l’est des USA), la Gaspésie (au Québec), les Rockies (les
Rocheuses) dans l’ouest des USA et du Canada, la Great Dividing Range en
Australie (dont les Alpes australiennes) et les Alpes du sud de la Nouvelle
Zélande. Il en reste encore beaucoup à « traverser » en vélo ou
à pieds: les Alpes orientales, les fyords septentrionales en Norvège, peut-être
l’Oural, l’Himalaya, les Andes et l’Altaï notamment.
Exemples :
- A la sortie du PN de Yellowstone, on est à près de 3000 m pourtant il
y a un peu de neige. A Yellowstone, c’est des sommets à 2500 m mais ils sont coincés
entre d’autres sommets à l’ouest et à l’est plus haut (à 3000 m environ) et au
sud par les hauts sommets du PN du Grand Teton, aussi ça doit faire une sorte
de cuvette où les nuages restent plus longtemps, stagnent et il neige… beaucoup.
- Dans la même journée, en Oregon, il y a eu les chaleurs sur un terrain
aride et semi désertique, la pluie et la neige dans la montée des Hood
Mountains puis de la grêle et la pluie froide avec de jolis arcs en ciel en
redescendant sur la vallée de la Columbia river en rejoignant la côte
pacifique. Cette journée a vraiment été incroyable, les conditions climatiques
aux USA n’ont rien de tempérées comme en Europe. Quel temps et quel
plaisir !
- Après avoir passé les Coast Range en Californie, je retrouve des collines
plus ou moins verdoyantes avec tout un dégradé de vert en passant du jaune au
vert clair voir assez foncé suivant l’orientation au soleil et au vent et donc
aux zones plus ou moins humides. C’est magnifique et ça fait si longtemps que
le vert redevient alors une de mes couleurs préférées !
- Après un ravito et la baisse de la chaleur dans la Death Valley à 17h,
je reprends la route, il est temps de sortir de cet enfer et il faut au moins
arriver à Panamit Springs situé après une montée dans la vallée suivante.
La Death Valley est une « erreur » de la Nature, c’est une vallée
désertique située à - 86 m sous le niveau de la mer alors que les sommets
alentours sont entre 1500 et 3000 m ! Du jamais vu. Normalement en
montagne partout j’ai pu constater que quand les sommets sont à environ 1500 m
la vallée est à environ 500-750 m et quand les sommets sont à 3000 m alors la
vallée est à environ 1500-2000 m d’altitude. Ici la vallée est à - 86 m !
C’est un ancien lac salé qui est resté enfermé et s’est asséché lorsque la mer
s’est retirée progressivement lors de la formation des Rocheuses (j’en
rencontrerais d’autres, plus tard, en remontant par le nord de la Californie et
l’Oregon).
2) Le calme des déserts ?
Plusieurs régions désertiques ont pu être traversées : le Sahara,
la savane sahélienne, la savane australienne, les déserts de Californie (Death
Valley). Ces étendues sont souvent un moment fortement attendu par la magie
qu’elle réveille, quelle sensation d’être seul au monde, d’avoir une horizon
infinie. Il ya donc une certaine exaltation lorsqu’on traverse, en vélo ou par
tout autre moyen ces parties du monde !
Exemples :
- Après Valley Village, la route est reprise au cœur de la Death Valley
en Californie et de son parc national (qui englobe deux autres vallées désertes
adjacentes) mais seulement pendant 40 km, l’air est lourd, il fait chaud, le
vent est un peu plus fort et de côté ce qui est gênant. Par chance, le petit
village d’après possède un magasin, j’en profite pour m’y reposer, acheter à
boire car sur 40 km j’ai déjà bu 2L sur les 4L en réserve. Je décide donc
d’attendre 17h pour repartir, je me pose à l’arrière de la boutique pour
normalement être protégé du vent mais celui-ci se lève encore et ça tournoie
dans tous les sens, nulle part on est à l’abri, la sensation de soif est
toujours grande, bonnet et écharpe sont de rigueur, je comprends mieux l’enfer
qu’ont du vivre les expéditionnaires disparus à jamais, morts dans la recherche
d’une route à travers ce désert au XIXè s. Une tempête de sable vient de se
mettre en route, une heure après être arrivé dans ce petit village avant le
village de Panamit Springs. J’attends patiemment et récupère des forces, je
discute aussi avec deux touristes polonais qui sont heureux quand je leur dis
que c’est bien que la Pologne soit membre de l’UE, ils aiment l’Europe tout
autant que moi !
- Sur la route pour rejoindre Hoover Dam, sur le Colorado, je me
retrouve avec un bon vent de face, de plus la chaleur est éprouvante, c’est une
deux fois deux voies et je prends la shoulder (la bande d’arrêt d’urgence), c’est
la seule route conduisant à Las Vegas, où il y a deux crevaisons à cause de
morceaux de verre encore, il n’y a rien d’autres sur 120 km entre Kingman et
Hoover Dam, heureusement il y a tout de même un ravito où des américains me
demandent ironiquement si j’ai pas trop chaud avec mon écharpe, je leur répond
avec la fatigue que si je n’avais pas cette écharpe l’air est chaud, que ça
brûle les poumons, la gorge et que si j’avais pas des manches longues le Soleil
brûlerait la peau. Bien sûr ils n’ont jamais fait 10h de vélo sous 30-40°, sans
avoir l’occasion de trouver des ravito à convenance, ils sont surpris de ma
réaction puis comprennent lorsque je leur fais le rapport avec les gens qui
vivent dans le désert, les nomades berbères ou touaregs où seuls les yeux
passent, les tempêtes de sables existent aussi aux USA !
III. Le feu :
1) Les couleurs de la faune et de la
flore :
Oui, on peut se demander ce que la faune et la flore font dans la
« catégorie » du feu ? Et bien, tout simplement, en dehors de la
période de l’hiver, au printemps jusque l’automne, les fleurs apportent une
incroyable gaîté grâce à leurs couleurs et à toutes leurs variétés, leurs
odeurs. C’est un grand plaisir pour le cycliste voyageur lors de longues
distances (même les déserts et zones arides fourmillent d’insectes et de
plantes aux formes étranges) ou en grimpant un col de pouvoir les admirer et
les sentir.
Le feu donc car la faune et la flore éblouissent les sens des
Hommes : l’odorat, le touché, l’ouïe par les chants des oiseaux (quelle
drôle d’idée de se balader avec un baladeur de musique), le goût (on y
gouterait presque tellement les parfums peuvent parfois nous imprégner) et la
vue éclatante : quelle chance pour toutes ces belles couleurs à voir
: violet, rose, vert, jaune, rouge, orange, bleu... de tous dégradés !
Exemples :
- Aussi c’est un grand plaisir, surtout pendant les saisons du
printemps, de l’été et de l’automne, de regarder la faune (petite ou plus
grosse, terrienne ou aérienne) se « promener » dans la Nature, hors
d’un zoo bien sûr (il faut que les Hommes prennent plus de temps pour le temps
plutôt que de se presser dans des zoos), de voir les libellules, papillons, abeilles
et autres insectes se promener dans les herbes vertes ou jaunes pâles, les
chiens de prairies mais ils sont très furtifs, les cerfs, wapitis, mouflons
d’Amérique et ours noirs (dans les Rockies, au Canada), des écureuils, canards,
crapauds, des chevaux, des chameaux, scorpions, araignées, petits serpents,
voir des faucons ou des aigles décollés en arrivant et en les surprenant (sans
le faire exprès)…
- Bien sûr tout cela est plus difficile à voir en voiture et les sons
sont impossibles à entendre alors. Seul sur la route, en vélo, le matin de
bonne heure, on peut entendre une multitude de bruits provenant de la forêt
(chants d’oiseaux, craquements de branches, pluie dégoulinante, grenouilles,
hiboux…) avec des paysages magiques comme dans le Maine, aux USA, aux abords
des Monts Appalaches, avec de très nombreux lacs de montagnes (dont les sommets
sont souvent couvert par les nuages).
- Aux USA toujours dans les grandes plaines entre Yellowstone et les
grands lacs, certaines journées sont de vrais jours de chants (ça change des
jours où il n’y a pas d’oiseaux ou aucun bruit mis à part celui des voitures ou
du vent de face). Il y a beaucoup de rencontres avec de drôles d’oiseaux qui se
caractérisent par leurs chants, d’où des noms que je leur donne : l’oiseau
« espion » car quand il chante on a l’impression qu’il fait du
morse ; l’oiseau « suiveur » à col jaune-orange, il fait aussi
un peu comme du morse mais il n’est pas tout de plumage noir comme l’oiseau « espion »,
c’est bizarre quand je passe et qu’ils sont sur un fil électrique alors ils
s’envolent pour passer et repasser au-dessus de moi et ainsi de suite, ils me
suivent sur une centaine de mètres puis retournent sur leur fil. On trouve
encore l’oiseau « rieur » qui est mon préféré (il a un rire moqueur
qui met de bonne humeur, le rire est bien communicateur) avec son col blanc et
des dessous d’ailes blanches également ; enfin on trouve encore l’oiseau
« amoureux » qui fait des bisous quand il chante. Il y a toujours
bien sûr des corbeaux !
- Un matin, après une drôle de nuit avec la pluie jusque 4h30 en
Nouvelle Zélande, quand la pluie s’arrête il y a un drôle de remue ménage, je
reçois un peu comme des coups sur la tête et le côté du sac, plusieurs fois je
regarde s’il y a une bête mais rien puis une autre fois je m’aperçois que la
plaque de chocolat qui restait dans une poche extérieure du sac est entrain
d’être picorée ! Sans doute un oiseau, si c’était un rongeur je l’aurais
vu. Ici il y a des petits oiseaux qui n’ont vraiment pas peur et ils sont un
peu « pique-assiette », comme la plaque est déjà
« attaquée » je l’enlève du sac et la lance plus loin, ensuite plus
rien, je peux redormir tranquillement et sans la pluie.
- En Nouvelle Zélande comme dans certaines régions d’Australie…, il y a
beaucoup de moutons et de vaches, c’est dommage car il n’y a plus de forêts sur
ces hautes collines. Mais on trouve de très jolis oiseaux aux nombreuses
couleurs dont la plupart sont des perroquets. Ils sont souvent assez furtifs,
c’est donc difficile de les prendre en photo, il y en a des vert, rouge,
orange, jaune, bleu et rouge, vert et rouge, jaune et bleu, bruns et blancs.
Les oiseaux les moins fuyants sont les magpies, ce sont des pies qui s’amusent
à vous taper sur la tête en vous pourchassant, charmant, une australienne me
raconte que chaque année il y a des accidents et qu’il faut parfois protéger
les bébés et que des adultes ont parfois le droit à un séjour à l’hôpital.
2) Un beau mélange des 4
éléments :
Lors d’une étape de 240 km environ en Iceland (l’Islande), les paysages
étaient très variés : montagnes, fjords, cascades, nombreux glaciers,
rivières torrentueuses, volcans, geysers, lacs… Peut-être y a-t-il de quoi
faire la chimie de la vie ? Cette étape était vraiment grandiose,
magnifique, pharaonique, c’est difficile de la qualifier tant elle restera une
de ces étapes inoubliables. Elle a regroupé les quatre éléments qui ont sans
aucun doute donnés naissance à un type de vie : le feu avec les volcans, geysers,
laves, le souffre ; la terre, bien sûr, avec la surprise de voir des
dunes ; l’air avec toujours ce vent, l’élément primordial pas seulement
pour le cycliste mais aussi pour l’érosion, les sécheresses… ; et l’eau
avec la neige, les nuages et toute cette humidité.
Ce matin là je pars avec le vent favorable, il fait même chaud, c’est
environ 150 km autour de zones volcaniques encore en activité et des geysers,
paysages désertiques sans aucune ferme (mais je vois cinq brebis errantes là
autour d’une marre) puis c’est 70 km dans les montagnes avec un vent de
travers, pas vraiment favorable, montagnes où il règne un climat aride et le
ciel commence à se couvrir. Ensuite je longe une vallée sur 40 km, c’est dur
avec le vent de face du NE ; et encore 20 km pour aller au sud et avec le
vent de dos cette fois pour rejoindre Egilsstaôir où après 190 km je prends mon
premier ravito ! Ca faisait longtemps que ce n’était pas arrivé.
Ensuite il reste à choisir, je peux soit prendre la route 1 et faire un
détour aussi de 100 km en longeant des fjords ou soit prendre la route directe
(65 km avec 40 km de gravel road) pour rejoindre directement la côte sud de
l’Islande et l’Atlantique à travers les montagnes. Et ce sera bon pour cette
dernière même s’il se met à pleuvoir, car le vent est de dos, c’est dommage
qu’il ne fasse pas beau mais la route est magnifique : sur environ 25 km
de pistes avant et après le sommet il y a des centaines de cascades, des
torrents…, l’eau a une puissance incroyable et quel vacarme ! Je suis dans
les nuages ! Au sens propre comme au sens figuré ! Il y a une très
forte humidité et beaucoup de photos sont ratées, j’ai vraiment l’impression
d’être sur une autre planète, dans un autre monde. Loin de tout, seul. Je
croise la dernière voiture (je n’en vois que cinq après Egilsstaôir) à 00h30,
ce sont des canadiens québécois en visite de famille en Islande qui s’arrêtent
pour me demander si tout est ok… et après il n’y a plus qu’une seule voiture à
3h30 dans la descente.
On y voit assez clair mais la piste est très dangereuse presque dans
toute la descente et surtout les virages avec les gros cailloux, il faut donc
marcher dans les tournants. Le vent est dans le dos, il y a peu de circulation,
tout ce qu’il faut comme ravito, je ne regrette pas ce choix et de toute façon
d’après la météo le temps au nord de l’île allait être pire qu’au sud où il
pleut quand même mais moins (les nuages venant du NO et restant bloqués en
partie dans les montagnes). Sur le trajet, sur la « piste », je pensais
aussi aux premiers tours de France quand la route n’était pas encore
goudronnée, ça devait être épique surtout qu’ils étaient en totale autonomie.
Le matin, je m’arrête à 5h environ pour le dodo après une « journée »
de rêve !
IV. L’air :
1) Le sens du vent :
La règle veut que le vent aille du moins chaud vers le plus chaud (du
plus froid vers le plus chaud) et ça marche.
Exemples :
- Le vent vient toujours de l’ouest avant le Mississippi car le Soleil
se lève à l’est et ça se calme en fin de journée comme je l’observe souvent, de
même c’est calme tôt le matin puis ça augmente avec le Soleil et le
réchauffement. Pour la côte est de l’Amérique du nord c’est plus complexe avec
les Monts Appalaches, les grands lacs et l’influence océanique. Pour les USA et
le Canada, à l’ouest du Mississippi, il y a aussi les Rockies situées à l’est
toujours plus froides que les grandes plaines situées à l’ouest ce qui renforce
la dominance ouest du vent.
- Pour la savane et le Sahel, l’hiver le vent vient toujours du NE car
c’est plus froid au Sahara et plus chaud dans les régions de Guinée ; pour
l’été, c’est le contraire, le vent vient toujours du SO car c’est plus frais en
Guinée (océan), la terre a basculé aussi et le Sahara plus au nord est
maintenant plus chaud. Ca peut se comprendre peut-être par la position de la
Terre qui change sur son axe et son rapport avec le Soleil (les jours sont plus
longs au nord l’été).
- Pour l’Europe cette théorie fonctionne aussi (pour les
prédominances). En hiver le vent vient souvent du NE car il fait plus froid en
Sibérie et en Arctique et plus chaud près de l’océan Atlantique et de la mer
Méditerranée. En été c’est encore le contraire, il fait plus frais près de
l’océan et plus chaud dans l’intérieur des terres (il fait souvent plus chaud à
Strasbourg qu’à Brest, c’est le contraire l’hiver) et donc le vent vient plus
souvent du SO. C‘est plus variable en Europe car il y a de grandes mers
intérieures (la mer Méditerranée, la mer Baltique, la mer Noire et aussi de
nombreux massifs montagneux plus ou moins distants les uns des autres), le continent
est étriqué d’où ce climat tempéré globalement (il n’y a pas de grands écarts
de T°C, on a de la pluie toute l’année…). En fait il suffisait juste de mettre
à grande échelle ce qu’on observe à petite échelle sur un fleuve : le matin le
fleuve est plus froid que la terre qui se réchauffe d’abord, il y a donc une
brise et un vent s’écartant du fleuve produisant la fameuse brume matinale ;
le soir c’est le contraire, la terre est plus froide que le fleuve qui met plus
de temps à se refroidir.
- Dans l’avion du retour de l’Australie vers l’Europe comme on va vers
l’ouest, je demande au stewart si le vol est plus rapide comme la Terre tourne
dans l’autre sens du trajet de l’avion, celui-ci m’apprend qu’en fait il y a un
vent qui vient toujours de l’ouest donc de face sur ce vol, le temps de vol est
donc identique. Encore donc une preuve que le vent va du plus froid vers le
plus chaud puisque le Soleil se lève à l’est. Pourtant on vole à environ 10.000
m d’altitude (plus haut que l’Everest) avec -50°C à l’extérieur, à près de
1.000 km/h pour 700 tonnes je crois.
- En Australie, le vent tourna dans le sens est-nord-ouest-sud dans
l’Outback (région qui constitue la majeure partie de l’Australie), entre
septembre et décembre, toujours dans ce sens, peut-être cela s’explique-t-il
par le fait que l’Australie est une « île » bordée de mers et
océans ?
2) Le « Dieu » vent :
Il peut être le meilleur allié comme le pire ennemi du cycliste. Le
Soleil (et la chaleur), les déserts, la pluie, la neige… ne sont rien quand on
a le vent dans le dos. C’est bien le contraire quand on l’a de face bien sûr
(air chaud, sensation de froid plus importante encore quand la température est
froide, humidité plus importante quand il pleut, difficulté de pédaler
accentuée avec le vent de face).
Au-dessus de 100 km/h en rafale, ça devient très difficile de rouler en
vélo sauf si le vent est bien de face (c’est alors très très dur mais possible)
ou de dos (très facile et même un peu dangereux en cas de virage car on roule
sans même pédaler) ou en agglomération ou encore en forêt (mais risque de chute
de branches) et parfois dans certaines vallées. Si le vent est à plus de 120
km/h alors c’est tout simplement impossible de rouler, le vélo ne tient pas et
le cycliste se fatigue très vite. C’est donc très difficile de rouler surtout
dans les régions de savane (en Afrique dans le Sahel ou en Australie dans
l’Outback) car il y a peu d’abris.
Le vent serait-il le responsable du climat ? Et par conséquent le
vent serait le responsable de ce que l’on trouve comme flore et donc aussi
comme faune (bien sûr, excepté dans les zones montagneuses et autre zones
spécifiques de microclimats). En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il semble
être le responsable de toutes les conditions climatiques qu’on retrouve sur ces
régions (seule l’altitude peut faire varier celles-ci), de la faune et de la
flore. Je ne sais pas si dans la mythologie grecque ou romaine il y avait un
dieu pour nommer le vent et sa force mais il le mériterait. Il n’y a qu’en
Europe, je crois, où le vent peut venir à n’importe quelle saison dans
n’importe quelle direction et c’est le seul endroit au monde où il y a un climat
tempéré peut-être. Le responsable serait le vent, variable ?
1.2. Dieu, la Nature et les Hommes ?
Pourquoi si Dieu est le créateur de la Nature les Hommes ont plusieurs
religions et croyances ? Certaines étant très anciennes d’autres plus
récentes.
Pourquoi l’Homme prétend que Dieu est le créateur de la Nature et de
tous les règnes animaux et végétaux ? Pourquoi l’Homme en serait
supérieur ? N’est-ce pas une création de l’Homme ? Une belle
fiction ? Ou est-ce que Dieu existe vraiment ? Alors pourquoi les
Hommes se le déchirent
I. Un Dieu, des religions :
Dans les différents Etats traversés en vélo, j’ai facilement pu
constater que beaucoup de personnes croient, d’une manière ou d’une autre.
- En Afrique subsaharienne (et notamment dans le Sahel), beaucoup de
personnes croient encore aux forces et aux esprits, sans doute sont-ils plus
animistes que musulmans.
- Aux USA et au Canada dans une moindre mesure, beaucoup de personnes
sont aussi croyantes et le montrent assez ouvertement (comme au Maroc ou en
Mauritanie où il est fréquent de voir les musulmans prier dans la rue ou
arrêter leurs voitures au moment de la prière pour descendre et prier au bord
de la route). Il n’y a qu’en Europe, apparemment, où la religion pèse moins sur
les personnes (même si beaucoup de monde va encore à la messe et dans les
églises pour prier en Pologne ou dans les Etats baltes).
- En Afrique et surtout au Maroc ou en Mauritanie, on me demande
beaucoup quelle est ma religion, bien sûr je ne réponds pas athée (c’est un
crime, je serais un mécréant, comme une musulmane qui se marierait avec un
chrétien), je dis donc que je suis chrétien (puisque baptisé…) même si je tente
de faire admettre que c’est surtout culturel et par tradition, au moins un
chrétien croit en dieu ( c’est moins grave qu’être athée) et Jésus est aussi un
des prophètes chez les musulmans qui le reconnaissent mais pour eux il s’est
trompé et Mahomet est venu pour corriger cela (c’est le dernier des prophètes).
Certes tous les pays n’ont pas été visités, cependant, de manière
générale, les Hommes croient, ils sont bien plus nombreux que les non croyants.
Mais les disparités sont très importantes : il y a par exemple de très
nombreuses églises protestantes aux USA. La liste est impressionnante ! Dans
les villes et les villages, on retrouve souvent beaucoup d’églises car il y a
de multiples confessions protestantes, le « bordel » :
presbytériens, baptistes, premiers chrétiens, épiscopal, évangélistes,
réformistes… et aussi les catholiques. Sans doute y a-t-il beaucoup d’argent à
se faire ?
D’une manière plus positive, les religions sont peut-être des moyens
pour les Hommes de ne pas succomber aux « démons » et à leurs
instincts d’ « animal sauvage », euh, non, je devrais plutôt
dire à leur instinct humain, tout simplement, car les animaux sauvages ne tuent
jamais pour l’argent ou le plaisir. Les religions peuvent aussi servir de
repères, elles ont sans aucun doute toujours un droit positif à être un facteur
de moralisation d’une société et de lien culturel entre les habitants d’un même
territoire, malheureusement elles peuvent être aussi dans leurs extrêmes un
risque de dissociation d’une communauté humaine, sur un même territoire.
Il y a aussi une folie des Hommes avec le clonage, par exemple lorsque
l’on se prend pour Dieu, d’avoir la vie éternelle ainsi que pour ses
« proches », pas besoin d’avoir des enfants, régénération
artificielle. On pourrait vivre dans ce monde contre nature, contre
l’évolution. Quel caprice et égoïsme. Vive la chasse et la pêche, on
comprendrait mieux les choses et on ferait de nouveau la prière avant de manger
des choses saines. L’éthique est souvent basée sur des fondements religieux et
elle imprègne encore le droit positif. La religion reste et restera sans doute
un moyen important pour limiter les risques et dérapages.
II. Quelques anecdotes
« religieuses » :
- Aux USA, un américain d’origine écossaise et donc catholique veut
m’offrir une croix et m’inviter chez lui (comme c’est loin de ma route prévue,
je refuse poliment, comme pour la croix). Avec étonnement d’abord, puis avec
habitude, on se rend compte en voyageant qu’on nous demande souvent si on est
croyant.
- Quelqu’un peut proposer, comme c’est arrivé aux USA un soir alors que
je cherchais à manger dans une petite ville, pour l’accompagner à venir à une
messe, ici c’est un baptiste (n’importe qui peut devenir pasteur aux USA et il
y a beaucoup d’églises à vendre, elles se situent assez souvent près des
centres commerciaux) mais l’église est située à 30 miles de là et la
« messe » dure 4h ! Il est aussi 21h et je n’ai toujours pas
mangé, je refuse donc mais j’en profite pour lui demander pourquoi il y a
autant de types d’églises différentes ; sans doute pour l’argent ? Il
ne me répond pas et fait mine de ne pas comprendre (solution de faciliter face
à un étranger parlant une autre langue d’ailleurs ça m’est aussi arrivé de
faire de même pour ne pas être ennuyer, et d’autres m’ont aussi fait le coup),
on se sépare ainsi…
- Dans un village du Sahel au Mali où je fais une pause, je parle bien
avec deux mauritaniens (on est très près de la frontière avec ce pays), ils me
disent que je ferais un bon musulman (décidément, on m’avait dit la même chose
en Mauritanie un an auparavant), comme d’habitude c’est mieux de dire que l’on
croit en Dieu car ce serait très grave de dire qu’on est athée, je reste donc
ici et à l’étranger en général, plus qu’en France, un chrétien catholique. On
parle beaucoup ensemble, ils croient que pour les chrétiens on peut coucher
avec n’importe qui avant le mariage, qu’il y a en « Occident »
beaucoup de débauches et que les chrétiens peuvent se droguer… Je leur réponds
que c’est faux, les chrétiens et les catholiques ne doivent pas avoir de
relations sexuelles avant le mariage et ne peuvent boire à l’excès, les
mariages homosexuels sont interdits par le Pape et les divorces ne sont pas facilement
reconnus par l’Eglise (on ne peut se marier devant le curé qu’une fois et un
divorce religieux est bien plus difficile qu’un divorce civil). Ils sont
étonnés et ils ne pensaient pas que c’était aussi strict et ils me disent que
c’est comme l’Islam alors. Je leur explique aussi la laïcité (pas de signes visibles
religieux dans les endroits publics, distinction entre les lois de l’Etat et
les règles religieuses) et qu’il y a une tolérance en France pour les musulmans
(liberté de cultes…) et qu’ils sont 6 millions, je leur demande combien ils
sont en Mauritanie et ils me répondent 3 millions, je suis heureux de leur dire
qu’alors il y a plus de musulmans en France qu’en Mauritanie ! Ils me
disent que l’Islam et le christianisme sont très proche, je leur réponds que
oui, aussi le judaïsme mais ils me disent que là non c’est différent (je ne
connais pas bien le contexte mais il faudra encore apprendre car les préjugés
ont la vie dure). On se quitte car il faut que je continue de rouler mais ils
avaient soif de parler et m’offrent aussi bien sûr le thé, grande marque
d’hospitalité chez les musulmans. Enfin, on peut regretter que la religion (et
les préjugés surtout) cause autant de dégâts dans le monde alors que les forces
de l’Univers sont gigantesques et les Hommes s’embêtent parfois pour peu de
choses, pour des controverses qui ne devraient pas avoir autant d’importance.
Lorsque je dors le soir après avoir manger un bon repas (macédoine de légumes,
mayonnaise, pain…, tous importés bien sûr de Côte d’Ivoire ou du Maroc sauf le
pain qui est excellent), dans la savane, sous un ciel étoilé, tout cela paraît
bien dérisoire.
III. Les beautés naturelles, le calme des
grands espaces et l’envie de faire corps avec la nature :
1) Quelques moments
« merveilleux » :
- Avant de dormir près du chemin de fer et de la gare de Jasper alors
que j’écris mon journal de bord/carnet de route, trois wapitis s’amènent pour
brouter l’herbe, quel spectacle incroyable ! Ici ils sont en pleine
liberté, le pays est leur territoire, l’Homme n’est qu’un invité (on ne pense
pas la même chose dans nos Pyrénées malheureusement), c’est interdit
d’approcher les animaux sauvages et de leur donner à manger pour ne pas qu’ils
s’habituent à l’Homme afin qu’ils gardent leur peur naturelle des Hommes. Mais
chaque année les rangers du parc abattent des animaux devenus trop agressifs à
cause des Hommes ainsi il est aussi interdit de s’arrêter avec la voiture
lorsqu’il y a un ours sur le bas côté… ce que bien sûr les humains ne font que
rarement comme j’ai pu le constater le lendemain. Les trains de marchandises (il
y a deux compagnies au Canada : la Canadian Compagny et la Pacific
Compagny) doivent prendre leur temps pour démarrer et attendre que les wapitis
aient bougé, ils sont qu’à 20 m de moi !
- Un soir, comme ça a pu arriver de nombreuses fois et comme je
l’espère cela arrivera encore, après avoir passé quelques lacs presque
totalement à sec, je dors dans le désert, c’est très plaisant dans ces lieux
d’observer les étoiles ainsi que la Lune après qu’elle soit levée, le ciel est
très clair. Le levé du Soleil est tout aussi splendide. Quel calme ! La
nuit je vois souvent des étoiles filantes, c’est l’avantage des zones «
désertiques » et certaines sont vraiment magnifiques avec un filament qui
brûle comme une poudrière, c’est bien mieux et plus magique qu’un feu
d’artifice, rien ne remplacera la beauté des astres, encore faut-il avoir
l’occasion de les admirer ce qui n’est pas forcément le cas dans les villes
bien sûr !
- Dans la savane africaine ou australienne, j’ai vraiment l’impression
de traverser un océan, c’est très monotone et lassant contrairement aux déserts
où je n’ai jamais eu ce sentiment mais plutôt une excitation, une satisfaction
d’avoir l’impression d’être comme seul au monde ou sur un autre monde, il y a
quelque chose de magique et de majestueux, les vues sont souvent aussi plus
lointaines vers l’horizon (ce qui n’est pas le cas dans les savanes ou les
forêts boréales de Laponie ou du Canada). Je pense que ce serait la même chose
pour la traversée d’un océan ou d’un désert de glace.
- Un matin, alors que je dors près de l’océan Pacifique sur la côte
californienne, de petits lapinous qui faisaient du bruit la nuit se montrent et
tournent autour, étant encore endormi, c’est un peu comme dans la Belle au bois
dormant ou Blanche neige. Il y eu une scène à peu près similaire dans le Bush
australien en se réveillant le matin et « surprendre » un kangourou
(le premier que je voyais) entrain de manger tout en restant là sans trop
bouger ensuite pour en observer une petite dizaine tout autour du lieu du dodo,
pendant presque une heure, une autre très belle surprise !
- En Islande, juste au sud du cercle polaire Arctique, je vérifie si le
Soleil se couche, eh ben non, c’est un drôle de phénomène. Il y a à la fois le
couché et le levé de Soleil puis les deux se réunissent, les nuages semblent
être attirés vers le « nord » en amas et le « jour »
revient. Vers 2h du matin, le Soleil n’indique pas l’ouest mais le nord. On se
sent presque sur le toit du monde à ce moment là alors qu’en Antarctique ce
sont des aurores australes car il ne fait pas jour mais nuit presque tout le
temps.
Ainsi, peut-être peut-on en tirer une théorie des grands
espaces selon laquelle moins il y a de densité de population et plus les
Hommes sont calmes et moins agressifs apparemment. Les guerres seraient donc
faîtes inconsciemment là où il y a le plus d’habitants ce qui donne des morts
et moins d’habitants et la possibilité de continuer à « vivre » avec
les ressources disponibles ? La guerre serait donc la conséquence de la
surpopulation et un moyen pour préserver la vie ? Enfin, l’Europe a trouvé
un autre moyen par les colonies et ça n’a pas évité les guerres !
2) Rencontre avec les loups :
A 3.050 m d’altitude, au Nouveau Mexique, dans les Rockies, moment
magique, sans doute la plus belle des rencontres de tous ces petits
vagabondages, pour le moment, inoubliable. La veille, arrivé à Taos, je vais au
magasin de vélo qui ouvre en fin de matinée pour y acheter des chambres à air,
le tenant du magasin de vélo est vraiment très sympa, il a fait en vélo, avant
d’ouvrir son magasin, un parcours entre l’Alaska (Anchorage) et la Floride, un
tour en Europe et au Mexique, il me demande où je vais et il me renseigne sur
la présence d’un campground (même si j’y vais jamais) au bord d’un lac situé à
peu près au sommet d’un col où la route doit passer (sans le savoir ce sera une
info assez précieuse).
Lorsque je reprends la route il est déjà assez tard, le vent est
toujours bien de face assez fort puisque je ne fais que du 20 km/h en descente
et du 10 km/h en faux plat montant, du 13 km/h sur le plat, on est toujours sur
les hauts plateaux arides du Nouveau Mexique. Je passe les gorges du Rio
Grande, c’est déjà impressionnant mais incomparable au Grand Canyon du
Colorado, puis j’arrive au village de Tres Pedrias où je pensais trouver un
ravito mais tout est fermé. Ca va donc être juste pour les provisions.
De plus la route 64 est fermée pour une raison inconnue, c’est juste
indiquée tendance à la neige et au vent sans autres précisions (pour la neige
je suis très septique car sur les hauts plateaux il fait très beau depuis plus
de quatre jours). En regardant la carte routière, c’est possible de faire un
détour par le nord mais il faut aussi passer par un col à la même altitude (à
environ 3000 m) sans savoir aussi si la route est ouverte ; l’autre choix
serait de descendre au sud pour contourner le massif montagneux en passant par
Santa Fe ce qui prendrait deux jours supplémentaires pour rejoindre ensuite la
route prévue et il faudrait aussi prendre l’autoroute ; enfin, une
dernière possibilité, retourner à Taos pour prendre plus de ravito et repartir
le lendemain, le lundi, pour passer le col par le nord.
Je repense à l’étape sur le Blue Ridge où la route était fermée,
j’étais tout de même passé et tout s’était bien terminé (la route y était
fermée à cause d’un feu de forêt). Je décide donc encore de tenter le coup
après avoir tout de même demandé à quelques personnes s’ils étaient au courant
ainsi qu’à quelques automobilistes (mais sans résultats). Je commence donc le
long faux plat. Le passage de la montagne doit se faire en deux fois, un
premier pass puis une vallée puis un second pass juste après le lac où il y a
le campground. Peu de temps après il y a un poste de ranger mais il est fermé
et il n’y a pas d’autres renseignements mis à part une photo avec un loup,
peut-être y en a-t-il dans cette forêt de Carson ? Je continue donc et
grimpe facilement le premier pass, toujours pas de neige, j’arrive dans une
vallée encaissée un peu protégée du vent grâce au massif forestier, sur 20 km
je reste dans cette vallée tout en poursuivant mon bonhomme de chemin, la neige
apparaît sur les côtés mais bien éloignée de la route. Ensuite je croise un
automobiliste qui fait demi-tour, il me demande où je vais, je lui réponds et
il me dit qu’il y a un mètre de neige sur la route et que le pass est fermé
(mais celui du nord est ouvert), je suis étonné vu le joli temps et lui demande
sur combien de miles il y a de la neige, il me répond sur 5 miles environ. Je
lui demande alors s’il était à ma place s’il le passerait à pied, il me regarde
dubitatif puis il me répond que non, on éclate de rire et je fais donc
demi-tour tout en le remerciant.
J’entame le demi-tour puis je me rends compte en regardant à nouveau la
carte que si je passe par l’autre pass plus au nord, qui est ouvert, alors il
faut encore faire 100 km de détour sans savoir s’il y a un ravito sinon il faut
retourner à Taos car le jour est déjà bien avancé. Je réfléchis et me dis que 5
miles (soit environ 8 km) sont faisables à pied en deux bonnes heures, la neige
pourra toujours servir pour s’hydrater, de plus en regardant sur la carte je ne
dois plus être très loin du 2ème pass, le type du magasin de vélo de
Taos m’avait dit qu’au sommet il y avait un campground (ce qui pourrait alors
être utile pour dormir) et qu’après c’était une grande descente (donc de
peut-être 20 km ?). Il reste 50 km pour arriver par cette route au
prochain ravito sinon c’est encore 150 km de vélo (100 km de détour en passant
par le pass ouvert plus au nord ce qui me semble très difficile vu ce qu’il
reste à manger et à boire : une vingtaine de bonbons, ½ L de coca, ½ L
d’eau et une barre de céréales) et il faudrait repasser sur les hauts plateaux
où il fait aussi bien plus chaud.
C’est donc après 5 km un nouveau demi-tour, plus décidé que jamais de
passer ce col. La route se poursuit avec de plus en plus de neige mais il n’y a
rien d’inquiétant, j’économise la nourriture et je fais attention à l’eau. Le
soir, toujours pas de route bloquée, j’aurais voulu passer ces 8 km de route
enneigée avant et un peu pendant la nuit pour être tranquille le lendemain car
on perd plus de force pendant la nuit (surtout quand les températures sont négatives)
et je ne voulais pas en utiliser trop le lendemain, le GPS indique pourtant
3000 m d’altitude, le col doit être à 3050 m d’après la carte mais il n’y a
toujours pas de route bloquée même s’il y a de la neige partout à présent.
A l’heure de la nuit j’arrive au campground et décide alors de m’y
arrêter après quelques hésitations donc mais le campground (bien sûr fermé)
pourrait peut-être m’offrir un bon endroit pour dormir. Je commence donc à y
entrer (sur la neige) et à inspecter ce petit camping de désert de glace et de
neiges, c’est une drôle expérience, cela fait longtemps que je n’ai plus été à
la neige. La dernière fois remonte à il y a 15 ans et je réapprends à marcher
dessus, aussi parfois je m’y enfonce de plus de 50 cm sur un pas ! En fait
après je m’aperçois que si on marche sur de la neige bleutée et ondulée, c’est
qu’elle est gelée, on ne s’y enfonce pas alors que si la neige est bien blanche
et non ondulée c’est qu’elle est poudreuse et là on s’enfonce de 50 cm !
J’y ai aussi une belle vue sur Hope Well Lake (gelé) et aperçois pas très loin
un petit abri, idéal pour dormir, et en plus il est ouvert du côté opposé au
vent, c’est un endroit parfait pour cette nuit ! Après y avoir posé le
vélo, je fais encore quelques mètres sur la neige craquelant comme des morceaux
de verres pour voir s’il y a autre chose.
Bref, vers 19h me voilà fin prêt pour dormir, un feu a aussi été fait
dans cette cabane et il y a plusieurs traces de motoneiges aux alentours, je
repense aussi au loup vu sur la photo et, est-ce l’instinct ou le lieu qui s’y
prête, j’ai l’impression qu’ils sont là et que je vais en rencontrer cette
nuit. Ca fait un peu peur et ça donne en même temps envie d’en voir ! Une fois
allongé, je récupère ma lampe avant et ma lampe arrière de vélo ainsi qu’un
briquet que je mets dans mon paquet de cigarettes pour ne pas qu’il gèle et un
peu de papiers déchirés sur la carte, fin prêt pour allumer un feu au cas où,
je sors les couteaux et pose mon vélo contre le bord du banc où je passerais la
nuit pour faire comme une barrière.
La pleine Lune se lève, le cadre est franchement loufoque, au milieu de
la forêt et de la neige, sûr qu’il n’y a pas un humain à au moins 20 km à la
ronde ! La pleine Lune sera bien utile aussi pour l’éclairage, ça rassure.
Peu de temps après, je sors de mon demi sommeil suite à deux longs
hurlements simultanés que je distingue bien et situe à peut-être 5 km puis je
me rendors pour de bon.
Le 21 avril 2008, la journée d’hier figure déjà aux annales de
l’aventure mais cette journée est cruciale, il faut passer ce col !
D’habitude en dormant sous des températures négatives je me réveille toutes les
2h et j’ai quelques crampes (je n’avais pas de couvertures sur ce parcours) mais
cette fois-ci protégé du vent et à l’abri ça a été supportable (il n’y a eu que
deux réveils dans la nuit). Les sensations sont bonnes et je suis plein
d’optimisme, j’adore cette sensation d’être perdu au milieu de nulle part,
nulle angoisse, toujours la certitude que ça va passer, qu’il suffit juste d’avancer,
bref rien de difficile, un pied devant l’autre.
Après avoir repris 10 km la route en vélo, celle-ci est bien fermée et
avec un mètre de neige, je commence donc tantôt à porter le vélo tantôt à le
laisser rouler à côté de moi ; au début ce n’est pas si facile de marcher
et j’ai le droit à une petite chute (aïe, encore sur la hanche gauche),
finalement après 5 km de marche environ je vois avec un petit soulagement de
victoire que la route reprend et est à nouveau dégagée. Déjà. Je remonte donc
sur le vélo mais aperçois une grande plaque de glace devant qui prend toute la
largeur de la route sur une bonne vingtaine de mètres, j’aperçois aussi un
derrière qui dépasse sur le bas côté, je crois à un renard et fait
« hep », bien sûr il ne me répond pas et prend la fuite, je pense à
le prendre en photo, ralentis mais il a eu peur, mince, il ne devrait donc pas
s’arrêter… mais si, il s’arrête à une centaine de mètre devant moi, je stoppe
et sors alors l’appareil photo puis je me rends compte que c’est… un
loup ! Deux !! Un autre vient aussi d’apparaître du bas côté de la
route et s’en va rejoindre son compère, je prends alors une photo (tant que
l’appareil est sorti), le 2ème a rejoins le 1er et ils sont
à l’arrêt, je sais la photo ratée mais je range l’appareil car dans un livre que
j’ai lu, devant des animaux sauvages, quand on les croise, il faut continuer à
avancer, surtout ne pas reculer pour ne pas jouer le rôle de la proie et
réveiller leur instinct de chasseur (s’arrêter et attendre qu’il s’en aille,
normalement, s’ils sont en face, ce qui arrivera plus tard en Colombie
Britannique, au Canada, avec un ours noir). Je reprends donc le vélo et me fais
plus grand, en danseuse, jusque la plaque de glace, pendant ce temps il faut
observer aussi l’animal. Ceux-là ont l’air vraiment intelligents, on se sent
vraiment observer par les loups, il y a une vraie stratégie dans leur
déplacement, rien à voir avec les chiens mêmes sauvages, c’est impressionnant,
cette rencontre est magique et frissonnante, incroyable. Quand un recule,
l’autre m’observe et ainsi de suite deux fois, jusque l’orée du bois. Ensuite
je passe tant bien que mal cette plaque de glace où je manque de tomber à
plusieurs reprises, sans aucune visibilité sur un éventuel retour des deux
loups.
Après ce passage gelé, je n’aperçois plus les deux compères partis dans
la forêt, je me remets en selle, surveille qu’il n’y ait pas une meute dans le
coin, apparemment ces deux là devaient boire au bord de la route, là où la
neige est fondue. Je continue le pass à 3050 m (au sommet des Burned Mountains,
dans la chaîne des Rockies et au Nouveau Mexique) avec de petites montées et
descentes encore pendant 5 km avant d’arriver à une grande descente, tout
schuss, pendant 20 km pour arriver à Tierra Amarilla sur les hauts plateaux
arides du Nouveau Mexique à 2000 m environ. Fatigué je pense m’arrêter là pour
aujourd’hui mais en fait il n’est même pas midi et après un ravito et 1h de
repos, c’est repartis. Quelle journée !
Je poursuis donc la route, très jolie, sur ces hauts plateaux entourés
de montagnes aux sommets enneigés et au contraste saisissant mais c’est un
continent, les USA ! Après la traversée de la réserve indienne Jicarilla
Apache où j’ai encore le sentiment qu’ils se sont fait avoir, les terres sont
pauvres et ils sont enfermés dans une réserve, clos, sans trop savoir quelle
doit être leur identité, indienne ou moderne ? Puis la ville de Gobernador
(où il n’y a rien), pour enfin m’arrêter, à la tombée de la nuit, au milieu de
rien, mi-désert, mi-savane, à 1 km de la route sur un rocher (très friable) où
je pose mon sac, mon vélo et fais dodo. Ces deux jours resteront sans doute
longtemps encore en mémoire.
En Australie, je vois aussi un chien sauvage (un dingo) pour la
première fois qui, comme les loups, m’observe avant de partir, un chien
domestique m’aurait couru après en aboyant comme ça arrive régulièrement. Je
crois qu’il y a plus d’ « humanité » dans l’animalité et la
sauvagerie que chez les Hommes domestiqués et sa société.
3) Rencontre avec les ours noirs (black
bears) :
Sur la route je rencontre deux black bears (ours noir) dans les Rockies
avant le Mont Robson (Colombie britannique, Canada). C’était étrange mais avec
cet environnement, montagnes aux sommets enneigés, cascades, forêts, creeks, il
n’y avait presque aucune voitures sur la route aussi et donc peu de bruits,
j’avais vraiment le sentiment qu’aujourd’hui allait se passer une rencontre
avec un ours et ce sera bon pour deux.
Le 1er est entrain de brouter de l’herbe en bord de route,
il est assez petit (un ours noir peut peser jusque 250 kg, un grizzly ou ours
brun peut peser jusque 600 kg et c’est encore le double pour un ours polaire ou
ours blanc mâle), quand je le vois c’est juste quand je passe à côté, celui-ci
me voit aussi (les ours ont une ouïe faible comme l’Homme mais un bon odorat)
et il se met debout sur ses deux pattes arrières, c’est bizarre, on dirait un
nounours, j’avais lu dans un livre que si on croisait un ours (ou un animal
sauvage) alors il fallait continuer dans sa direction tout en se faisant plus
grand, c’est donc ce que je fais, sans accélérer presque même en ralentissant
tout en le regardant de temps en temps. Je m’arrête à une vingtaine de mètres
et aimerais le prendre en photo, je siffle mais il n’arrive pas, ce serait bien
sûr un peu dangereux et provocateur d’aller en arrière pour le revoir ? Donc
le chemin continue.
Pour le deuxième, c’est quelques kilomètres plus loin, il ne m’entend
pas arriver (en vélo ça arrive aussi souvent que des piétons ne m’entendent pas
arriver) et il sort de la route du côté gauche pour traverser visiblement à
environ 50 m devant moi (il est conseillé à Jasper de laisser 100 m de distance
avec un ours), toujours d’après le livre d’aventure que j’avais lu, quand un
ours est en face, ce qui est le cas, il faut s’arrêter et le laisser passer,
surtout ne pas fuir pour ne pas jouer le rôle de la proie et réveiller son
instinct de chasseur, les ours sont surtout herbivores (à 95% d’après un autre
livre que j’ai lu) et ils n’ont pas de raison de prendre un risque pour chasser
quelque chose qu’ils ne connaissent pas (par exemple un drôle de bipède sur un
vélo, ça doit lui paraître étrange et il n’a pas du voir ça souvent), cependant
un ours peut faire du 60 km/h en vitesse de pointe (comme les bisons), malgré
leur démarche qui semble boiteuse, la fuite est presque perdue d’avance.
Aussi, dans la ville de Jasper, il conseille de se mettre couché si
l’ours est avec un ourson, pour montrer que l’on ne recherche pas de bagarre,
cependant dans un livre j’ai lu une histoire disant qu’une personne avait fait
ça et s’était faite dévorer le bras avant que son compagnon ne tire sur l’ours
et ne l’abatte. Si l’ours attaque, il est dit aussi, comme les armes sont
interdites dans les parcs nationaux, même si je ne suis pas dans un parc
national je n’ai pas d’armes mis à part mes deux couteaux qui restent depuis la
1ère rencontre dans une poche latérale du sac à dos, prêt à
l’emploi, de se défendre avec pierres ou bâtons, bref de tout faire pour
résister, une biche se laisse faire par contre, pour que l’ours finisse par
s’en aller, je ne préfère pas imaginer la scène sanguinaire.
Enfin, si l’ours reste sur place ou avance vers nous doucement, il est
dit que l’on peut tenter une « retraite », calmement, tout en le
regardant et en essayant de se faire plus grand comme avec les bras en l’air ou
ouvrir son k-way mais sans gestes brusques. Je décide donc de m’arrêter, cette
fois-ci c’est l’ours qui me croise et il continue heureusement son chemin pour
sortir de la route du côté droit et retourner dans les buissons, tout en me
regardant de temps en temps, j’ai juste le temps de sortir l’appareil photo
pour le prendre. Après cette deuxième rencontre, j’hésite, même une fois l’ours
disparu, à continuer à avancer, un camion arrive une petite minute après par
derrière et j’en profite alors pour reprendre la route, c’est impressionnant
car il est impossible de voir quoi que ce soit derrière les buissons, aucune
visibilité, il pourrait être à deux mètres derrière que je ne le verrais
pas !
Les ours noirs sont des animaux qui n’ont pas l’air de trop se cacher,
contrairement aux loups, ils ont l’air boiteux quand ils se promènent mais en
fait ça cache une démarche souple et ils sont très agiles (surtout très
puissants), les loups ont cependant l’air très intelligents et malgré tout
curieux, les ours sont plutôt solitaires alors que les loups fonctionnent en
groupes. La rencontre avec les deux loups au Nouveau Mexique restera pour
toujours un moment inoubliable et magique ! Chaque année il y a aussi
des dizaines voir des centaines d’ours qui se font écraser à cause des voitures
qu’ils n’entendent pas arriver ou des camions. Lorsque je roule en vélo, c’est
souvent qu’on peut apercevoir les cerfs, pronghorn, chameaux, mouflons, et si
on est plus chanceux, des ours, loups, bisons.
Après ces rencontres, je regarderais dans les endroits
« sensibles » constamment sur les côtés, ce qui permettra de voir de
nombreuses biches et cerfs surtout, même loin de la route et quelques autres
ours noirs. Je ne prête plus aucune attention aux voitures qui passent, c’est
devenu secondaire comme problème, l’Homme retrouve vite son instinct animal
aussi.
4) La pleine Lune :
Quand il n’y a pas trop de fatigue, c’est souvent que je profite de sa
présence et d’un ciel clair pour continuer à rouler, de nuit, sans lumières ou
juste pour m’en servir uniquement quand un véhicule arrive, c’est utile parfois
de faire aussi des « appels de phares » quand le véhicule arrivant
devant garde ses feux de route.
C’est possible de le faire notamment dans les endroits où il n’y a
« qu’une route » et lorsqu’il y a peu de circulation : savane
australienne, Sahara occidental, grands espaces d’Amérique du nord ou d’Europe
du nord. On repère les véhicules environ 5 km avant de les croiser ! On y voit presque comme de jour alors pourquoi
ne pas se faire plaisir, profiter de la fraîcheur de la nuit et se remettre en
route ? C’est donc très pratique et très plaisant de rouler la nuit dans
ces conditions, l’impression (fausse bien sûr) d’être « seul au
monde » et libre.
4.3. De drôles de questions et
phénomènes !
Ah, voilà, voyager c’est avoir du temps et donc on peut en consacrer
beaucoup à réfléchir sur certains sujets. Parfois les réponses ne se trouvent
pas bien sûr et changent au fil du et des voyages. Y a-t-il seulement des
réponses ?
1) Un « vélo neige » ?
Depuis le « 2ème départ » du parcours dans les
Amériques septentrionales, depuis Montréal, je réfléchis à un système de vélo
pour rouler sur la neige, avec des dents ou une roue plus large à l’avant, des
manivelles et un axe de pédalier plus grand pour une meilleure stabilité. Sur
la route on me dit aussi que quelqu’un a vu à Montréal un
« cycliste » avec une roue normale à l’arrière mais avec un ski fixé
à la roue avant, ça pourrait être une bonne idée et d’après ses dires ça
fonctionne.
2) Les pressions thermiques et les
éclairs :
Un soir, alors que l’orage grondait au loin, j’ai beaucoup pensé, grâce
aux petites routes où je n’ai pas besoin de rester attentif, à l’utilisation
des éclairs, comment les créer, l’énergie à en tirer… Pour les créer ça vient
peut-être des différences de pressions, de l’air chaud et froid…, tout ça doit
être connu puisque la météo est capable de les prévoir et ça doit bien pouvoir
se reproduire en labo ? Après, pour voyager à la vitesse de la lumière, il
faudrait voir si les éclairs entraînent une poussée en sens inverse ou si on
peut faire aller un objet à la vitesse de la lumière dans la même direction ou
si, par le jeu de pressions, sans reproduire forcément l’éclair, c’est possible
d’atteindre la vitesse de la lumière ? Est-ce qu’on pourrait capter les éclairs
et emmagasiner leur énergie ?
Bon ce sont des réflexions bizarres qu’on a parfois le temps de se
poser et de chercher des réponses en voyageant, ce qui n’est pas facile au
travail ou dans la vie quotidienne « normale »… D’ailleurs, quand on
tousse la nuit ou qu’on éternue, ça arrive d’observer comme des éclairs, à
cause des pressions buccales sans doute… ? Finalement, plus tard, on me
dira qu’on sait reproduire les éclairs en labo mais il faut plus d’énergies
pour les produire qu’ils n’en procurent, enfin, sans doute un jour on saura les
« exploiter » plus intelligemment, c’est sans doute possible ?
Exemple :
Après Calgary, la route bifurque vers le sud en direction de
Yellowstone qui est encore à près de 1000 km, le paysage ressemble beaucoup à
celui de la Beauce en France, ce n’est pas très joli. Enfin ce sont des hauts
plateaux cultivés à plus de 1000 m d’altitude, les nuages sont assez bas, le
ciel est gris et dans ce gris s’amène une rangée de nuages noirs !
Le vent vient de l’est (ce qui est étrange comme il y a une dominance
de l’ouest) et les nuages noirs de l’ouest, et c’est de la grêle qui
tombe : il fait froid tout d’un coup et c’est la douche cinglante qui fait
« cling cling ». Après 5 km de grêles voilà que les mêmes nuages
noirs me repassent dessus mais cette fois-ci ils viennent de l’est et
subitement le vent de surface a changé et vient maintenant de l’ouest (dominance
normale). Sur la route, c’est étrange, tout d’un coup l’asphalte est sec !
On pourrait tracer une ligne à la craie !
3) « Evolution humaine » :
Encore une « drôle » de question que l’on peut se poser en
voyageant dans différentes contrées.
Pour les Hommes, il y a plusieurs hypothèses :
- Soit l’australopithèque ou un autre qui vient d’Afrique vient
s’installer et migrer partout dans le monde contrairement aux autres singes qui
apparaissent tous à des endroits différents du monde. Il pourrait donc y avoir
d’autres sous-espèces dans d’autres zones géographiques mais quelques fois elles
sont bloquées par des changements climatiques (comme par exemple en Europe lors
d’une glaciation) donc les migrations s’arrêtent, il y a une évolution et
d’autres Hommes apparaissent. Puis le climat favorable revient et l’Homo
Sapiens Sapiens (= HSS) qui serait originaire du continent est-africain, va en
Europe… où il y rencontre l’Homo Sapiens Néandartalis (= HSN) et c’est sa fin
comme pour d’autres types d’Homo en Asie…
- Ou soit, des groupes se sont sédentarisés en Europe et d’autres
continus à migrer mais dans des zones plus petites, l’Homme sédentarisé a
évolué pour donner l’HSN et celui qui migre reste un HSS (moins de modifications
génétiques mais le phénotype européen). Idem en Asie où on trouve ainsi l’Homo
florensis… et un HSS avec moins de modifications génétiques car il continue de
migrer. Puis les HSS sont plus intelligents, ils font plus d’inventions comme
ils migrent, il y a plus d’adaptations quand le climat change et il « balaye »
les autres, ils vivent ensemble mais ne se mélangent pas (comme toujours
maintenant, il y a peu de mélanges blancs-indiens, blancs-aborigènes,
blancs-asiatiques, blancs-africains, blancs-tziganes…) et HSN, HSF
disparaissent petit à petit. Peut-être sexuellement c’est possible d’avoir des
enfants mais ils sont très rares alors.
Pour la 1ère Hypothèse, Homo Habilis par exemple > HSN +
HSS + HSF ; pour la 2ème Hypothèse, Homo Habilis > HSN + HSS
et > HSF + HSS...
Dans la théorie officielle actuelle tous les Hommes viendraient
d’Afrique, de la Rift Valley, ils auraient chacun à leur tour migré partout
dans le monde. Les HSN se seraient éteint à cause d’un changement climatique ou
d’une maladie propre à eux. Cette théorie ne paraît pas tenable. D’abord la
plupart des recherches sont faîtes dans la Rift Valley, pas étonnant donc qu’on
y trouve le plus grand nombre de squelettes humains (mais quelques autres ont
déjà été trouvés dans des zones extérieurs) ; ensuite l’Homme aurait migré
d’Afrique partout dans le monde, il y a aussi de nombreux types d’espèces dans
le monde (comme les singes…) ou chacun reconnaît et admet qu’il y a bien
plusieurs foyers originels. Pourquoi les différents types d’Hommes ne pourraient
pas aussi avoir différentes zones géographiques originelles, ça n’empêche pas
d’avoir des « cousins » Hommes très proches mais différents et ne
venant pas d’un même lignage, ce qui expliquerait tout le mal que l’on a pour
trouver des ancêtres communs car tout simplement ils n’existent sans doute pas
tous. Les différentes espèces humaines peuvent très bien parfois avoir un
lignage commun mais pas toujours.
Je crois peut-être que, les conditions de la vie étant environ
identique dans différentes régions du monde, on a abouti à différents « types »
de singes (comme aussi différents « types » d’Hommes). Après tout si
on fait des pâtes en Amérique du sud ou en Europe en cuisant 10’ à la même
température on aboutit à la même chose. Enfin je crois que c’est possible. Et
l’atmosphère, le climat ont sûrement un rôle important sur les organismes, il y
a des millions d’années c’étaient favorable pour donner partout des
« dinosaures » géants puis ces conditions environnementales ont
changé et ils ont disparu.
L’Homme européen a émigré partout et a eu beaucoup de colonies au XIXè
s avec l’industrie, sans certaines règles sociétales il aurait pu exterminer
tous les aborigènes, indiens d’Amérique… mais il en avait aussi besoin comme
mains d’œuvre (même s’il les a presque tous massacrés d’une manière ou d’une
autre). Bizarre qu’avant ça il n’y a rien eu comme migration
« mondiale » d’une telle ampleur. Mais les Homo Sapiens l’aurait fait
d’Afrique et subitement ce serait arrêté dans les différentes régions du globe
pendant 20.000 ans et différents phénotypes seraient apparus ? Difficile
d’y croire. Bizarre aussi qu’il n’y ait pas de représentations apparemment des
Hommes de Neandertal dans les grottes ; peut-être parce qu’il y a eu
continuation avec le « blanc européen ». Alors on les a tués les néanderthaliens ou ce sont nos
aïeuls ? La réponse se trouve peut-être dans la question de savoir si
l’Homme naît bon ou mauvais et dans le problème des régimes discriminatoires
d’aujourd’hui et d’hier. Au final, il paraît plausible que différents foyers
d’espèces humaines soient apparues plus ou moins conjointement, un type d’Homme
(l’HSS) aurait migré et effacé les autres groupes d’Hommes, moins
« intelligents » mais ayant des concurrences fortes entre eux (comme
les loups, ours… ont ensuite disparus, plus tardivement car ils étaient en
concurrence indirecte avec l’HSS et, vue le mal que l’on a en France pour les
réintroduire, on comprend d’autant plus que cette hypothèse d’extermination de
l’HSN soit plus que probable).
Exemple :
- A Reefton, en Nouvelle-Zélande, il y a un visitor center très bien. Pour
une plante, ils expliquent qu’elles se trouvent en Amérique du sud, au SE de
l’Australie et en NZ car, quand ces continents étaient encore réunis, cette
plante étaient aussi « réunie ». De même quand ils dessinent ce
« supercontinent », ils montrent des montagnes comme maintenant, ça
fait plusieurs fois que je vois ce « supercontinent » et de telles
théories en Australie et NZ. Mais je ne comprends pas ça, il voudrait dire que
cette plante a toujours existé telle quelle depuis des millions d’années (comme
les montagnes) et n’a jamais évolué, comme le climat et l’environnement alors,
c’est quand même contraire à la théorie de l’évolution (mais bon pour celle du
créationnisme). Des continents entiers se seraient séparés, des grandes
dorsales océaniques se sont crées avec des fonds océaniques nouveaux de plus de
10.000 m et les montagnes, le climat et les plantes n’auraient pas
variées ? Et tout se détacherait comme ça sans aucun changement interne,
propre… Bizarre, je crois plutôt que le SO de l’Australie, le sud de l’Amérique
du sud et de la NZ ont environ le même climat et environnement actuellement et
les végétaux ont sur chacun de ces territoires évolués de la même façon. Si on
respire c’est parce qu’il y a de l’oxygène dans l’air… De même il est possible
que des « espèces » plus ou moins semblables d’Hommes aient pu
évoluer sur de même latitude tant que l’environnement fut à peu près le même et
sans qu’il y ait de liens de « parentés » entre ces
« espèces ».
4) L’Homme naît-il bon ou mauvais ?
A Waiau, en Nouvelle Zélande, un enfant de 12 ans environ vient me
parler… pour le trip. La veille à Stillwater au ravito du matin, je regarde les
prévisions météo sur le journal, ce qui semble déplaire à la dame (à qui
j’avais demandé avant la « permission ») puis, quand je mange à
l’extérieur, je me dis que l’Homme naît mauvais et refoule ses mauvaises
intentions et ça l’empêche aussi parfois de faire de bonnes intentions mais
tant que l’individu satisfait ses besoins tout est ok. Puis je me dis que les
enfants tout de même, ce sont toujours eux qui me sourient sans arrières
pensées ; et au même moment un enfant d’environ trois ans tape au carreau
et il me sourit, je souris aussi comme toujours puis il continu à taper,
apparemment il veut jouer, impossible pour moi (ça ne se fait pas dans la
société) donc il insiste pour satisfaire ce besoin jusqu’au moment où son père
lui dit d’arrêter de taper au carreau.
Ce serait donc la société qui rend mauvais par une accumulation de
frustrations tout en permettant à tous de vivre ensemble par les règles qu’elle
pose pour éviter de satisfaire tous les besoins de l’Homme. Mais l’instinct de
l’Homme et aussi de satisfaire ses envies plus que celles des autres, ainsi les
règles sociétales permettraient aux Hommes de vivre ensemble et non qu’à certains
de dominer les autres. Ou est-ce une question d’hormones en plus ? C’est
idiot de penser à tout ça mais l’avantage en vélo, comme on va doucement, c’est
qu’on a du temps, y compris pour penser à des trucs idiots.
2. La nécessité d’écologie et de
protection de l’environnement
Problématique très complexe, comment faire en sorte de préserver la
nature et donc l’environnement de l’empreinte de l’Homme ? Vue son
développement et sa croissance, sans cesse renouvelés, ses besoins de
ressources, notamment énergétique, le conduisant à aller « de plus en plus
loin », même dans les zones les plus reculées pour « piller »
les sous-sols. Faut-il inciter ou poser des normes régulatrices ? Sans
doute ces deux moyens devraient être utilisés. Quelles énergies doivent être
préférées ?...
A l’occasion de ces petits voyages, certaines choses ont pu paraître
« absurde » et d’autres paraissent tellement vraies. Cependant,
encore une fois, les opinions dépendent de chacun et les impressions ne sont
pas communes à tous.
On peut remarquer deux types de protection : une concernant la
préservation par la création d’espaces appropriés (protection dans l’espace) et
une autre relative aux différents courant de pensée en faveur de
l’environnement (protection dans le temps).
2.1. Une protection dans l’espace :
Le constat est
simple, l’Homme est responsable de pollutions et cherche alors à créer des
zones de protection.
I. La pollution humaine :
1) La voiture, jouet préféré de l’Homme
moderne :
La voiture est le jouet favoris des Hommes, elle seule suffit à démontrer
le conditionnement de l’Homme et son assujettissement à la société dite moderne,
ça lui semble impossible de faire sans. Il est né petit avec, en jouet
miniature ; adulte, c’est une preuve de maturité et de réussite sociale.
La voiture est une marque, un outil social, combien de fois m’a-t-on dit qu’il
fallait m’en acheter une, que je ne pouvais pas continuer comme ça, en vélo.
C’est bien beau d’avoir un discours pour l’environnement… et à côté, la
voiture ! Il n’y a pas d’humanisme, l’Homme est vraiment stupide, il prend
des risques sur une simple route dans des dépassements hasardeux, est-ce que 10
km/h en plus ou en moins vont changer beaucoup de choses. On dirait qu’ils ont
tous une vie à aller sauver ou qu’ils viennent de recevoir un appel urgent pour
avoir une bonne raison de rouler si vite. Je souhaite ne jamais avoir de
voiture plus tard, quel outil inutile (et coûteux), avoir une voiture
c’est ne plus avoir d’économie pour les voyages aussi, de la folie !
Assez fatigué par toute la circulation que l’on peut trouver bien sûr
dans toutes les grandes villes, c’est assez rare de prendre du bon temps lors
de la traversée de métropoles, comment les gens font-ils pour y
« vivre ». En ville il y a beaucoup de monde, les gens conduisent
comme des singes le feraient avec un jouet. L’Homme a deux jouets surtout, le
chien et la voiture, les deux sont dangereux pour les cyclistes ! Beaucoup
de bruits ici et les citadins ne peuvent sortir que dans des parcs cloisonnés
pour courir et croire…
A force de voir autant de voitures, l’idée de voyager encore autrement
se fait sentir, sûrement plus tard je prendrais que les petits chemins. Encore
l’Asie et l’Amérique du sud en vélo, peut-être aussi l’Afrique orientale puis
dans la quarantaine ce serait surtout du kayak ou de la marche à pieds.
Exemples :
- Il y a encore une forte chaleur aujourd’hui en longeant les gorges du
Tarn et les femmes tristes apprécient de laisser passer leurs pieds par la
fenêtre des voitures, le goudron est fondu à de nombreux endroits, on trouve
beaucoup de touristes dans les marres du Tarn qui se forment encore par endroit
et des kayaks (rares) qui ont du mal à avancer. Il y a quand même moins de
« monde » que sur les gorges de l’Ardèche mais ils sont toujours
aussi agressifs. Une fois je me mets sur le bas côté où il y a une place pour
une voiture, à l’ombre, pour rouler ma cigarette, dix secondes après un
touriste s’amène et me dit par la fenêtre de son jouet préféré (sa voiture) de
me pousser pour qu’il se gare ! « Pousse-toi que je puisse me
garer » ! Se croit-il dans un jeu vidéo ? Il attendra si c’est
comme ça (même pas un s’il vous plaît) et les voitures de derrière font la
queue pour continuer leur route en klaxonnant avec vigueur ! Hallucinant,
on est en campagne dans les gorges et le type vient encore m’embêter !
J’aurais très bien pu rester là et regarder ma carte… Je ne les comprends pas,
une fois rentrés en ville ils crieront sur les toits que leurs vacances étaient
formidables…
- Souvent il y a des conducteurs de voitures stupides qui arrivent en
face et qui doublent alors que j’arrive et me passent devant parfois à 100 km/h
à 50 cm de moi et du vélo, j’ai horreur de ça ! Aussi je ne peux
m’empêcher de me décaler parfois vers le centre de la route (juste 2 m par
rapport au bord extérieur de droite) pour m’amuser aussi à leur faire peur (eh
oui s’il me rentre dedans ça va leur coûter cher car ici nul ne sait que je
suis français mais tous savent que les américains sont procéduriers). C’est
donc risqué et un accident est vite arrivé ; il n’y a pas plus de risque
de rester en forêts où il y a des ours, d’ailleurs on estime à entre 500.000 et
1.000.000 de morts chaque année dans des accidents de la route (sans compter
ceux dû à la pollution qui provoque le réchauffement climatique et des
catastrophes naturelles ou encore les civils morts dans des guerres pour le
pétrole).
- A partir de 30 km avant
Adélaïde c’est le bordel ! Beaucoup de circulation et je me fais frôler
une bonne petite dizaine de fois, il y a parfois une piste cyclable mais
d’autres fois elle disparaît, c’est très dangereux surtout avec toutes les
voitures en stationnement (attention aux portes qui s’ouvrent), encore une
ville passée et traversée… Souvent les voitures sont garées alors qu’elles n’en
ont pas le droit (c’est interdit) et ça me rabat sur la route. Adélaïde est une
ville normale, sans plus, avec des quartiers assez chics que je traverse en
repartant vers le sud (près de la mer).
- Une fois, alors que les
paysages arides du Nord-est de la Californie sont ponctués parfois de terres
irrigués, au matin, et que les 90 premiers kilomètres se font sans ravito et
avec seulement 500 mL d’eau, sous la canicule, c’est quasi l’endormissement sur
le vélo, je passe quelques hameaux mais tous sont déserts, fatigué je veux
m’arrêter sur le banc d’un magasin fermé depuis longtemps vu son état, je
tourne la tête en arrière, une voiture derrière, à moitié somnambule je devrais
avoir le temps de franchir la route (large avec les shoulders), une fois sur la
bande de gauche et la shoulder à gauche, je regarde derrière et, oh surprise,
la voiture se trouve à gauche ! Cette fois-ci ça a été juste ! Les
américains ont tendance à toujours trop bien doubler et je l’avais oublié,
aussi ils se décalent toujours à plus d’1m50 pour doubler un cyclo, quand il y
a des shoulders, ça aurait sûrement passé mais le type a fait un méga dérapage
pour virer et se remettre sur la bande de droite, tout en zigzagant, il a du
avoir plus peur que moi ! Las, je vais, sans réaction, m’assoupir une
bonne demi-heure, à l’ombre sur ce banc.
2) Eléments de preuves du réchauffement
climatique :
Quelques exemples parmi de nombreux autres observés lors de ces petits
vagabondages, sans aucun doute après 18 mois de voyages dans différentes
contrées, la conclusion est que le climat se réchauffe et qu’il tend à aller
vers les extrêmes.
Canicule et restriction
d’eau :
- En Australie je vois souvent des panneaux indiquant différents
niveaux de restriction d’eau, c’est pour ça que les mouches sont souvent
présentes, recherchant les gouttes de sueur… Les fourmis restent bien au frais,
sous terre ! Elles l’ont bien compris. On trouve aussi beaucoup de
kangourous morts sur la route. Les Hommes ne s’en rendent pas bien compte
surtout dans les pays développés mais le niveau caniculaire est atteint, si on
n’avait pas l’air climatisé… alors beaucoup de personnes âgées souffriraient.
Les premiers touchés dans le monde sont les pauvres gens comme d’habitude et
beaucoup d’espèces animales et végétales ; en vivant tous les jours à
l’extérieur on se rend peut-être un peu mieux compte de l’impact climatique et
c’est accablant ! Dans l’Outback il arrive souvent que je fais entre trois
et cinq heures de pause à la mi-journée, à cause de la chaleur. Beaucoup de
territoires d’Australie sont en voie de désertification, les émigrés européens
sont arrivés ici principalement il y a 150 ans et ont d’abord commencé à
chercher de l’or, puis à établir des fermes tout en détruisant les forêts
primaires pour vendre le bois, ils pensaient que la régénération naturelle
aurait lieu, ce qui ne s’est pas fait ; sur un panneau touristique, ils
disent que c’est à cause des animaux que celle-ci ne s’est pas produite mais si
le pire animal au monde n’avait pas détruit les forêts… alors il n’y aurait pas
autant de désertification (mais ça, ils oublient de le préciser).
- Dans les montagnes de la Great Dividing Range en Australie, beaucoup
de creeks sont déjà à sec et il faut peut-être être au-dessus de 1300-1500 m
(je n’ai pas l’altitude) pour voir des ruisseaux cascadant des flancs de
montagnes ou trouver de plus grandes rivières ; on trouve encore des
réservoirs d’eau ainsi que des barrages hydroélectriques dans ces montagnes qui
ne sont pas très hautes et s’il n’y avait pas l’océan à environ 200 km
peut-être seraient-elles encore plus désertiques comme les montagnes d’Ayers
Rock dans le centre de l’Australie qui est pourtant à plus de 1000 m
d’altitude.
- Les 35°C en zone Arctique scandinave où il n’a pas
plu pendant trois semaines au moins (la Terre semble être plus près du Soleil
quand c’est l’été au nord et l’hiver au sud, ainsi la glace en Antarctique a
moins de variation qu’en Arctique). Pendant ce temps là, dans le Lot, le Céou
est encore à sec et il y a de nombreux orages pendant mon absence (le Céou est
un affluant de la Dordogne qui depuis 2002 est à sec tous les étés, du jamais
vu par les plus anciens des villages, avant on y pêché et on y faisait même de
la barque (avant l’irrigation intensive…). Dans la vallée du Tarn on arrose et
même en pleine après-midi (il fait le plus chaud entre 16-19h) alors que la
source est épuisée, ça ne pourra plus être comme ça chaque année, la nappe
phréatique va être bientôt épuisée, je suis catastrophé. Pourquoi mettre des
cultures de maïs, demandeuses d’eau, dans le sud si ce n’est pour
l’argent ? Et oui, les céréales sont aussi à la bourse !
Des catastrophes naturelles et
autres évènements climatiques extrêmes :
- En traversant les Landes, après Saint Vincent de Paul, sur plus de 100
km, je suis catastrophé par ce que je vois ! Il n’y a presque plus
d’arbres, de forêts, presque tous les sapins sont à terre ! Il y a eu une
tempête en janvier 2009 et ça a été radical. Cette terre pourrait bientôt
redevenir des marécages, c’est Napoléon III qui avait voulu y mettre des sapins
justement pour cette raison. J’étais passé la dernière fois dans les Landes en
février 2000, en vélo, après la tempête de Noël 1999 mais les conséquences
étaient bien moins désastreuses, ça ressemblait encore beaucoup à une forêt,
maintenant les cartes peuvent être refaites. Il n’y a plus que 25-30% de la
forêt des Landes et il faut au moins 20-30 ans pour qu’un beau sapin repousse.
- Lors de l’étape des « seigneurs » pyrénéens, le soir, quand
je passe le col de l’Aubisque, la vallée de Laruns est très sombre et je pense
bien que ça va aller à l’orage, ce qui ne manquera pas, juste le temps de finir
le plat de pâtes que je mange dans un restaurant (où je paye 15€ alors que
normalement c’est 10€, ils se sont trompés mais bon, je ne discute pas…). Et
l’orage craque pendant une bonne heure. Le changement climatique bien sûr,
le vent venait pourtant de l’est, faible cependant ; quand l’orage éclate
la température chute et le vent souffle fort du sud-ouest. Les orages sont de
plus en plus fréquent durant les dernières années et de plus en plus intense,
peut-être glisse-t-on doucement vers une « saison des pluies » telle
qu’on trouve dans certains pays du Sahel ou tropicaux ?
II. Les zones de protection :
1) Le paradoxe des parcs nationaux et
l’ambiguïté de la nécessité de parcs naturels :
Les péages à l’entrée des PN
sont-ils des entraves à la libre circulation ou une nécessité pour la
protection de l’environnement ?
Aux USA et au Canada, souvent pour « entrer » dans les parcs
nationaux, il faut payer. Chose qui n’existe pas en Europe. C’est un peu
étrange car il faut payer les « droits d’entrer » même quand on reste
sur la route. Bizarre de devoir payer pour « voir » la nature qui n’a
pas été détruite par les Hommes, d’une certaine manière. Faut-il donc que
toutes les parties de la Terre deviennent « rentables » ? Par
exemple, il faut payer 8$ pour entrer et rester une journée à Cape Breton
Island national Park (parfois les prix sont variables suivant le temps que l’on
reste à l’intérieur des limites du PN ou selon le mode de transport (vélo,
voiture, camping-car, nombre de personnes entrant dans le PN…).
D’autres PN étaient ainsi payants : Jasper (l’entrée est de 10$
par jour), Yoho NP en Colombie Britannique, au Canada (mais il y a des périodes
où ce n’est pas payant, en général en dehors des périodes de vacances scolaires
ou des saisons de ski ou d’été ! Preuve que le but est surtout financier),
c’est 10$ par jour pour le Grand Canyon NP (appartenant aux amérindiens), 10$
par semaine pour Yosemite NP… Peut-être pourraient-ils être gratuit pour les
cyclistes et randonneurs sans véhicules motorisés ?
J’ai du mal à comprendre qu’on puisse faire payer pour aller sur une
terre. Bien sûr on dira que c’est pour la conservation et la protection de la
faune, de la flore…, mais bon, ça me paraît bizarre. Enfin, en Europe on a des
bâtiments architecturaux dont la visite est payante, ici ils n’en ont pas donc
il faut bien imaginer un autre moyen pour trouver de l’argent pour l’Etat sans
doute. Bref tout ça pour dire que si le nombre de parcs nationaux devait
augmenter et si tous les parcs étaient payants à 8 $ (c’est dans certains PN du
Canada 30 $ canadien pour une journée pour une famille en voiture) pour les
traverser alors bientôt n’importe quelle route sera payante, autant instaurer
des péages partout ! Et la liberté de circulation des personnes dans tout
ça ? Tous les parcs nationaux traversés en UE étaient gratuits jusqu’à
présent (cependant, d’une autre façon, dans certains pays d’Europe de l’est,
certaines cathédrales étaient payantes pour entrer, comme en Pologne).
En Australie et en NZ, il y a beaucoup de parcs nationaux, par-ci
par-là, mais ça ne veut pas dire grand-chose : par exemple, il y en a un
même à côté de l’aéroport de Sydney et des raffineries de pétrole. C’est le
Royal NP (les superficies des différents PN ne sont pas très importantes
d’ailleurs en Australie et en NZ).
L’Homme a détruit beaucoup d’endroits, changé l’environnement naturel,
rompu l’équilibre établi depuis des millénaires, sauf certains territoires qui
n’avaient pas d’intérêts (montagnes, marécages…) et qui sont maintenant des PN
mais aussi un business dans certains Etats, comme quoi tous les territoires
doivent être rentables, on paye déjà des impôts et des taxes, ça devrait être
compris dedans, c’est comme une taxe de passage, un péage, et les
réglementations sont tellement différentes entre Etats et même dans le même
Etat entre les différents PN qu’on a du mal à s’y retrouver, à force de tout
vouloir réglementer on y perd sa liberté, c’est un vice de plus en plus
oppressant dans nos sociétés « modernes » occidentales. Heureusement,
cette « mode » de réglementation excessive autour des PN n’est pas
encore arrivée en France et en Europe.
Finalement les péages à l’entrée des PN… sont bien là dans l’intérêt de
gagner de l’argent, toutes les zones territoriales doivent être rentables, sans
touristes et loisirs elles n’auraient aucune attractivité sauf pour les
explorateurs et autres « aventuriers », bon nombre de retraités… ne
s’y rendraient pas… De plus si le but était vraiment de protéger
l’environnement alors il existerait une taxe ou un impôt au niveau national ou
international et il n’y aurait pas de péages à l’entrée des PN mais simplement
une limitation journalière ou hebdomadaire de l’accès.
La faune et la flore ne
connaissent pas les frontières ! Les paysages aussi.
En France, mon avis sur les PNR reste mitigé, certains valent
l’appellation et mériterait même celle de PN, d’autres PNR devraient être
rectifiés, avec moins de superficie, car des zones que je traverse n’ont rien
d’un parc (industries autour de la ville de Manosque et tous ses centres
commerciaux qui appartiennent au PNR du Lubéron, par exemple). Par contre le
PNR des Grands Causses pourrait très bien être commun au PN des Cévennes, peu
d’industries…
Les parcs nationaux (Yosemite, Yellowstone, Colorado Grand Canyon,
Banff, Jasper…) ont comme point négatif d’être « surpeuplés » souvent
par les touristes, il y a donc beaucoup de monde et on peut difficilement
profiter de la nature. Cependant ils ont un fort côté positif, grâce à cet amas
de personnes dans la même zone, les territoires adjacents aux parcs sont
souvent ignorés et inintéressants pour les touristes ; aussi, la réglementation
des parcs en faveur de la préservation et de la protection de la faune et de la
flore permet de retrouver animaux et plantes sauvages dans ces territoires
adjacents et donc il est fort possible d’en profiter en dehors des limites
territoriales d’un parc (les animaux et la flore ne connaissent pas les
frontières). En vélo ou à pieds, on peut donc en profiter pleinement, avant de
se retrouver parmi bon nombre de touristes qui restent plusieurs jours dans les
parcs mais pas à dans les zones extérieures qui leurs sont proches.
Difficile d’être « l’animal
du zoo » :
En NZ, sur le routeburn track, après quelques
« mésaventures » dues à mon « comportement » contraire aux
règles établies par les Hommes, il faut aller à un camping, la dame qui s’en
occupe me dit qu’il fallait se renseigner à Queenstown au visitor center mais
je ne l’ai pas vu, elle me dit « c’est un grand bâtiment », je
réponds « too big for me », en me voyant avec le vélo, elle trouve ça
« famous », et elle me dit que c’est dangereux avec l’avalanche de
continuer comme ça, je lui dis qu’il n’y a pas plus de risque pour moi que
lorsque je suis sur la route où les voitures sont un vrai danger… Elle veut
absolument que je réserve pour le dernier hub, moi je lui dis que je pense
faire les 28 km restant pour rejoindre la route, elle insiste et, pour être
tranquille, je lui dis que je retournerais à Queenstown le lendemain… Le
lendemain, au soir, je passe le dernier « hub » vers 19h30, il reste
une heure pour rejoindre la « divide », la route, quand le gardien de
celui-ci accourt après moi pour me dire que c’est incroyable que j’eusse fait
ce track avec le vélo et qu’il voulait me voir, apparemment je suis peut-être
le premier à avoir fait ça ? Beaucoup trouve ça « crazy », tout
au long du chemin, pour moi ça me semble totalement normal, comme les marques
de bronzages avec le cuissard quand je vais à la piscine… Question d’habitude
sans doute. Du coup on me prend souvent en photo, et j’ai comme à Yellowstone,
le mauvais sentiment d’être encore « l’animal du zoo » pour touristes
qui ne sortent pas assez de chez eux.
2) L’inutilité des pistes cyclables
actuelles :
Juste avant Rimouski, en Gaspésie, au Canada, une piste cyclable
apparaît, je ne la prends pas et une voiture me klaxonne (ah, toujours le
stress des citadins et leur vengeance inconsciente sur leur domination du
travail et dans la société en général, ah les donneurs de leçons), 200 m après,
cette piste disparaît pour aller vers la droite. Alors, premièrement, si
j’habitais dans cette rue, je suis bien obligé de prendre cette route pour
rentrer chez moi ; deuxièmement, je ne suis pas d’ici et il n’y a aucune
indication ! Troisièmement (l’imbécillité des politiciens), il y a des
pistes en villes mais pas en campagne. Pour le financement diriez-vous ?
Ok, peut-être, mais les voitures roulent plus vite en campagne et c’est là où
c’est le plus dangereux) ; en ville souvent, les pistes cyclables sont
faîtes n’importe comment (comme à Montréal…) et c’est très dangereux en plus,
c’est fait uniquement dans le but d’éloigner les cyclistes des routes pour ne
pas gêner la circulation, en aucun cas pour favoriser les gens à prendre leur
vélo plutôt que leur voiture ce qui devrait être le seul objectif de la
création de piste, non pas sanctionner les cyclistes. Les Pays-Bas l’ont très
bien compris !
Il y a pas mal de pistes cyclables ici au Québec, toute aussi mal
agencée les unes que les autres et avec beaucoup de dangers… Une fois j’arrête
deux dames qui viennent en marchant en sens inverse et je leur dis que c’est
dangereux, elles me disent que c’est à la mode, peut-être ce n’est pas bien
fait mais ils prennent exemple sur ce qu’il y a en France, je leur dis que
c’est un mauvaise exemple alors et qu’il faut plutôt regarder ce qui se passe
aux Pays-Bas.
Ensuite c’est un policier qui vient en sens inverse qui me dit de
rouler sur la piste et non sur la route, je refuse, il est prêt à me mettre une
amende…, je lui montre alors les photos que j’ai prise avec des gens qui se
promènent en famille et avec un landau sur la piste ou encore quelqu’un en
fauteuil roulant en sens inverse, beaucoup de piétons, des arrêts de bus alors
que la piste est en sens inverse et qu’on leur arrive de face..., du fait
j’ajoute que sans aucun doute les politiciens ne doivent pas faire de vélo, ça
le fait sourire et il me laisse repartir… Souvent ce ne sont que des morceaux
de piste, on ne peut donc pas vraiment dire que ce sont des pistes si tous les
200 m il faut revenir sur la route ou prendre la piste en face… Aussi seul les
Pays-Bas ont de réelles pistes, avec des bonnes indications…, quel plaisir d’y
rouler et sans aucun doute si on va dans ce pays il faut prendre son
vélo !
2.2. Une protection dans le temps :
Le constat est
sans appels encore, on vit dans un monde fait de gaspillage, toujours en avance
forcément sur la maitrise des facteurs polluants.
I. Une société actuelle idéale et
utopique :
1) Dans quel monde vit-on ?
La recherche du gain :
- L’hypocrisie des politiques mène à faire croire qu’on veut du bien au
gens et au monde quand le but n’est que de gagner de l’argent. Pour le tabac
ici très cher, le but est de dire que c’est pour empêcher de fumer alors
pourquoi ne pas simplement l’interdire ? Mais comme ça, ça permet à l’Etat
de gagner de l’argent, il faut des fumeurs ! Une taxe sur les produits qui
font grossir ramène aussi à taxer les sportifs paradoxalement… Le but est de
focaliser et de culpabiliser une catégorie de personnes pour qu’ils estiment
l’impôt ou la taxe juste. Comme pour l’environnement avec la taxe carbone alors
que le consommateur ne fait que trop souvent subir. C’est le producteur qui
devrait payer, ceux qui donnent des déchets radioactifs, ceux qui polluent les
rivières et mers avec leurs gazole, leurs pesticides et insecticides (comme la
grande barrière de corail qui disparaît surement autant à cause de la forte
activité humaine sur la côte pacifique que par le changement climatique
global). De plus, si l’argent de ces taxes était utilisé pour la santé et
l’environnement alors ce serait déjà ça de bon mais ce n’est pas le cas. C’est
pour construire d’autres centrales… Enfin, les consommateurs payent déjà plein
de taxes sur l’essence ou avec edf…
Zones urbaines et zones
industrielles :
L’urbanisation est souvent le corollaire de l’industrialisation, l’un
ne va pas sans l’autre, forcément puisque là où il y a du travail il y a des
industries et donc des emplois et des habitations, proches des zones polluantes
même s’il ne faut surtout pas oublier l’ampleur des pesticides et insecticides
utilisés dans les campagnes !
Exemples :
- Avant Niagara Falls, à 40 km de là, il commence à avoir beaucoup de
circulation pour cette étape qui longe aussi le lac Ontario ensuite jusqu’après
Toronto… C’est que de l’agglomération et des zones habitées, parfois on passe
par des quartiers assez pauvres, puis par des quartiers avec de belles villas
et ainsi de suite, tout le long du lac Ontario, avec quelques usines aussi. A
Niagara, il y a énormément de touristes pour voir les chutes, j’y avais été une
1ère fois d’ailleurs il y a plus de 15ans, j’avais été impressionné
mais pour cette 2nde fois je n’y retrouve plus la magie d’autrefois
(peut-être du à l’âge adulte ou je deviens plus compliqué… car il y a trop de
touristes et l’aspect est trop commercial à mon goût, mais c’est le revers de
la médaille). Je tombe aussi sur un nombre de cyclistes jamais vu ici à
Niagara, ils roulent dans une randonnée pour récolter de l’argent pour le
cancer (les « pauvres » ne sont pas très loin aussi). Le paysage est
formé de beaucoup de prairies et champs aux abords du lac Erié et de la Saint
Clair river, avec toujours quelques fermes, ici environ une fois sur deux elles
sont en pierres ou en briques (presque toujours en bois aux USA).
Malheureusement il y a beaucoup de centrales électriques et d’usines
industrielles ou chimiques aussi (un rapport avec le cancer), toutes proches de
belles maisons et villas, des petits ports de plaisance, quelques éoliennes sans
doute en nombre insuffisant et dire que certains trouvent que ça gâche le
paysage, en passant à côté le bruit est quasi nul alors que les déchets
radioactifs resteront dans le sol ou ailleurs pour des centaines de
milliers d’années, mais on ne les voit pas et on ne les sent pas ! Tout le
monde connaît leur nocivité ?
- Lorsque je longe les plages de
la Baule, Pornichet, jusque Saint Nazaire, il y a de longues plages de sables
fins avec une belle vue sur les pétroliers venant décharger leur
cargaisons dans une région polluée à une vingtaine de kilomètres plus en
amont sur la Loire (à Donges) où je passe aussi, avec des cours d’eau jaunâtre
et verdâtre, et dire que des milliers de vacanciers viennent se baigner là
chaque année sur les « belles » plages de La Baule. Il y a un nombre
phénoménal d’usines de raffinage autour de Donges, quelle pollution, les odeurs
font tourner la tête et je me demande ce que les gens qui habitent là attendent
pour se révolter (ah oui, c’est leur travail). Un programme de construction
d’éoliennes et de panneaux solaires devrait être obligatoire en France au
moins ! Je vois même un nouveau lotissement qui se construit sous les gros
câbles venant d’une centrale électrique située à 200m de là, incroyable en
2007.
La sortie de Barcelone était aussi dantesque ! Pendant 20 km c’est
une succession de voies expresses, de petits chemins se terminant en queue de
poissons, de cailloux, de sables et de pollution dans ce monstre de béton. Il y
a beaucoup de nouvelles constructions et on se demande où la ville va s’arrêter
d’empiéter sur les zones agricoles ou naturelles. Je passe vite fait par
Taragone où il y a des ruines antiques romaines, à la sortie il y a beaucoup
d’usines de raffinage, comme à Nantes, beaucoup de bruit, de pollution et de
circulation. La côte est jolie mais il y a bon nombre de constructions (plage
encore toute proche des raffineries).C’est encore la même chose quand j’arrive
à Gibraltar (au Royaume-Uni) après le passage de raffineries de pétrole et
d’usines de gaz naturel juste à côté des plages !
L’utilisation intempestive des
ressources. Pour la décroissance :
Il est encore évident, en voyageant ou non, de constater l’intensité
exagérée de l’utilisation des ressources naturelles, il y a aussi beaucoup de
gaspillage. La décroissance (une utilisation rationnalisée des ressources) est
forcément nécessaire. Beaucoup de biens sont utilisé, consommés et jetés sans
raisons.
Exemples :
- Sur la route dans le Wisconsin et le Michigan, je trouve aussi
quelques fermes habitées par des gens habillés comme au XIXè s., j’en croise
aussi en calèche, certains de leurs enfants me disent aussi bonjour. Bizarre,
pourquoi s’arrêter au siècle dernier et pas à une autre époque ? Est-ce
que les enfants ont le choix ?
- Aux USA, tout est drive bien souvent : le fast food, la poste
pour déposer les lettres et colis, les banques et les distributeurs… On n’a
presque plus besoin de descendre de sa voiture la plupart du temps. Il n’y a pas
trop d’exercices donc et d’activités physiques régulières.
- A Las Vegas il y a beaucoup d’arrosage pour les palmiers, pelouses… car
la ville n’est entourée que de désert !
- Toue la vallée à Yosemite est très jolie, le paysage est féerique, il
y avait là un ancien glacier et c’est de ces montagnes que SF tire la plupart
de son eau potable : il y a un grand aqueduc alimenté par l’eau de deux
lacs de retenue où il est interdit d’y nager, d’y pêcher et d’y faire du bateau
(l’aqueduc fait presque 500 km). Bien sûr la ville de SF et son agglomération
connaît des problèmes de manque d’eau.
- Dans le Jura, en France donc, c’est encore une belle journée en
juillet avec environ 30°C la pm mais c’est lundi et ça reste dur de trouver du
ravito, tout est fermé même les boulangeries. Et puis, pour l’eau, toutes les
fontaines des villages sont polluées, c’est noté « eau non potable »,
de même sans doute pour les petits ruisseaux car on trouve de l’élevage
(vaches, moutons) partout même sur les sommets à 1300-1500 m ! L’Homme et
la pollution qui va avec sont partout (plus tard, au retour, en travaillant, on
me dira qu’en fait il n’y a pas de contrôle de l’eau et donc on met
systématiquement « eau non potable », où est donc la vérité ?).
- En NZ, dans l’île du nord surtout, il y a beaucoup de vignes
nouvelles en remontant une vallée pendant 100 km environ, on voit toujours
beaucoup de vaches, de moutons et de grandes fermes. Les paysages sont un peu
décevants, il y a souvent des collines, assez hautes pourtant en altitude de
500 m, qui sont déforestées pour laisser place à des prairies pour les
moutons ; les vaches sont plutôt dans les plaines. Il y a même de
l’irrigation pour aider l’herbe à pousser… alors qu’il ne fait pas chaud… Il
reste quand même de la forêt grâce à des zones de conservation et des PN
(surtout dans l’île du sud) mais comment randonner à pieds maintenant avec des
sources et ruisseaux où l’eau est non potable ! Ca en fait des kilos en
plus sur le dos ! Les fermiers devraient avoir l’obligation morale au
moins de nourrir et loger les randonneurs pour avoir mis à mal la nature qui
permettait à l’Homme de se nourrir et de dormir à l’abri mais bon, c’est le
vice de l’agriculture intensive dans les Etats « occidentaux »
surtout.
- En Australie, NZ, et aux USA, il y a beaucoup de feux de brousses, ça
fait beaucoup de fumées, de pollutions, de destructions des habitats des
végétaux et animaux, beaucoup d’inconvénients. Cette pratique est difficile à
comprendre.
L’assujettissement
sociétal :
-Aussi, en NZ, on ne peut commencer à acheter du tabac qu’à 25
ans ! Mais on vote à 18 ans encore… Je crois que les gouvernements ne
savent plus quoi faire comme lois et empiètent de plus en plus sur la vie
privée des gens. Et dire que Jeanne D’Arc est morte à 18 ans et
« libéra » Orléans à 17 ans ! Dans un temps où l’espérance de
vie était de 30 ans alors que maintenant il faut attendre environ 25 ans pour commencer
à travailler « correctement » et 30 ans pour se marier mais c’est la
société de consommation, on passe son temps à consommer plutôt qu’à vivre…
- Dans les Etats « anglo-saxons » (pays nordiques de
l’Europe, Amérique du Nord, Australie et NZ), il y a beaucoup d’œuvres
caritatives, c’est bien mais je trouve que c’est aux gouvernements de s’occuper
de ça, de plus c’est paradoxal, on aide ceux qui sont nés avec un problème
« inné » (maladie du cœur congénitale chez les enfants par exemple)
et on refoule aux frontières ceux qui sont nés avec un autre problème, sans
l’avoir choisi aussi, la pauvreté… Africains, indiens… Monde cruel ! Par
contre on trouve par exemple encore assez de financements pour créer un musée
de la guerre dans une petite ville de NZ , les Hommes…, que de contradictions.
2) L’imprégnation de la société de
consommation :
Les quelques jours de « repos » (avec la diarrhée) à Niamey
sont assez durs, plus durs que ceux passés sur le vélo et sur la route, être
enfermé entre quatre murs c’est vraiment trop long, aucun contact avec la
population (la vraie), beaucoup d’hypocrisie dans les contacts apparents, ici
les blancs vivent entre eux, entre quatre murs, pas de noirs à leurs tables.
Pas de cosmopolitisme, les expatriés restent entre eux, même si j’en rencontre
quand même qui vivent comme des africains et avec des africains. Aussi
j’entends beaucoup de critiques sur l’Occident qui est le diable (c’est les USA
le démon), pays où il n’y a pas de liberté, on dit que je n’ai pas le recul nécessaire,
l’Occident est une société de consommation par excellence qui prouve son échec
par la crise. Incroyable ! Ici les gens ne demandent pourtant qu’à vivre
comme en Europe…, où il y a de quoi manger, des écoles, une santé, des biens de
consommation qui n’existent pas ici ou qui sont très chers pour eux. D’ailleurs
les portables venant de Chine sont abordables, beaucoup en ont, des routes se
construisent bien sûr avec l’aide des occidentaux ou des chinois ou la Libye…
qui attendent quelque chose en échange sans doute, bien sûr il faudrait un
système international.
La crise vient de la responsabilité des banques, pas de la
responsabilité des gens et de la consommation (on a le choix en Occident). On a
la liberté de circuler, de voyager partout ou presque dans le monde, de ses
opinions. Ici c’est très difficile de circuler hors de l’Afrique noire, pour un
africain. Il n’y a pas de presse ni TV ni moyens d’en avoir alors qu’ils
seraient plus libres. C’est dur d’y croire et de l’admettre, et les contrôles de
police sur les routes ? Avec la pauvreté, les gens n’ont pas le temps de
se soucier de ça alors que j’entends des « blancs » entrain de boire
des bières et du vin (chers ici) critiquer le modèle occidental. Pourtant ici
ils vivent comme les « riches », maisons en dur, piscine, voitures,
ventilation, tout le confort à l’occidentale, la santé, la mutuelle en France,
l’école française, accouchement en France, création de site internet pour
vendre et acheter au Niger, travail avec des salaires comme en France dans un
pays où la vie est beaucoup moins cher, au Niger…, beaucoup de
contradictions : appareil numérique, carte USB, habits propres, machine à
laver, ordinateurs… Quel décalage et ils n’abandonneraient pas leur nationalité
française pour celle du Niger ?
Est-ce que les français sont libres ou non de choisir la société de
consommation ? En ont-ils seulement conscience ? Maintenant la
société de consommation a quand même permis de bonnes choses, sans devoir se
préoccuper de la chasse et de la cueillette, ce qui poserait beaucoup de
problèmes si tous les français faisaient ça en France (il y aurait beaucoup de
conflits car il n’y a plus que des propriétés privées). Les Hommes ont pu faire
des recherches, des créations et des inventions (car il y a plus de temps
« libre »), c’est comme ça qu’il y a eu les voitures (pas forcément
une bonne chose), qu’on a pu aller sur la Lune et dans l’espace, envoyer des
satellites, gagner une espérance de vie plus grande (80 ans alors que c’est
50-60 ans dans beaucoup d’autres Etats dit du sud)… Sans doute y a-t-il du bon
et du moins bon de chaque côté. Maintenant chacun reste libre, faut-il encore
le « savoir », c’est le principal tant que la liberté ne nuit pas aux
autres.
Quelques marocains essayent justement de profiter que l’on soit
européen (une voiture neuve coûte 20.000€ à cause de la douane, me dit-on). Il
y a un immense « gaspillage » en Occident et beaucoup de déchets
alors qu’ici tout est récupéré. Des entreprises pourraient donc recycler ces
déchets mais il faudrait que les normes soient internationales pour ensuite
redistribuer des matières premières et créer des emplois, le tout pourrait être
financé par la taxe Tobin et ces matières redistribuées à ceux qui en ont
besoin. Le monde pourrait être bien meilleur mais il restera le reflet de la
nature humaine avec une bonne inégalité entre riches et pauvres (« Europe
forteresse »). Pourtant il y a beaucoup à faire dans ces pays et beaucoup
à investir (éolienne, solaire…), mais il n’y a pas de normes et contraintes
internationales équitables, chaque Etat garde en vue ses intérêts. Au final, ce
sont les Hommes qui perdent. Le gaspillage, la pauvreté et l’environnement sont
des problèmes liés qui ne peuvent être résolus nationalement, l’Homme
disparaîtra, pas la Nature, et il faut un équilibre.
Exemples :
- Au Sénégal avant la frontière avec le Mali, ils sont entrain de
refaire une route goudronnée sur environ 160 km avec le financement notamment
de l’UE (un peu la Chine, le Japon et le Canada aussi), sans aucun doute avec des
contreparties sur d’autres marchés. Ce qu’on peut regretter c’est que, pour ces
pays dits « pauvres », on veut systématiquement leur faire emprunter
les mêmes étapes que nous alors qu’il faudrait développer des énergies
renouvelables et durables, adapter les structures sociales et sanitaires à ceux
qui ont un mode de vie nomade…, penser l’avenir et les technologies du futur au
lieu de panser les manques.
- Aux USA, on trouve beaucoup de centres commerciaux tout au long de la
route, dans toute agglomération (société consumériste), il y a beaucoup de
voitures et donc de pollution. On trouve très peu de transport en commun (je
n’en vois pas aux USA!), la voiture est reine. Si tous les terriens
consommaient ainsi, c’est sûr que La Terre n’aurait pas assez de ressources
pour tous ! Il vaut mieux alors chercher à aller dans l’Espace ou bien
innover pour trouver d’autres énergies ou faire la guerre pour se maintenir en
« superpuissance ».
- En Nouvelle-Zélande, sur la route je revois des centaines de biches,
cerfs, en pâtures, je demande alors à un fermier pourquoi ils font ça et si
c’est pour la chasse ? Et oui, c’est bien pour ça, pour le plaisir de la
chasse, alors qu’en plus ils perdent leur sentiment de peur et donc l’instinct
de fuite, facile au fusil, ils devraient essayer avec un arc ? Ca donne
l’impression de revenir au temps où
l’Homme blanc tuait les animaux sauvages pour son bon plaisir (comme les
bisons), mais est-ce que ça n’a pas toujours été ainsi ? Aujourd’hui il
existe aussi des voyages à l’étranger comme au Kirghizistan…, pour aller à la
chasse, encore du marketing touristique.
II. Vers un futur plus réaliste ?
1) Vivre en symbiose avec la nature :
Les modes de vie naturels des
anciens :
- Ayers Rock c’est comme un « gros cailloux » où un clan aborigène
vit autour depuis des siècles, ils y tirent les ressources nécessaires pour
vivre, pour se nourrir (comme il ya des sources) et tout autour il y a bien sûr
des lieux sacrés (un peu comme le Mont Saint Michel, la cité de Rocamadour, la
Roque Saint Christophe sur une falaise au bord de la Vézère où les Hommes
avaient habités dans des habitations troglodytes et en bois jusqu’au XIXè s).
- En Afrique, je repense à l’art et parfois, dans quelques villages, 4
ou 5 fois pour le moment, je vois des ateliers de menuiseries avec des meubles
(armoires ou portes) au moins d’aussi bonne qualité que celle que l’on trouve
chez les menuisiers en France ! Depuis hier je fais une véritable cure
d’oranges et de bananes ; j’essaye d’arriver à en prendre dix de chaque tous
les jours, c’est un vrai bonheur ! Un délice, c’est seulement 25 CFA pour
un fruit soit environ 25 fruits pour 1 € ! C’est produit localement, c’est
très bon ; mais ici pas de contrôle, ni de taxe… et c’est souvent des
enfants qui les vendent (comme les cacahuètes).
Ensuite, sur la route, je croise un burkinabais qui a sur le porte
bagage de son vélo au moins deux stères de bois en montant un long faux plat,
avec le vent de face, il faut beaucoup de courage pour faire une dizaine de
kilomètres comme ça ! Ca me rappelle aussi mon arrière grand-père, en
France, qui faisait en vélo l’aller et le retour entre Lens et Lille pour aller
chercher des chaussures et les revendre ensuite ; beaucoup de choses
étaient comme ici, en France, il y a 60 ou 100 ans en arrière (ce n’est pas si
loin).
Je repense aussi à un site internet de personnes qui veulent faire un
tour en Afrique pour visiter les parcs nationaux (où il faut prendre un guide)
pour sensibiliser au sujet de l’environnement (ah le marketing occidental fonctionne
bien). Absurde ? Vue la pauvreté ce n’est pas la priorité ici et vue le mode de vie ce ne sont pas eux
les pollueurs de la planète et je n’ai pas encore vu d’industrie (au Niger
il n’y a qu’une cimenterie).
La difficulté de retrouver les
états naturels
- La route en Nova Scotia, au Canada passe souvent par de nombreuses
baies et traverse de nombreux petits ruisseaux ou rivières descendant des
hauteurs, je rencontre encore des cerfs blancs cachés dans les sous bois proche
de la route (imperceptibles en voiture). En vélo, on est dans la nature, dans
le vent, la pluie, la chaleur, on entend toute sorte de bruit (le vent contre
les feuillages, les craquements dans les bois, le chant des oiseaux), on a plus
souvent l’occasion de voir des animaux et leurs réactions comme d’entendre et
mieux comprendre les humains aussi en ayant plus de temps pour voir des scènes.
- A Saint Lary, je reste environ 30’ à parler avec le laïc, amateur de
vélo, qui s’occupe de la restauration de l’église, il vient de Narbonne et
c’est un des seuls ici à être pour les ours, tout le monde semble contre et sur
la route du tour de France, dans les Pyrénées, il y a au moins 50 inscriptions
« non à l’ours », « à mort les ours, les loups, les lynx »,
« les ours à Paris »… C’est navrant de voir ça, quelle
mentalité ! Comme dans les Corbières où tous semblent contre les éoliennes
(association « cri du vent »), c’est vraiment dommage pour eux et
quelle réputation envers les étrangers…
- En Afrique, sur la route je croise beaucoup de cyclos, pas pour le
sport mais pour transporter toutes sortes de choses (bois, eau, bétail, canne à
sucre, briques de terres…), sinon c’est avec des ânes. Ils peuvent faire 10-20
km comme ça avant d’arriver en ville. Ca prend beaucoup de temps pour le transport
alors et souvent pour pas grand-chose mais c’est essentiel pour eux, pour vivre
Il y a encore beaucoup de métiers ici qui existaient chez nous il y a
100 ans mais qui ont disparu avec l’industrialisation. Les plus riches sont les
épiciers et les fonctionnaires, j’ai même vu un épicier avec un PDA, c’est la
classe moyenne ici, même si ça reste relatif et pauvre. Il n’y a pas de
mécanisation dans les champs et il y a très peu de clôtures, aussi on voit
souvent des bergers (qui peuvent être très jeunes, 6 – 8 ans) et donc la
population reste très rurale (80%).
- Dans le nord-ouest du Mali, le parcours se fait sans beaucoup de
rencontre, il y a très peu d’habitants dans ces régions arides mais on trouve
toujours des chèvres, brebis, vaches, ânes… un peu partout ; beaucoup
d’herbes sèches très bonnes pour nourrir le bétail un peu partout aussi, c’est
vraiment une agriculture bio ! Au sens vrai ! Et il faudrait que
nous, pays « riches » les payons pour continuer dans ce sens et ne
pas dévier dans une agriculture intensive comme chez nous où la viande, les
légumes et les fruits n’ont plus de goût trop souvent ; il faudrait aussi
les payer pour qu’ils continuent à transporter leurs marchandises en vélo (même
si c’est pénible) et quand j’ai dit ça quelques fois on me riait en disant
qu’ils préféreraient quand même avoir une voiture que d’être payés pour
continuer en vélo, en âne ou à cheval… mais il faudrait essayer car ils
protègent l’environnement, ce ne sont pas ces pays là qui ont fait de la Terre
une décharge ou un enfer, la responsabilité incombe à la production de masse
qui est, depuis les années 50 et 60, l’apanage des pays
« occidentaux », pour produire toujours plus et intensivement.
Avant et après la ville de Didjéni où je prends un ravito, je croise
aussi une bonne vingtaine de charrettes tirées par des ânes. A Didjéni il y a
aussi de nombreux camions, c’est le jour
de grand marché sans doute et chacun va vendre ses affaires, c’est
impressionnant ce cortège de charrettes ! Il y a aussi beaucoup de vente
de bois, en bord de route, peut-être au détriment de la savane et au risque
d’accroître la désertification ; avant l’entrée en ville je croise des
policiers qui ont du mal à croire que je m’en vais au Niger et l’un d’eux me
demande si je suis marié (non) et il me dit que peut-être je pourrais me marier
ici.
Le soir je rencontre sur la route des enfants qui rentrent à leur
maison, ce sont des amis, ils sont trop sympas sur leurs vélos très
raccommodés, heureusement que le vent est de face pour ne pas que j’aille trop
vite, on fait 5 km ensemble et j’apprends ainsi quelques mots de Bambara
(« inche » = merci ; « kembe » = au revoir et
« inse saroma » = bonjour).
2) Vivre dans un monde alliant mode de vie
« authentique » et hautes technologies :
Rester ou partir vivre dans la Nature ? Mais nulle part on
est tranquille, je préfère donc rester en France et dans le Haut Quercy pour
essayer de sensibiliser au respect de l’environnement et à des solutions
alternatives qui en fait n’en sont pas puisqu’elles sont celles d’avant !
Ca ne sert à rien de fuir car tôt ou tard on se fait rattraper.
Le problème est que plus on attend plus ce sera dur de revenir à un
monde authentique à cause du problème croissant des ressources naturelles qui
disparaissent suite à la pollution ou à la surproduction… ! On ne trouve
bientôt plus de poissons dans les rivières (en dehors des poissons d’élevages
remis dans les rivières à l’occasion de la période de pêches) comme aux abords
des côtes maritimes et dans les océans. Il faudrait donc y parvenir par pallier
afin de laisser le temps nécessaire à la régénération des ressources naturelles
réduites ou disparues :
- Au moins au début, ça devrait être obligatoire de prendre le train et
il devrait y avoir un parking gratuit et surveillé avant l’entrée dans les
grandes agglomérations. Après, chacun devrait pouvoir se déplacer par des
moyens non motorisés, sauf exceptions (personnes handicapées ou atteintes de
maladie…).
- En passant le Sahara occidental, la nuit, un brouillard s’est levé,
c’est incroyablement magique, seul dans ce désert, au bord de l’océan, à
l’écoute des vagues, dans la brume. Bien sûr je suis certain que l’on pourrait
installer des bâches en plastique pour récupérer l’eau et ainsi irriguer des
cultures à la faveur de ces nuits fraîches ici dans le désert, l’eau serait
stocker dans des citernes, dans le sol où c’est moins chaud, et redistribuée
quand nécessaire, bien sûr on pourrait sans problème installer des panneaux
solaires.
- On pourrait très bien créer des emplois dans des secteurs qui
n’existent pas ou n’existent plus. En imaginant que la voiture ne soit plus
permise, cela veut dire la création de « boutiques » et
l’implantation d’artisans dans les villages et petites villes comme autrefois,
la réouverture de services publics qui s’étaient centralisés (soit disant pour
diminuer les coûts mais en fait c’était encore le particulier qui devait payer
son essence pour joindre l’administration… La fin de la grande distribution
serait remplacée, comme auparavant, par des marchés « bio » (ou
plutôt des marchés sans produits chimiques ou transformés) sur les places de
villages. Lorsque je prends des petits ravitos, c’est très cher dans les
petites épiceries des villages de montagnes : deux fois plus que dans un
supermarché de ville, pour les mêmes produits, pourquoi ne prennent-ils pas des
produits bio d’agriculteurs du coin ?
- On trouverait encore une forte augmentation des emplois dans les
domaines du textile en interdisant les produits plastiques que l’on utilise
dans la confection des vêtements, sans doute encore une origine des allergies
et eczémas, et en taxant fortement les produits importés en France et en UE
venant de « loin », le but étant de favoriser le commerce local et de
ne pas créer des aberrations.
- Des métiers « disparus » ou devenus rares seraient de
nouveau indispensables : forgeron, maréchal-ferrant, gardien d’écuries et
relais pour chevaux et vélos, tailleur de pierre, ouvrier agricole (n’est-il
pas plus honorable dans une société non polluante et allergique aux produits
chimiques que de travailler la terre pour nourrir sainement ses
semblables ?).
- Des métiers « nouveaux » verraient aussi le jour, il faudra
beaucoup de personnes travaillant dans les domaines des énergies renouvelables
comme dans les transports (création et amplification des réseaux de tramways,
de chemins de fer, de pistes cyclables, balisage et entretien des chemins…),
les énergies dites « vertes » (éoliennes qui ne sont pas plus
« moches » que des pylônes de ligne haute tension, panneaux solaires,
recyclage des déchets…). Bien sûr il faudra aussi viser l’objectif nécessaire
de décroissance et de dénucléarisation totale au plus tôt.
Tout ceci permettra aux personnes de faire de nombreuses économies dans
des dépenses couteuses qui étaient profitables aux vendeurs d’énergie dont les
profits sont finalement peu taxé en France (Total ne paye pas d’impôts sur les
sociétés en France) ; de plus, grâce aux réseaux sur internet et par une
vente par correspondance « ciblée » (seul certain produits pourront
être vendus par correspondance pour éviter d’utiliser des transporteurs,
ceux-ci seront d’ailleurs obligé d’utiliser le rail) c'est-à-dire par exemple
l’envoi de plans d’un produit manufacturé fabriqué dans le sud de la France,
par internet, à une entreprise pouvant créer des produits semblables (système
de brevetage) dans le nord de la France ou aux USA…
Enfin, il faut absolument appliquer une taxe « Tobin » sur
les transactions internationales, ainsi que sur les profits des actionnaires qui
sont faits au détriment d’augmentation de salaires et d’investissement, le
profit des actionnaires devra être limité.
Section
2 : Des apports « géopolitiques » :
Le voyage permet de faire des rencontres dans différents pays, de mieux
appréhender les problèmes qui peuvent y avoir en sachant bien que chaque
voyageur aura et peut avoir un autre avis du fait d’expériences différentes,
heureusement.
L’Afrique a eu un grand rôle sur les émotions plus que n’importe quel
autre voyage et on y apprend beaucoup, notamment l’humilité, qui reste à
travailler jour après jour et ce n’est toujours pas facile.
Partout on rencontre des gens fiers de leur pays, heureusement, mais
aussi ouvert aux autres et au monde, aux étrangers. Partout on peut recevoir
même sans donner par simple hospitalité qui est sans doute une règle
« d’or » de l’humanité et de l’humanisme tout simplement. Cependant
partout on trouve aussi de la violence notamment dans les zones surpeuplées,
des risques de corruption et d’autorité sans légitimité ou outrepassant celle
qui leur a été octroyée. Certaines règles pourraient s’élever à un niveau
supérieur pour garantir à tous la liberté de choix tout en protégeant l’ensemble
et en préservant les différences.
1. Pauvreté et richesse de l’Afrique
L’Afrique est un continent « complexe » et il y a une grande
diversité culturelle, beaucoup de traditions, d’ethnies… Même si je ne suis
« passé » qu’en Afrique nord-occidentale lors de deux parcours et en
seulement trois mois, certains problèmes se vérifient au gré des
évènements : coups d’Etat, guerres… Les deux petites traversées dans ces
contrées ont aussi plus que toute autre traversée permis de se poser un grand
nombre de questions dont les réponses sont très contradictoires, y en a-t-il
seulement ? Elles ont aussi permis de relativiser beaucoup de choses que
l’on trouve ici, en Occident, notamment le confort et de nombreux
mécontentements « populaires ».
Il n’y a pas vraiment de règles avec les autorités, 80% de la
population est analphabète dans le Sahel, c’est donc la coutume locale qui
prime plus que les lois ou les règlements que les gens ne savent pas forcément
lire ou comprendre. De plus les frontières correspondent très rarement aux
anciennes tribus et ethnies qui peuplent ces territoires ; chaque peuple
peut ainsi vivre dans deux ou trois Etats différents ce qui provoque forcément
des tensions, de la corruption et du favoritisme, certains peuples ne sont même
pas sur un territoire contigu, d’autres sont nomades.
L’humanitaire a aussi ses côté négatifs, ça ressemble à des ONG
indépendantes mais chaque ONG a une « nationalité » et donc ça
favorise certains Etats (si une ONG française est présente c’est un peu comme
si c’était une entreprise française).
Il n’y a que très peu d’éducation (les enfants sont 70 par classe et
souvent ils chantent), on ne trouve pas de formations sauf dans les grandes
villes (les capitales) comme pour les soins et le travail. D’ailleurs ils ne
ressentent aucun effet de la crise économique ici, même s’il y a des
multinationales, beaucoup des employés sont aussi « occidentaux », il
y a très peu d’investissements étrangers (ces pays sont aussi trop
instables : coups d’état, assassinats, corruption… et les lois mêmes
constitutionnelles changent trop souvent pour qu’on s’y retrouve), les
populations locales ont aussi leurs coutumes et leurs façons de faire, c’est
assez difficile de changer des mentalités et un mode de vie qui dure depuis des
millénaires. Les entreprises ne font pas de cadeaux, et si ça ne leur convient
pas, elles vont ailleurs, ce n’est pas à elles d’éduquer ou de construire des
logements… Pourtant je reste à la fin de ce voyage sûr qu’il y a assez de ressources
pour tous, il faut innover, recycler et en rechercher des nouvelles. Aussi dire
qu’il n’y a pas de ressources sur Terre pour tous et que les Etats occidentaux
feraient exprès de maintenir ces populations dans la pauvreté sonne faux,
pourtant au début de ce voyage je croyais que c’était peut-être une des causes
(inconsciente) de la persévérance de la pauvreté dans ces pays mais cette vue
n’est pas suffisante.
Les maures avaient conquis l’Espagne. On ne le croirait pas vu le
niveau de développement de la Mauritanie maintenant. De même que de Tombouctou
jaillissait un grand empire malien, il y a plusieurs siècles, beaucoup de
choses et de savoirs ont été perdues, comme au temps du Moyen-âge en France,
après la chute de l’empire romain, il a fallu patiemment attendre la
« Renaissance ».
1.1. La difficulté d’être de
couleurs :
- Lorsque j’arrive à Tan-Tan j’entends alors que je suis encore sur le
vélo, j’entends déjà dire « bonjour le riche », c’est dommage les
préjugés à cause de la couleur de peau… Ca empêche beaucoup de choses ici comme
ailleurs. Mais en général les commerçants sont honnêtes. A Tan-Tan, les hôtels
pour occidentaux sont à l’extérieur de la ville, pour des raisons de
« sécurité » mais ce n’est pas bon de couper les liens entre les
habitants et les touristes et forcément les marocains savent que les séjours
touristiques valent une « fortune ». Ici c’est bien le désert même
s’il y a des cultures de pommes de terre sur plusieurs hectares avec un peu
d’irrigation. Guelmin est une jolie petite ville, de même que Tan-Tan où je
dors le soir dans un petit hôtel du centre (pour 3€), encore le seul européen,
les autres sont dans des hôtels plus « classiques » et 10 fois plus
chers. Avec la barbe et mes habits, une fois le vélo posé, je passe inaperçu,
sauf quand je parle bien sûr, et on ne me demande rien alors. Je prends aussi
un bon repas pour seulement 4€ (deux fois le même tajine : poulet, sauce,
riz…, c’est très bon, à manger avec la main droite, ça fait longtemps que je
n’ai pas pris autant de forces).
- Dans la traversée du Sahel, il y a beaucoup de demandes d’argent,
dont les facteurs responsables de ce phénomène sont divers et complexes. Deux
fois je demande pourquoi moi et pas un autre en montrant la mobylette d’un
nigérien et ils me répondent, « t’es blanc ». Encore. Les préjugés,
j’aurais pu facilement donner 6.000€ de cadeaux sur ce trip ! Le voyage
aurait coûté cher… Il y a aussi beaucoup moins de « pssit » ou de
« hé monsieur » qu’il y a un an, c’est plus tranquille, quand ça
arrive je n’y prête pas attention car ces appels se font uniquement à cause de
la couleur de la peau qui est synonyme ici d’étranger et donc de riche (c’est
vrai qu’ici le salaire et les conditions pour le droit du travail n’ont
vraiment rien à voir avec celles en France, tant qu’elles durent), c’est un peu
discriminatoire, sûr, du racisme ? Peut-être qu’ici sans éducation ils ne
savent pas trop ce que c’est et dans le fond il n’y a pas de racisme, juste que
c’est rare d’en voir passer un « blanc » en vélo et c’est l’occasion
(on ne sait jamais).
- Je ne vois pas beaucoup de touristes depuis le départ, seulement deux
couples en 4x4 récentes en shorts et tee-shirt entrain de s’affaler en bord de
route sur leurs voitures : bel exemple pour confirmer la réputation qu’ont
de nous les africains à savoir « tous les blancs sont riches ».
Pourtant je vois énormément de 4x4 ou Mercedes ou BMW conduites par des noirs
mais à eux on ne demande pas d’argent (on me dit que ce sont des émigrés qui
reviennent au pays ou des fonctionnaires). Enfin toujours est-il que c’est plus
facile d’embêter les touristes que les maliens riches (où il y a un risque de « représailles »
peut-être ?). Lorsqu’on me dit « le blanc », il arrive parfois
que je m’arrête pour dire que c’est du racisme de dire ça ; ils sont
d’abord étonnés puis quand je leur explique ils s’excusent mais ils semblent
toujours avoir dans leurs yeux la peur du blanc et de l’ancien colonisateur
même si personne de ma famille a été là-bas au temps des colonies, la fin de la
colonisation a eu lieu depuis un moment aussi et eux comme moi sommes nés bien
après. Il y a bien des maliens en 4x4, Mercedes… et des blancs qui meurent de
froid dans la rue et dorment dehors… en France (quand je dis ça aux africains
soit ils me regardent sans réactions soit ça les fait rire et ils ne me croient
pas). Ils me disent aussi que chez eux ils sont africains et pauvres, je leur
réponds qu’en France il y a 6 millions d’africains et qu’on ne leur dit pas le
noir… Et dire « tous les blancs sont riches ». Près de Bamako, Aly me
disait que pendant un moment l’école était obligatoire mais plus maintenant,
ils ne sont donc pas près de se développer maintenant s’il n’y a plus d’école.
Ils ont peu de diversité en nourriture alors que la terre est très fertile sur
une bonne moitié du Mali et il y a aussi beaucoup de ressources minières.
1.2. Problème de manque de matières
premières agricoles et de l’exportation des ressources naturelles :
Les Etats de l’Afrique nord-occidentale ont toujours conservé,
volontairement ou non, un lien important avec leur ancien colonisateur, la
France. De plus ces Etats connaissent parfois malgré eux un déficit de
production agricole pourtant très importante pour nourrir les populations. On
attend donc les investisseurs souvent et l’espoir surtout.
1) La France-Afrique :
Alors que mes rayons se cassent les uns après les autres, dans le
Sahara occidental, je décide de faire du stop tout de suite et après à peine 5
km à pieds un camion s’arrête et le conducteur me propose de m’amener plus loin
où il ne restera que 30 km pour Dakhla. Il y a beaucoup de 4x4 française ou
italienne mais aucune ne s’arrêtera pour m’aider ! Le camionneur marocain
revient d’Agadir et va chercher sa cargaison de tomates qu’ils exportent
ensuite en Europe et en France. Il trouvait ça bizarre, un vélo accroché sur le
sac à dos, on met donc le vélo sous le camion (là où on met normalement le pneu
de rechange). Ces tomates sont cultivées à 40 km de Dakhla pour ne pas qu’on
les vole et par irrigation (avec l’eau de pluie) et sur plus de 50 ha. Un kg
d’orange vaut ici 2 Dh, soit 20 cents !). Bien sûr quand on est occidental
les prix peuvent varier. A la fin de la
course je veux donner 10 Dh pour la route mais il croit que c’est moi qui lui
demande et il est près à m’en donner 10, je dis que ça va et le remercie bien.
Au croisement avec la piste où il me dépose, on croise les cueilleurs de
tomates ! C’est alors qu’ils me proposent de rentrer avec eux jusque
Dakhla, je reste un moment le soir avec Abdel Kadair, un gars très bien, chef
mécano, ce qui lui vaut un salaire mensuel de 3000 Dh (soit 300€) mais il en
donne déjà 1000 tous les mois à ces parents, âgés, qui habitent Midelt et qui
ne travaillent plus et n’ont pas de retraites bien sûr. Il vient juste de se
faire cambrioler, sa porte est défoncée et il doit donc racheter des clous pour
remettre son petit verrou, pas besoin d’appeler la police, ils ne servent à
rien ici me dit-il, d’ailleurs dans la camionnette je passe tous les barrages
sans aucun contrôle (on me confond très bien en berbère). Il cherche aussi à
venir en Europe même quand je lui explique que la vie est chère ; un 1er
visa lui a déjà été refusé pour l’Allemagne.
Avant Bou Lanouâr je croise un mauritanien qui avait travaillé pendant
plus de 20 ans en France, il est revenu en Mauritanie et je lui demande
pourquoi il n’est pas resté en France, il me dit que c’est son pays et qu’il y
a beaucoup à faire, je suis bien d’accord avec lui et il ajoute qu’ici les
mauritaniens ne sont pas des grands travailleurs, c’est aussi ce que je
remarque malheureusement, l’espoir manque cruellement ! La nuit j’entends
plusieurs fois le long train passer sur la seule ligne de chemin de fer,
construit à l’époque coloniale, entre Nouadhibou et Zouérate où il y a des
mines de cuivre (pour l’exportation vers l’Occident), il sert aussi au
transport de personnes, tout est mélangé, ça avance doucement et le train est
long (on ne voit pas l’avant et l’arrière du train en même temps). Bien sûr
beaucoup de ses ressources minérales sont exportées. Le problème en Afrique
vient aussi peut-être de l’absence ou en out cas du manque d’éducation,
d’enseignements, de recherches et donc aussi d’innovations. C’est peut-être le
plus important dans une société avec la santé pour se développer car, sans
Constitution internationale, chaque Etat est en compétition avec les autres
Etats.
Un soir après Koupéla au Burkina Faso, je parle 1h avec un jeune de 15
ans que je croise alors qu’il revient chez lui en vélo, il est en seconde et va
à l’école que son père lui paye grâce à sa retraite qu’il touche pour avoir
travaillé pour une société française en Côte d’Ivoire avant que tous les
expatriés, il y a quelques années, aient du rentrer en France suite au vol,
pillage… de leurs maisons et aux émeutes ivoiriennes. Il est souvent d’accord
avec moi pour ce qui est du développement de l’Afrique et il espère aller
jusqu’au bac puis à l’université en France pour y rester, c’est dommage que la
plupart des africains qui aient des connaissances souhaitent venir en France.
Et oui, ainsi leur pays ne changera peut-être jamais. Il dit aussi qu’on est
riche grâce à la traite des noirs et au commerce triangulaire, je ne lui dis
pas mais ça fait 150 ans que l’esclavage est aboli, il y avait aussi des
esclaves blancs à certaines périodes de l’histoire, les ethnies africaines
étaient aussi en conflit entre elles et « offraient » des esclaves
aux blancs, elles en avaient elles-mêmes aussi et les ethnies africaines
étaient bien indépendantes avant l’arrivée des français. Le Burkina est
indépendant depuis 50 ans maintenant et la colonisation n’a pas duré des
millénaires.
2) L’agriculture :
S’il y avait plus d’irrigation et de possibilité de moyens de
travailler la terre…, l’agriculture serait très riche. L’Afrique a au moins
autant de richesses que l’Amérique du nord ou la Russie ou la Chine mais bien
sûr les « occidentaux » se partagent le gâteau en quelque sorte par
les organisations humanitaires et autres multinationales (avec une concurrence
de plus en plus forte de la Chine qui s’y intéresse de plus en plus). La terre
ici est très fertile, on trouve beaucoup d’eau sous ces terres, en rentrant
d’ailleurs en France, je lirais dans un livre sur les déserts que les
principales réserves d’eau douce se trouvent sous les déserts du Sahara !
Ce serait donc apparemment des régions très fertiles mais peut-être n’y a-t-il
pas assez de formations et de volonté des politiques pour penser ce
développement et aider dans ce sens. C’est sûr ici, sans enseignements, la
plupart n’ont pas les connaissances générales et peut-être pratiques et donc
c’est difficile sans le soutien politique de garder un espoir. De même pour les
commerces, c’est assez mal présenté, on ne sait pas trop qu’est-ce qu’on
trouve, il n’y a pas de panneaux bien lisibles, ça semble ridicule car sans
doute ce sont toujours des gens « du coin » qui viennent faire des
achats.
Les parcelles cultivées restent assez rares, pourtant la terre est
bonne mais elle semble surtout laissée pour l’élevage, l’agriculture c’est
juste pour leurs besoins. Ca pousse très bien dans les zones de cultures que
j’ai pu observer, le plus souvent près de lits de rivières plus ou moins
humides, c’est aussi souvent là qu’ils fabriquent leurs briques de terres et
d’argiles. C’est tout de même dommage car beaucoup de personnes ne travaillent
pas (bien sûr certains travaillent très dur, comme chez nous il y a plusieurs
décennies) mais ils ne font rien, ils n’embellissent pas la ville ou ne
nettoient pas les déchets au bord de la route… Ce sont des choses simples
qu’ils pourraient faire mais non, il reste là, à l’ombre, à attendre… Je n’ai
toujours pas vu d’art d’ailleurs, mis à part sur l’arrière de certains camions
où il y a quelques « peintures », ça fait du bien de voir ces
quelques dessins ; et on trouve aussi dans certains villages de très beaux
meubles en bois, il y a donc de bons menuisiers !
Les terres sont bonnes, un peu d’irrigation, une bonne gestion des
ressources… et tout pousserait grâce à la saison des pluies et à la saison
sèche, en alternance, mais très peu de terres sont cultivées, ce n’est pas dans
la tradition (beaucoup sont ou étaient nomades). L’agriculture, c’est sans
doute la base de toute économie, et ça ne demande pas de gros budgets pour
commencer. Dans une boutique à Ouaga, je dis qu’il fait bon ici, l’épicier
répond « les prix » (décidément, très matérialiste par ici), je
réponds « non, il fait moins chaud ». Ici tout est importé, rien
n’est produit au Burkina Faso, comme au Mali, pourtant les terres sont bonnes
mais elles sont peu cultivées, l’épicier me dit qu’il manque l’argent pour
commencer…, toujours le même discours et je laisse tomber, l’argent pour
commencer, comment ne pas éclater de rire devant ce constat, il n’y a pas
besoin d’argent pour faire pousser des légumes, planter des arbres fruitiers,
produire du lait et faire du fromage… Alors l’argent était présent avant les
légumes et les fruits… c’est fou ? Ca résume bien la mentalité
africaine ? Rien à voir avec celle des européens et des américains ou des
asiatiques, c’est le travail qui fait qu’on produit et qu’on gagne de l’argent,
pas l’argent qui produit le travail et les légumes après ! Ici, il semble
qu’ils attendent qu’on les paye pour commencer à travailler. En France, les
jours fériés, les congés payés, les retraites… sont arrivées après que des
générations d’Hommes aient travaillé, créé des richesses, des produits, de
l’innovation… (il n’y avait pas de vacances il y a 80 ans ni retraite ni
sécurité sociale ni chômage), après les générations suivantes peuvent en
profiter. Pour les africains, il faudrait commencer par le tertiaire, c’est
d’abord par l’agriculture qu’il faut commencer bien sûr ! Puis les
industries, puis les services, et pas le contraire.
3) L’attente
d’investisseurs :
A la sortie de Bamako, pendant une pause ravito, je parle à un
ingénieur en génie, on parle de l’économie, du développement… Il me dit que je
devrais venir ici faire des investissements mais je lui réponds que ce n’est
pas mon pays mais que j’espère qu’il y aura une meilleure coopération avec
l’UE… et que le développement doit venir du Mali et des maliens en priorité, il
me demande si je vais écrire un livre, je lui dis que non, à priori, car ici
nul africain ne pourrait le lire, et si je devais être amené à en faire un
alors je referais le même trajet ici en Afrique pour faire une exposition
« ambulante » dans les villes et villages où je suis passé… Chose que
je ne suis pas certain de pouvoir faire moi-même, en fait, mais peut-être en
« sponsorisant » d’autres ?
Ah, l’Afrique comprendra-t-elle un jour ? Les blancs sont aimés
pour l’argent qu’ils peuvent donner mais beaucoup de préjugés qui peuvent vite
se transformer en haine et donner des actions violentes comme en Côte d’Ivoire
à Abidjan ou au Tchad à N’Djaména. Les français sont bien plus gentils envers
les gens d’origine africaine qui viennent travailler… en France et je me
demande s’ils se rendent bien compte de la chance qu’ils ont, ici. Beaucoup
critiquent la colonisation mais, paradoxe, beaucoup veulent venir en France,
ah, les Hommes !
En Afrique subsaharienne on vit aujourd’hui presque comme il y a 100,
1.000 ou 10.000 ans, dans des huttes en brique de terres, quelques unes, très
rares, faîtes en pierre. Y a-t-il déjà eu des recherches, des innovations, des
grandes routes commerciales ? En Europe, en Chine, en Iran, en Amériques
du sud, en Egypte, au Mali..., il y a eu avant l’époque de la colonisation de
grandes civilisations (guerrières donc) grâce aux échanges, au commerce… et en
corollaire des constructions imposantes et importantes en pierre, et donc plus
d’éducation, de développement… (les aztèques, incas, mayas, romains, grecs,
perses, arabes, les commerces de la soie, des épices… et des monuments comme
les pyramides, les cités en Siam, les cités grecques et villes romaines, abbayes,
cathédrales…).
La colonisation et l’après-colonisation ont surtout été comme un choc
entre civilisations et créent maintenant des envies auprès des populations
africaines, ainsi beaucoup veulent venir en Europe et en France. Comme en
Amérique du Nord, dans les ghettos, c’est la même chose un peu ici, il n’y a
pas toujours du courage et la volonté de travailler, pourtant la terre est
bonne et il y a des richesses naturelles ; ainsi, les multinationales qui
parlent d’OGM pour l’agriculture dans les pays pauvres offrent là une belle
hypocrisie, un système vicieux d’engrainer des dettes des populations locales.
1.3. L’Afrique, aussi matérialiste que
l’Occident ? Est-ce le propre de l’Homme ?
Cela se traduit par différents phénomènes mais pas forcément ceux qu’on
retrouve en France.
1) Le marchandage, coutume
locale ?
Il faut souvent marchander et on passe beaucoup de temps pour la
moindre transaction, c’est assez ennuyeux et matérialiste finalement. Souvent
aussi pendant ces transactions, comme on est européen, quelqu’un vient, parfois
plusieurs personnes, autour de soi, pour voir comment ça se passe (souvent des hommes
à casquette dont il faut toujours se méfier). Il ne faut bien sûr jamais
montrer le porte monnaie avant de connaître le prix et de payer. Aussi des
commerçants essayent fréquemment de vendre plus cher, au prix européen, alors
que les produits ne sont pas de la même qualité et quantité. Quand ça bloque
j’achète quand même car il faut bien manger sauf s’il y a un autre commerçant
alors je vais voir si c’est pareil (souvent non, le 2ème est mieux
et les prix chutent), ça prend donc du temps de marchander.
2) L’agressivité ?
Sur cette planète les humains sont vraiment bizarres et bien plus
sauvages et dangereux que les animaux qui eux sont libres, l’Homme vit dans une
prison qu’il s’est lui-même forgé et il cause de lui-même cette violence
sans but, gratuite. Aucun ours ou loup n’attaquerait sans raisons. Enfin, c’est
aussi de ma faute, lors de cette « altercation » à Saint Malo, je
n’ai pas respecté deux règles essentielles : ne pas dormir dans une ville
de plus de 5.000 habitants sauf dans des zones commerciales ou
industrielles ; et ne pas rester trop longtemps avec des alcooliques sinon
ça dégénère toujours. Et là, contrairement à ce que j’avais cru, dans la cité
historique il y avait beaucoup d’alcooliques à cette heure tardive. D’ailleurs
ça s’est passé sur une place où il y avait une trentaine de personnes et aucune
n’a bougé, comme d’habitude en France. On trouve beaucoup plus d’agressivité en
Europe qu’en Afrique où c’était plus calme. Beaucoup d’européens sont nerveux
au volant, en faisant la queue dans les magasins… Quelle nervosité alors que
les africains (ou les américains et canadiens des Rocheuses) sont plus cools.
Les africains auraient beaucoup plus de raisons d’être envieux et agressifs
envers le touriste, et même s’il y a beaucoup de demandes et sollicitations
d’argent, il n’y a jamais eu d’insistance exagérée… Ah, l’argent, la jalousie
inexpliquée, incompréhensible, l’absence de courage, la lâcheté (prêt à se
mettre derrière l’autre), c’est tout ce que les hommes veulent, ils n’en n’ont
jamais assez et c’est triste quand ils en veulent et ne font rien pour en
France, ils n’ont qu’à étudier à l’école, en Afrique ce n’est pas possible…
3) Les sollicitations ?
A la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, on trouve des
vendeurs à la sauvette, nombreux sont ceux qui vendent de tout et du n’importe
quoi, comme je suis blanc et européen, c’est comme les moustiques ou les
chiens, je suis constamment entouré et coursé malgré mes conditions de voyages
archaïques. A force, on me demande sans cesse pour acheter et je ne réponds
plus aux harcèlements continuels alors on me dit qu’ils sont aussi des humains,
peut-être mais sans aucun doute la pauvreté leur empêche d’être digne.
Il y a toujours quelques demandes d’argent qui restent sporadiques et
auxquelles je ne réponds pas en général, ça ne changerait rien, sinon 5 ou 10
personnes verront que « le blanc » a donné de l’argent et au prochain
« blanc » ce sera d’autant plus de personnes qui demanderont de
l’argent. Pourtant la terre est bonne ici, tout pousserait, les fruits, les
légumes (maïs, riz, blé) grâce à la saison sèche et la saison des pluies mais
il faudrait peut-être les graines, on me dit que c’est trop cher, donc c’est
impossible sans investissements. Ensuite tous les produits alimentaires finis
viennent d’ailleurs (conserves, boissons, eau…) et comme le Burkina Faso n’a
pas d’accès à la mer tout est plus cher ici à cause du transport et des
intermédiaires (plus qu’au Mali, environ 100 FCFA de plus pour une bouteille
d’eau…, comme pour la mayonnaise, les olives, les conserves), c’est le même
prix qu’en France, voir plus cher pour les boissons.
Quand on me demande de l’argent, je dis parfois qu’on le fait 200 fois
par jour, on me le demande à cause des préjugés qu’ils ont sur les blancs,
encore la couleur de peau, stigmate favorable aux discriminations et au
racisme, ah, les Hommes. Une fois, une dame qui apparemment ne parle pas français
veut mon sac, je lui demande alors sa montre, son collier, bracelet et boucles
d’oreilles (montrant que je n’en possède pas), ça la vexe, ici ça étonne
beaucoup quand un blanc demande de l’argent… Ils sont trop habitués à
l’humanitaire et ils pensent peut-être que rien ne peut changer même si
certains assument très bien leurs traditions, ne se plaignent pas, et ne
demandent pas. Il y a un an, je me disais que le voyage en direction de Dakar
était ridicule et absurde devant de telles situations, maintenant sur ce trajet
dans le Sahel je trouve ça comique presque, comme si donner 1€ à 6.000
personnes pouvait changer la situation où ils se sont mis et ça ne changera pas
ni les structures ni les mentalités.
Pour les demandes d’argent, ça se limite très souvent qu’aux enfants
qui sont très nombreux mêmes dans les villages (contrairement à chez nous en
France où il n’y a plus que des personnes d’un certain âge, trop souvent
malheureusement, dans nos campagnes). Beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école
car il n’y en a pas et ils doivent aider pour le travail…, même très jeune,
parfois à 6-8 ans déjà (comme en France il y a 70 ans)..
Après Ouaga, la région est encore bien plus pauvre qu’entre Bobo et
Ouagadougou, les gens travaillent peu mais certains sont quand même très courageux
sur leur vélo ou avec leurs ânes avec de bonnes charges mais beaucoup de tire
au flanc et d’ « idiots du village » alors que la terre est
encore excellente pour les cultures. La population est très rurale, on est donc
rarement seule et « tranquille ». Il n’y a vraiment que le soir que
je peux me poser, dans la savane, pour être tranquille, les demandes d’argent
sont d’environ 100-200 fois par jour (mais il y a aussi autant de signes
d’encouragement). Il y a souvent des enfants mendiants aussi qui restent 5’ à
me regarder mais après avoir lorgné ma saleté, ils se rendent peut-être compte
que je ne donnerais rien et s’en vont.
Exemples :
- Le 25 décembre, au Sénégal, il y a beaucoup, énormément, de demandes
d’argent en bord des routes de la part de toute la population. Lorsque je
prends un ravito dans un village, il y a vite 10 enfants à côté de moi
attendant des « miettes » jusqu’au moment où un sénégalais adulte
vient leur dire de me laisser tranquille et de s’en aller. C’est bizarre ici,
même après un mois sans douche, je ne sens pas mauvais alors qu’en Europe après
5 jours je commence à sentir.
- Il y a toujours autant de demandes d’argent tout le long de la route,
au Sénégal, les femmes dans les champs courent parfois après moi pour venir me
dire bonjour… Une autre fois, je vais chez un commerçant pour acheter le ravito
et il me demande 8.000€ ! Comme si j’avais cette somme ! Une femme
vient et me demande « où est l’argent », puis l’épicier me demande
d’acheter une bouteille d’eau pour sa mère malade qui est apparemment en bonne
santé, juste à l’extérieur de son « magasin ». La pauvreté pousse à
des demandes absurdes
- Une autre fois, encore, je m’arrête après 20 km pour un ravito et le
très jeune commerçant me dit tous les blancs sont des richards, il y a tout un
groupe de jeunes à attendre car ils me disent « il n’y a pas de
travail », et on me demande ma nationalité, je dis alors que je suis
sénégalais et ils sont morts de rire, je me demande alors si j’avais eu la même
réaction en France alors ne m’aurait-on pas dit que c’est une attitude raciste
(il y a bien des français d’origine sénégalaise, rien que le fait de demander
leur nationalité aurait été mal vu).
Lorsque je repars, je croise un cycliste sénégalais, entrain de faire
un long tour en vélo où il dort à l’hôtel ; il est surpris quand je lui
dis que je dors dehors. Je roule un moment avec lui, c’est un professionnel
sénégalais et il me demande aussi si je peux l’aider pour les papiers pour
venir en France. C’est la fin du monde, ici les blancs sont des stars, signes
de richesses et de pouvoirs, pour ma part c’est encore bien plus que je ne peux
faire. Je roule avec pendant 40 km jusque Thiès, on le reconnaît parfois sur la
route et avec lui personne ne me demande de l’argent mais une fois qu’on se
sépare à Thiès, où il a gagné plusieurs étapes, les demandes d’argent
recommencent et se font oppressantes. Et là j’en ai marre, ce voyage ne semble
plus avoir aucun sens, j’hésite et, alors que je me dirige vers la frontière
entre le Sénégal et le Mali, je fais demi-tour. Pour être sûr de ce que
j’entends je m’arrête trois fois quand on me demande de l’argent ; la 1ère
fois, c’est un petit, je m’arrête et il s’enfuit, il y a une épicerie, ça tombe
bien et je prends un ravito, pendant ce temps je vois sa sœur et lui demande
pourquoi il est parti, il a eu peur de moi, me dit-elle, peur que je le
tape ! Puis il revient et ne me demande plus d’argent. Mince. La 2ème
fois, c’est encore des enfants en bord des routes, je m’arrête et je demande de
répéter, ils n’osent pas, ce sont 11 frères et sœurs qui sont là à attendre
devant chez eux, la mère sort, on parle un peu et je leur dit au revoir. Je
poursuis vers Thiès, la 3ème fois, c’est deux jeunes attablés, je
m’avance et je demande pourquoi ils m’appellent, ils sont entrain de préparer
et de fumer du haschich, ils me proposent de fumer avec eux, je les remercie et
avant de repartir ils me demandent de venir investir ou de leur donner un
contrat en France ou encore d’envoyer des photos de femmes blanches ou de
donner de l’argent (ah, une rencontre intéressée quand même mais ce sont
des adultes).
J’arrive à 19h30 à l’aéroport où on me demande pour acheter le vélo à
300€ ! Mais il n’est pas à vendre. Puis après avoir pris le billet,
j’attends pour l’avion et un sénégalais se dit être mon ami et me demande donc
mon mail (je donne n’importe quoi), il veut que je lui envois des photos et
adresses de femmes blanches, que je l’aide à trouver des contrats pour venir en
France…, et ça dure une demi-heure encore ce cirque.
4) La perversion consumériste ?
Finalement, pour la très grosse majorité, les africains et les pauvres
ne veulent vivre que comme nous, dans une société de consommation, chacun est
satisfait quand il arrive à satisfaire un minimum de ses pulsions consuméristes,
si les africains le pouvait en Afrique alors il n’y aurait pas d’immigration et
de racisme contre les noirs ou les blancs…
Exemples :
- 10 km avant Saint Louis je me pose et un sénégalais qui marche en
bord de route reste avec moi pour parler, il m’annonce que des français ont été
assassinés en Mauritanie, la veille, près d’Aleg, à l’endroit où j’aurais du me
trouver si j’avais suivi la route prévue, il me dit aussi que les blancs sont
les maîtres du monde, je lui réponds que si j’étais le maître du monde alors le
monde serait bien différent. Il me propose de le suivre pour voir ses amis,
même s’il a l’air sympa, je me méfis car il fume, bizarre, mais ici, comme au
Maroc, ils trouvent l’argent pour avoir du haschich et un portable. On voit
aussi beaucoup de pub pour Orange qui souhaite la « bienvenue »,
c’est aussi surtout pour les touristes, pour qu’ils utilisent leurs portables à
l’étranger.
1.4. L’argent fait-il le
bonheur ? Le décalage des normes sociales et des « niveaux de
vie » entre l’Afrique et l’Occident :
Ces voyages en Afrique posent l’inéluctable question de savoir si nous,
riches occidentaux, sommes plus heureux que les pauvres africains ? A
cette simple question la réponse n’existe pas. Le plus important est peut-être
d’avoir le choix ! Ce qui n’est pas le cas en Afrique pour une très grande
majorité des habitants.
1) Le prix pour entretenir
l’Histoire, confort vs authenticité ?
Lorsqu’en début d’après-midi j’arrive à Saint Louis où je veux rester
un moment pour voir cette ville classée à l’UNESCO et aussi pour prendre un bon
ravito et récupérer aussi d’une diarrhée (qui se calme maintenant) que j’ai eu
après Nouakchott, il y a deux jours. Après que deux personnes me demandent
chacune au moins 10 fois pour me trouver un hôtel, j’arrive à m’en débarrasser
(je leur dis qu’en Europe je cherche moi-même…) et je trouve une petite auberge
où il n’y a que des européens cependant je fais de bonnes rencontres avec des
gens très ouverts et parfois trop gentils ! Il y a un espagnol qui parle très
bien français avec qui je vais manger une pizza, un couple de jeune australien
qui compte venir faire de l’humanitaire en Afrique, deux jeunes filles
volontaires qui sont venues passer un temps ici, « en vacances »,
mais qui travaillent au Mali près de la frontière avec le Sénégal (elles me
confirment ce que je pense de l’humanitaire, elles-mêmes n’y croient plus, les
africains ne souhaitent pas se former, il faut toujours répéter et dès que les
européens s’en vont plus personne ne continue, c’est surtout l’argent qui les
intéresse) et il y a aussi deux allemands qui viennent faire du tourisme, ils
circulent uniquement en taxi et ils m’avaient vu après Nouakchott, sur la
route. La langue internationale dans ce petit comité est bien sûr l’anglais,
beaucoup de rêves mais le décalage me paraît important avec la réalité
africaine, beaucoup ne côtoient que des européens même en étant en Afrique.
Je fais un tour aussi dans cette île de l’ancienne cité historique de
Saint Louis, construite en pierre par les colons, ça a l’air d’être une ville
un peu espagnole aussi, le marché et le port sont authentiques mais de nombreux
monuments à l’UNESCO sont en périls car ils tombent en ruines, beaucoup de
pauvreté ici encore, cette île est le centre de la ville touristique aussi
c’est « plus cher » qu’ailleurs et des touristes se font accompagnés
par des guides improvisés pour gagner leur vie.
Autre exemples :
- Petit bonheur aussi quand on croise des chameaux environ 50 parfois
dans la même journée, en groupes éparpillés ou encore ces deux cavaliers
avec leurs turbans, costumes amples et longs, avec épées, magnifiques, tout
droit sortis d’un livre d’histoire, dans un tout petit village du Sahel. Encore
en prenant le bus pour les 240 km restant pour rejoindre Zinder (pour passer
quelques jours de plus avec la famille franco-néerlandaise-nigérienne), on
s’arrête quand même pour la prière et revisser les boulons des roues (deux
sautent mais ça ne les empêchent pas de continuer même avec un drôle de bruit).
La nuit, vers 18h30, il y a déjà des feux un peu partout dans la savane, pour faire
la cuisine dans les villages ; dans les plus gros villages et les petites
villes, les commerces sont éclairés par des lampes à l’huile, à la lanterne, il
y a quelques feux aussi et des gens parfois avec des lampes de poche ; ça
donne un effet « préhistorique », étrange, surréaliste presque, on
s’imagine comme aux premiers temps. Tout se passe très bien dans le bus, pour
3.000 FCFA (5€), j’arrive le soir vers 20h à Zinder où la famille est venue me
chercher. C’est cool. Je passe même un coup de fil d’un portable de quelqu’un
qui ne me demandera rien en échange et qui refuse que je lui donne un petit
quelque chose ! Sur la route j’ai pu voir aussi des enfants galopant à
cheval, c’est toujours des moments féériques.
- Après 50 km de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, je
trouve quelqu’un qui vend des bananes (je n’en prends pas à la frontière, pour
ne pas sortir d’argent, et il y a beaucoup de monde, discrétion oblige), je
donne 500 FCFA (soit moins d’1€) et en prend 10 (normalement c’est que 150
FCFA) mais le monsieur n’a pas la monnaie, je dis que ce n’est pas grave alors
mais 5’ après avoir commencé à en manger une, une dame revient avec la
monnaie ! C’est l’envers de l’an dernier lors de
« Paris-Dakar ». Puis c’est vite l’attroupement d’une quinzaine
d’enfants dont un albinos aux cheveux blonds et aux yeux marrons (tout n’est
donc pas tout blanc ou tout noir). Je lis aussi un cahier d’écolier de CM1 qui
écrit très bien en français (mieux que moi au même âge) avec une belle écriture
tout en continuant ma cure de bananes et d’oranges (délicieuses, un vrai
bonheur), dans ce cahier il y a de tout : grammaire, mathématiques,
histoire, biologie, géographie, même des choses assez complexes pour cet âge
(système digestif, anatomie de l’œil…). C’était un bon moment de gentillesse.
Comme j’ai peu d’affaires, que je suis sale, pas rasé, avec un pantalon long
troué, j’ai peut-être réussi à m’intégrer dans l’Afrique ? Une fois même
des enfants m’applaudissent quand je passe, un peu gêné tout de même, un autre
de 18 ans environ me filme avec son téléphone portable lors d’un faux plat
montant…
2) L’argent permet-il d’accéder
au bonheur ?
En Afrique, dans les Etats traversés, mis à part pour les africains
ayant travaillés pour des multinationales, on ne trouve ni retraite, ni
sécurité sociale, ni chômage. Est-ce qu’ils sont plus heureux ou malheureux
pour autant ? Pour ceux qui le pensent, comme certains voyageurs que j’ai
pu rencontrer ou comme les communistes qui adoraient l’URSS, je répondrais
d’aller vivre là-bas dans les mêmes conditions en sachant que l’espérance de
vie n’est que de 48-49 ans au Mali, au Burkina ou au Niger ; rien que
l’espérance de vie devrait suffire à faire comprendre la dureté de la vie dans
ces pays et de ne pas les idéaliser une fois rentré en France. Ainsi, je
ne comprends pas les voyageurs qui se plaignent de la société de consommation
mais qui en gardent tous les avantages, c’est pratique d’être expatrié avec un
salaire de niveau équivalent à ceux en France, de se plaindre de la France, de
dire que c’est mieux dans ces pays mais, grâce à sa nationalité française, dès
qu’il y a un problème politique ou de santé, on retourne au pays, c'est-à-dire
en France. Rien que pour dire et penser ça, ça m’est arrivé qu’on me dise que
je sois raciste. Comme me l’a dit un voyageur qui a fait un tour en Afrique
nord-occidentale et qui pense détenir la vérité. Raciste de dire que les
conditions de vie sont dures et qu’il y a beaucoup de misère là-bas ?
Raciste de dire qu’il faudrait plus d’école, de formation, de travail et de
santé ? Raciste de ne pas admettre que des enfants ou adultes meurent
encore du tétanos ou d’une appendicite à 30 ans, de ne pas admettre qu’un
enfant de 10 ans soit amputé de la jambe après une simple fracture tout
simplement parce qu’il n’a pas eu les médicaments appropriés pour ses soins et
que des bactéries ont infectées sa blessure ?
Souvent les matins je prends un bon café (soluble malheureusement alors
que les pays producteurs sont voisins) avec du pain ; quand on a faim ou
soif tout est bon ou presque. On se rend compte de la qualité de vie qu’on a en
Europe. Il y a beaucoup d’enfants et de jeunes adultes ici, les personnes de
plus de 40 ans sont rares ! Comme il n’y a pas de soins, bien souvent dès
que l’on tombe malade assez gravement, on risque la mort (l’espérance de vie
n’est que de 50 ans au Burkina Faso, au Mali et au Niger ; seul deux pays
en ont une plus faible : le Libéria et la Sierra Leone, bien souvent en
guerre civile).
Le touriste que je suis (ou plutôt visiteur ou voyageur) ne peut sauver
tous les africains et les rendre riches, ce n’est pas ma responsabilité ce
manque de connaissances (peu d’écoles, de formations…) et ce manque de volonté
de travailler parfois, même si la majeure partie travaille durement. Mes
arrières grands parents travaillaient bien 12h par jour et 6 ou 7 jours de la
semaine, sans vacances, ni retraites. Ici il y a très peu de travail mais ils
semblent tout vouloir sans rien faire. Maintenant, en France, il y a eu des
acquis sociaux mais ça commence à être remis en cause car la plupart des
produits sont importés et l’argent part à l’étranger, pour y investir, argent
qui vient des épargnes, y compris des retraites et des prêts ! C’est
obligatoire…, bizarre comme système ! De mon côté, en voyageant, donc pour
les africains en prenant des vacances, je sacrifie la retraite d’emblée (il n’y
aura jamais de trimestres cotisés suffisants alors que si ce n’était pas
obligatoire ça paierait une petite maison), de plus ni maison ni voiture comme
pourrait l’espérer un « français moyen » mais ici ça ne sert à rien
de l’expliquer, déjà que beaucoup de français disent que je suis riche pour
voyager autant…, ils s’imaginent peut-être que je dors dans des palaces toutes
les nuits ! Encore des personnes qui veulent tout sans rien faire.
Pourtant n’importe qui en France peut réaliser ses « rêves », il
suffit de travailler, étudier et, mieux encore, aimer ce qu’on fait, il y a
suffisamment d’aides pour s’en sortir quelque soit son milieu.
La différence de « niveaux de vie » vient sans doute des
inventions, le fait que les matières premières sont insuffisantes, le prix
augmente et ce sont les pays les plus « riches » qui peuvent se les
acheter (quand il n’y en a plus, on cherche d’autres systèmes par d’autres
inventions, souvent on dit aussi que les ressources sont insuffisantes mais il
n’y a pas toujours d’intérêts à en rechercher ailleurs pour ne pas alimenter le
marché et garder des prix à la hausse…). Tout cela fait qu’il est difficile
pour les Etats « pauvres » quand ils en ont réellement la volonté de
développer leur pays, il y a trop de retard.
Exemples :
- Le soir, une fois le campement fini dans la savane, il arrive que je
sois envahi par une grande peine devant ces injustices alors que celles-ci
justifieraient la colère et l’agressivité des populations envers moi, il n’en
ai rien, jamais sur ce parcours je n’ai rencontré de personnes agressives
(pourtant il y aurait de quoi), alors que chez nous c’est coutume de rencontrer
tous les jours des personnes énervées ou stressés… et peut-être bien moi le
premier, malheureusement, par mon mauvais caractère. Les occidentaux ont sans
aucun doute commis des erreurs et continuent à en faire mais je suis heureux
qu’un afro-euro-américain soit maintenant président des USA ! J’espère
qu’un jour on verra un français d’origine africaine au même poste, en France. Il
y a beaucoup de peuples différents dans le même Etat (Bambara, Peul, Malinké,
Touareg, Dogon…). Je croise aussi un enfant qui me demande où je vais et qui me
souhaite bonne chance. Incroyable, c’est beau. Beaucoup de gentillesse malgré
cette pauvreté, quelle tristesse toutes ces injustices. Généralement les gens
ici sont beaucoup moins agressifs que ceux que l’on trouve dans les banlieues
en France. Un autre enfant, dans un village où je prenais un ravito, me montre
aussi le portrait d’Obama, je dis que c’est bien mais qu’il faut aussi
travailler à l’école, que ça n’arrive pas comme ça… D’autres cependant font
toujours « pssit » pour avoir de l’argent, quand je passe en vélo,
toujours à cause de la couleur de peau car quand il passe ou s’arrête des 4x4
avec des maliens à bords, personne ne leur demande rien (c’est injuste).
- Une autre fois, à Houndé, 15 km avant Boui, un jeune transporteur
routier, sympa, de 22 ans, me propose de dormir avec eux dans l’arrière cour
d’une boutique, je suis tenté mais ils repartent à 4h am pour rejoindre Bobo et
entre 4h et 7h, en ville, il pourrait avoir des problèmes, je préfère donc
continuer pour dormir dans la brousse, alors il dit à l’épicier de me donner de
la glace (il fait chaud !), c’est aussi de l’eau minérale, on ne me
demandera rien en échange, c’est très gentil donc et dans la nuit c’est avec
plaisir que je goutte à cette eau bien fraîche après l’avoir transvider dans
mon bidon.
- Encore une belle nuit étoilée ! Où la Lune refait son apparition
sous forme d’un petit croissant, ah, qu’est-ce qu’on est bien le soir et
seulement deux nuits avec des moustiques depuis le départ. Il n’y a pas
vraiment de risque de paludisme en dormant en brousse, en tout cas en cette
saison sèche. Avant la tombée de la nuit, à Boni, j’entends les enfants entrain
de jouer au foot, tranquillement puis, une fois la nuit tombée, c’est du
tam-tam qui retentit pendant deux bonnes heures, pas de radio donc ce soir,
mais c’est bien !
- A Niamey, en attendant l’ouverture de l’agence pour acheter le billet
d’avion, quelqu’un me demande de l’argent pour son repas, je dis que j’ai déjà
dû emprunter à la famille pour un éventuel billet et que je n’ai encore rien
mangé depuis hier soir (c’est vrai et il est environ 14h). Quinze minutes
après, ils sont à six à manger et me disent de venir ! J’hésite puis
accepte et on est donc sept à manger avec la main droite un plat de salade
verte avec des tomates et oignons, mmh c’est délicieux. J’aime ces contacts
« vrais », là je suis seul, fatigué, avec le vélo que le gardien
voulait aussi que le lui laisse avant de partir, je dis « ça fait 12 ans
que je l’ai », il dit « 12 ans ! » et je dis penser encore le
garder au moins 10 ans… Encore de la gentillesse simple, comment peut-on passer
si « facilement » de la demande d’argent à l’hospitalité qui n’existe
quasiment plus en Occident ? N’est-ce pas ?
2. POUR une Constitution
internationale !
Encore un paradoxe, on croit vivre dans un monde sensé, gouverné par le
réalisme. On se retrouve donc dans un monde « cloisonné » de
frontières et de préjugés… Pensant que les idéaux ne sont que pour les rêveurs
et utopistes. L’Etat semblerait donc avoir toujours existé, la France
aussi ! C’est fou, on vit encore en pleine fiction, l’important est que la
majorité des gens le croit sinon… Sinon ça fait déjà longtemps qu’une
Constitution internationale et des institutions internationales auraient vu le
jour, tout simplement, car c’est la réalité, il n’y a qu’une espèce humaine,
qui a déjà causé assez de dégâts malheureusement, qui vit constamment en
guerres inutiles au profit de certains, et non des peuples (c’est toujours
étonnant quand je dis aux gens qu’on est en guerre, ils me demandent alors
contre qui, ils ne voient pas, et oui, je réponds, on est en guerre depuis 8
ans déjà en Afghanistan ! Ils ne s’en rendent même pas compte, imaginez
100.000 talibans en France pour appliquer la Charia, beaucoup rentrerait en
résistance… ? Il y a bien eu 100.000 chrétiens en Irak et 50.000 en
Afghanistan. Il faut des lois internationales et une armée internationale sinon
on se fera toujours la guerre, mais c’est tellement plus facile.
Encore une fiction donc, celle de vivre dans l’Etat français… depuis
toujours et que ce sera toujours ainsi. Comme le réchauffement climatique,
inexistant pour beaucoup (on remplace par la climatisation) ou la voiture
(alors qu’il y a 60 ans on s’en passait), et tout ce qui est lié à un confort
qui ne rend pourtant pas les gens plus heureux et moins agressifs. Il faut de
l’idéalisme, d’autant plus quand il est la réalité. Ne dit-on pas souvent
« la fiction dépasse la réalité », on en a donc encore un exemple.
Il y a beaucoup de respect lors de la traversée du Sahel pour ce qui
est fait en vélo, notamment par les soldats, mais ça n’empêche pas les
populations de demander de l’argent surtout des enfants, le désert est aussi
une vraie poubelle près de la route, c’est sûr le système capitaliste a échoué
en Afrique et particulièrement dans le Sahel, après 15 ans de la fin du
communisme. Maintenant avec la montée des extrémismes, les USA ont perdu la
reconstruction pacifique des pays pauvres, le plan Marshall du 1/3 monde a
échoué, faute de volonté politique au profit de la guerre notamment en Irak
(pour préserver les réserves de pétroles) et de l’inaction américaine. Beaucoup
de choses auraient du être réglées dans les années 90 : pauvreté, conflits
interethniques, conflit israélo-palestinien, création d’une organisation
internationale ou modification des statuts de l’ONU en vue d’un apport de
compétences avec un pouvoir de contraintes…
2.1. Les enjeux et risques
de régressions idéalistes, le poids des fictions :
Aujourd’hui
nous vivons sans doute grâce au poids très présent de deux fictions inventées
il n’y a pas plus de 600 ans : la fiction de l’Etat français, de son
existence intemporelle et presque éternelle, et de la fiction de la nation
française mise en exergue par la révolution française et l’Empire napoléonien.
Ces fictions,
qui nous permettent de vivre ensemble, ont alors engendrer (mais comme de tout
temps) des tensions avec les groupes minoritaire et la tentation de segmenter
les Hommes et de les opposer les uns contre les autres (ce qui n’est pas
nouveau là encore).
1) Discrimination et
« minorités », idéal de domination et cosmopolitisme :
Y a-t-il chez les Hommes un idéal de domination ? Est-ce
particulier aux « blancs » ? Cet idéal existe sans doute, comme
dans toutes les espèces, chez l’Homme de manière plus violente : génocide,
crimes contre l’humanité et contre la nature… Est-ce que le cosmopolitisme basé
sur une « égalité » entre les peuples peut alors exister dans ces
conditions ? Ceci pose donc le problème des minorités et donc des
discriminations imposées par les catégories majoritaires.
En Nouvelle Zélande et en
Australie :
En NZ, on trouve tout le monde assez bien mélangé et à n’importe quels
niveaux de la société : aux caisses, aux poubelles, dans les écoles, bien
habillés… la société semble cosmopolite (il n’y a pas de réserves maoris). Il y
a aussi plus de couples mixtes qui sont très rares en Australie (entre un blanc
et un aborigène), on retrouve aussi cette mixité dans les campagnes comme dans
les mêmes villages. Les gens ont l’air plus aimables aussi qu’en Australie, on
me sourit, on me souhaite la bienvenue, il y a des coups de klaxonnes pour le
trip, les gens se parlent… L’ambiance générale est plus
« latine » : les gens blaguent entre eux ou s’excitent quand ça
ne va pas…, ils ne sont pas « coincés ». Ici les maoris et les
européens vivent ensemble à l’école…, ils se promènent mélangés. Pour la
religion il y a toujours les protestants (methodist, baptist…), les catholiques
et les sikhs. Comme ça m’arrivait déjà, je m’amuse toujours à remonter mon
cuissard pour montrer que tout n’est pas tout blanc ou tout noir, avec les
marques de bronzages, ce qui ne manque pas d’amuser un groupe de maoris (comme
les lapons, ils rigolent facilement) lorsque je fais mes courses dans une
superette, c’est exactement ce que je recherchais comme effet. En NZ encore,
c’est souvent écrit en Maori aussi,
peut-être sont-ils plus nombreux que les aborigènes en proportion de la
population ? Ce qui expliquerait ce multiculturalisme et ce
cosmopolitisme.
Les australiens sont très « fuyants » parfois, mais peut-être
n’aiment-ils pas les étrangers ? Je rencontre aussi une française qui
habite ici depuis 35 ans et elle me dit que l’Australie est différente avec
tous les asiatiques maintenant qui immigrent, ne pensent qu’à travailler et qui
forment une communauté qui ne veut pas trop se mêler aux « blancs »…,
que des afghans viennent ici et ils font un enfant pour qu’on ne puisse plus
les renvoyer chez eux, elle me dit qu’ils viennent que pour l’argent… Je ne
peux m’empêcher de lui faire remarquer que les européens sont venus ici il y a
200 ans aussi pour l’or…, que l’Australie était aborigène et presque tous ont
été massacrés en Tasmanie, ce n’est donc que la roue qui tourne (encore et
toujours le cycle).
Sur la Stuart Hwy, on trouve toujours quelques aborigènes cherchant à
faire du troc… ou traînant dans les rues de certaines petites villes de
l’Outback (comme toute personne de classe « défavorisée »). Cette
Stuart Highway « coupe » l’Australie entre Darwin (au nord) et
Adélaïde (au sud), elle est entourée de grandes réserves aborigènes mais c’est
un axe commercial et de communication important en Australie qui n’appartient
donc pas aux aborigènes. Auparavant c’était la ligne du télégraphe, une manière
d’occuper le terrain, qui reliait Londres à Adélaïde, le télégraphe passait
aussi par les Indes... Par contre les routes qui vont dans les réserves ne sont
pas goudronnées et je me demande bien dans quelles conditions ils vivent à
l’intérieur et si c’est les mêmes conditions qu’en Afrique avec des
« cabanes » en bois… Aucun axe touristique ou commercial ne les
traverse, c’est une sorte de gigantesque no man’s land qui recouvre presque
tout le grand centre de l’Australie (sauf autour d’Uluru et de la Stuart Hwy),
sans doute le vrai Outback !
Le gouvernement fédéral australien (blanc et européen) s’est gardé les
terres où passent les voies de communication reliant les grands centres urbains
côtiers (Darwin, Perth, Adélaïde, Melbourne, Sydney), anciens comptoirs des
Etats européens coloniaux, et les grandes villes minières (Alice Springs…). Les
terrains restants étant pour les aborigènes qui ne construisent pas de routes
pour traverser leurs réserves (faute de moyens), il n’y a que des pistes où une
autorisation est nécessaire pour les emprunter (il faut l’accord de la police
et des représentants de la réserve aborigène). L’Australie est donc en quelque
sorte divisée en territoires et communautés. Les aborigènes ont eu le choix
entre un certains nombres de terres, pour réparer les dommages causés par le
passé quand les européens leur ont pris leurs terres (bien sûr les terres qu’on
leur a laissé n’ont que peu de ressources naturelles connues et elles sont peu
cultivables). Les européens avaient gardé les bonnes terres pour y faire des
fermes (surtout dans le Bush australien), des maisons et exploiter les ressources
naturelles (mines d’or ou de cobalt, pétrole, gaz…). Maintenant les européens
sont plus nombreux, de beaucoup, que les aborigènes en Australie (ils se
retrouvent minoritaires dans leurs territoires d’origine comme les amérindiens
et bientôt les tibétains). Les aborigènes étaient aussi des nomades et les
mettre dans des réserves c’était détruire leur identité pour toujours, la terre
d’Australie était donc considérée par les gouvernants australiens (blancs)
comme non habitée. C’est un peu ce qui se passe actuellement au Tibet où les
chinois sont bientôt plus nombreux que les tibétains, avec une sorte de
colonisation de ces territoires tibétains et en « annexant » les
terres avec un fort potentiel énergétique et donc stratégique (pétrole, eau…)
et les tibétains vivront peut-être un jour dans des réserves. Quel drôle de
terme d’ailleurs, corollaire d’une extinction annoncée, on emploie ce terme
aussi pour les animaux et la flore : « réserve naturelle »,
« réserve animale ». Est-ce à dire que le reste ne l’est pas ?
Sans doute oui.
Que ce soit pour les aborigènes ou les indiens, l’alcool aide beaucoup
à oublier : problème de désespoir, de solitude, d’adaptation à un mode de
vie sédentaire…
En Afrique
nord-occidentale :
Au Maroc alors que j’allais deux fois dans des petits hôtels à 3 euro où
j’étais le seul européen, les campings cars ont des emplacements réservés à
plusieurs kilomètres des villes et dans des hôtels plus chers (pour
occidentaux) qui se situent en périphérie et non dans les médinas (les centres
historiques). On ne mélange pas les « touristes » avec les
populations marocaines.
En Mauritanie, un soir, je dors dans une case pour 5€ à Bou Lanouâr (où
je retrouve quelques moustiques), il y a des blancs (30%) et des noirs (70%),
ils ne se mélangent pas (pas de métissages), bien sûr les blancs sont toujours
les « maîtres » de la Mauritanie mais la population noire augmente ce
qui leur pose un problème (les blancs ont moins d’enfants), les deux
« blancs » qui s’occupent des cases me considèrent donc comme leur
frère en montrant leur peau et la mienne (tout est relatif) et ils me disent
que les noirs sont des voleurs, mendiants, pas travailleurs… Les noirs étaient
les anciens esclaves (ce qui reste d’actualité aujourd’hui encore mais sous
d’autres formes). Le racisme existe donc même ici.
Il y a beaucoup de racisme, de préjugés… mais peu savent lire, 20% de
la population dans le Sahel. Ce n’est pas trop nuisible lorsque le racisme
vient des misérables mais c’est plus dangereux lorsqu’on retrouve des personnes
racistes qui sont, comme en France, des intellectuels, des magistrats, des
professeurs d’université... Ici en Afrique, des dirigeants pourraient très bien
prendre le pouvoir en jouant sur les préjugés envers les blancs qui seraient
responsables de tous les maux (comme en France, les noirs seraient responsables
de la crise…), comme en Côte d’ivoire, au Zimbabwe ; au Mozambique… et
vive la haine et la guerre… Pour le moment, au Sénégal, au Mali, au Burkina
Faso, et dans d’autres pays, les dirigeants n’ont pas d’intérêts à jouer sur ce
terrain même si ça reste tentant et sous-entendu parfois.
En Amérique du nord :
Sur les 140 km de la route transgaspésienne, je croise deux cyclos
québécois dans un café qui me disent qu’il y a des black bears (ours noirs) mais
pas de noirs humains (en plaisantant) puis, sérieusement, ils me disent que
c’est très bien comme ça, qu’au moins la campagne reste « blanche »
et qu’ils sont moins embêter. On est encore loin d’un « esprit »
aspirant à la venue d’une société cosmopolite. En effet, même si on trouve de
tout en ville, dans les campagnes, que ce soit en Europe ou en Amérique du
nord, elle appartient aux blancs, peut-être les noirs… ne se sentent pas non
plus acceptés en campagne où ils doivent être plus souvent « montrés du doigt »
qu’en ville, de plus en campagne il y a toujours des ragots (tout le monde
croit connaître tout le monde), enfin en ville il y a plus de travail. Ce
phénomène n’est pas près de s’inverser, aux USA, la plupart des Etats
« campagnards » votent républicains (Montana, Wyoming, Texas…). Il
n’y a pas de cosmopolitisme et les gens n’en veulent pas (mais on ne le dit pas
vraiment). Il y a aussi peut-être moins de chance pour trouver du travail à la
campagne…
En Arkansas, on rencontre des villages peuplés que de blancs et
d’autres peuplés que de noirs, c’est très étrange. Je ne suis pas sûr que ce
soit une ségrégation mais une volonté de ne pas vivre mélangé (il y a aussi ce
même phénomène en Slovaquie ou en Hongrie avec des villages peuplés que de
tziganes et d’autres que de « blancs »), chacun faisant son business
sans les autres et on me demande encore de donner quelques dollars, juste parce
que je suis blanc (décidément, c’est une coutume internationale, mais ils ne
demandent pas, comme en Afrique, à d’autres blacks alors que certains sont
riches…).
Dans les villes de Californie il ne semble pas vraiment y avoir de
communautés, il y en a mais c’est bien moins marqué que dans les autres Etats
déjà traversés, la société semble plus cosmopolite et je peux voir des enfants
blancs jouer avec des enfants noirs et hispaniques, c’est soulageant.
Dans la ville de Cherokee (dans la réserve indienne du même nom), là
encore, comme pour les blacks ou hispaniques ou asiatiques, on retrouve une
communauté enfermée dans une réserve avec sa propre police, administration…
C’est une partie de la réserve indienne Cherokee car elle est morcelée en
différentes zones non contiguës. Décidément aux USA il y a beaucoup de
communautés et peu de cosmopolitisme. On retrouve aussi des réserves indiennes
au Canada mais, dans certaines villes importantes (Vancouver, Montréal,
Toronto), il semble que les gens vivent moins en communauté, même si elles
existent, par quartiers, un peu plus qu’en Europe. San Francisco a vraiment
l’air cosmopolite et, même s’il y a des « quartiers » japonais ou
chinois ou hispanique, tout le monde va chez l’un et chez l’autre contrairement
à ce que j’ai pu ressentir sur la côte est.
Il y a encore de nombreux quartiers avec que des blacks : à
Trenton, sur la côte est des USA, après NYC, il n’y a que des blacks dans toute
la ville, de beaux buildings dans le centre mais totalement inutilisés, on
dirait une ville sans travail… bizarre, c’est dans ces quartiers qu’on me
demande comme en Afrique de l’argent ou de donner mon vélo, quelques fois,
toujours accompagné de musique PAM PAM PAM, je reçois aussi quelques fois des
insultes jetées par une fenêtre ouverte (je ne comprends rien avec tout le
brouara de leurs musiques mais leurs paroles ne semblent pas être des encouragements).
C’est bizarre car juste à la sortie de Trenton (où je me perds pendant 1h30),
il y a de très nombreux mobiles homes habités par des blancs, pauvres, ici les
communautés ne se mélangent pas, pourtant de même « classe sociale »,
le facteur racial est donc bien présent, reste à savoir si c’est par
ségrégation ou plutôt une réelle volonté de ne pas se mélanger de la part de
chaque communauté (ce que je crois après ces quatre mois passés aux USA et au Canada,
même si au Canada et dans certaines villes « européennes » comme SF
on peut constater un certain mélange, comme à Paris avec de plus en plus de
réserves).
Mis à part le sud de l’île de Manhattan, il n’y a que des quartiers blacks,
pas de mélanges encore une fois et donc NYC n’est pas une ville cosmopolite
mais fondée sur des communautés centrées sur elles-mêmes. Aux USA il n’y a que
les français qui se mélangent, paraît-il que cela aurait pour origine leur
esprit de liberté individuelle. Bien sûr il y a les taxis jaunes de NY, de
nombreux magasins… Avant Albany, je passe dans des ghettos black ou hispanique,
ça a l’air très pauvres, beaucoup de bâtiments sont inhabités et on se croirait
presque en Afrique. Dans la campagne du Vermont, il n’y a aucun black mais on
pourrait dire la même chose pour nos campagnes françaises peut-être ?
Peut-on alors parler de société cosmopolite ?
En Europe :
En Laponie, il semble que les lapons et les vikings soient mélangés, il
y a donc un cosmopolitisme apparemment, d’ailleurs comment deux populations si
différentes ont fait pour s’entendre, y a-t-il eu des rivalités ou des
conflits, comment se sont faits les échanges, qui est venu là d’abord ? Ce
serait intéressant de connaître l’histoire, mais je retrouve, comme dans les
réserves indiennes, beaucoup de déchets au bord des routes (pas trop quand
même) mais jusqu’à présent c’était très rare.
2) Des « chocs de
civilisations » :
Bien des civilisations et cultures ont déjà disparues dans la grande
roue du dominé et du dominant, cela se produira sans aucun doute, c’est la
nature de l’Homme. Pourtant celui-ci pourrait y mettre fin.
La sédentarité des nomades,
acculturation et désespoir :
En Afrique du nord-ouest, certains assument leurs traditions (à cheval,
avec les ânes), leur mode de vie ancestral, ils sont très ouverts et
sympathiques, sans arrières pensées apparemment ; d’autres ce sont
« occidentalisés », ils ont des 4x4, de belles maisons dans les
grandes villes, ils font leurs affaires ; pour la majorité, ils semblent
être « perdus », comme déracinés, ils veulent
« s’occidentaliser » aussi mais n’y parviennent pas (par manque
d’argent et ne pouvant donc satisfaire leurs « besoins ») et ne
trouvent pas de satisfactions dans leur mode de vie traditionnel. J’ai beaucoup
remarqué ça en Amérique du Nord aussi, dans les réserves indiennes et aussi,
d’une autre manière, dans les ghettos blacks où on pense que le monde est
uniquement fait pour les blancs et seuls eux peuvent réussir et avoir une vie
facile, comme on me le fit remarquer assez souvent. Beaucoup manque d’espoir,
ne sont pas satisfaits et ils aimeraient avoir une vie facile sans passer par
le stade des études et du travail. En ai-je une ? N’ai-je pas renoncé en
partie à mon « petit confort » notamment lors de mes voyages ?
Est-ce que je mérite aussi de recevoir ces remarques ? Pourtant jamais je
ne me plains de mes choix, ça me plaît. Maintenant eux, ont-ils ce choix ?
Sans doute non malheureusement.
Le « temps du rêve »
aborigène :
Avant d’arriver à Uluru/Ayers Rock, je croise un jeune qui s’occupe
dans le PN d’Uluru-Kata Tjuta (Ayers Rock-The Olgas) et qui me dit que je ne
peux pas dormir dans le PN, je dis que je reste pour la journée et je demande
aussi des questions sur les aborigènes. Il me dit qu’ils préfèrent rester dans
leurs villages et communautés plutôt que de travailler avec les blancs ou dans
les roadhouses, et que c’est leur volonté. C’est bien possible car ils restent
souvent très discrets et ils demandent rarement quelque chose (que quelques uns
pour des bières mais finalement c’est très rare). Ils ne veulent donc pas vivre
comme les « blancs » et dans une société de consommation et souvent
les « blancs » (il y a aussi assez souvent des asiatiques qui
voyagent ou travaillent dans les roadhouses) ne sont que de passage. C’est leur
volonté mais est-ce qu’ils sont libres de choisir ou est-ce que c’est
« imposé » par leur communauté ?
Je fais aussi une rencontre intéressante avec Jacqueline pendant une
pause, entre Adélaïde et Melbourne, une australienne qui fait du vélo !
C’est rare. Elle a travaillé un moment à Alice Springs avec les aborigènes dans
leurs réserves et villages, alors je pose des questions, elle me confirme que
ce sont eux qui ne veulent pas travailler avec les blancs, que le gouvernement
paye pour des maisons… mais, comme ils ont un esprit nomade, ils démontent
portes et fenêtres, que beaucoup boivent, et qu’avant il y avait des aborigènes
dans le Bush mais beaucoup ont aussi été tués par des européens qui venaient
pour l’or (il y eu presque un génocide des aborigène vivant en Tasmanie par les
émigrés européens), les façons de voir les choses sont différentes et
l’espérance de vie est d’environ 50 ans aussi pour les aborigènes bien loin de
celle des australiens européens. C’est bien triste et dommage tout ça, il n’y a
toujours pas de cosmopolitisme en Australie, peu de mélanges réellement avec
les asiatiques et encore beaucoup de communautarismes.
Le « rêve
américain » :
Lorsque j’arrive à Lytton, au centre des USA où je décide de rester
pour passer la nuit, je vais manger dans un restaurent indien (ici c’est un
village d’une réserve indienne) puis je suis accosté par un indien qui veut que
je lui paye un verre de bière, pourquoi pas dans ce climat d’apocalypse (il y a
eu une tempête de sable) mais ce n’est pas vraiment conforme aux règles de
l’hospitalité. Trop souvent les blancs sont considérés comme les riches,
surtout en Afrique, et on leur demande des « cadeaux »), aussi je lui
demande je le ferais (car comme en
Pologne, un an auparavant, on paye un verre puis ils en demandent un autre… sans
que ce soit une rencontre intéressante mais plutôt intéressée), il me répond
que c’est pour être heureux, je veux bien mais l’alcool ne va pas arranger les
choses, j’esquive donc la question et lui demande pourquoi il est malheureux,
il ne sait plus quoi me répondre et pour éviter de parler, voyant que le verre
n’arriverait pas, il me dit qu’il ne comprend pas. Plus tard, au Nouveau
Mexique, certains me demanderont de l’argent, de même dans une réserve indienne
de Colombie Britannique un indien veut que je l’invite (comme je suis étranger)
pour boire plusieurs verres encore ; c’était aussi arrivé au Maroc et au
Sénégal.
Chez les Cherokee, je m’attendais à voir quelque chose d’authentique sur
la culture et l’histoire de cette tribu mais je vois vite que la culture
« consumériste », atypique des amérindiens mais bien authentique de
l’Occident, a fait son bonhomme de chemin. Ainsi je trouve de nombreux magasins
de souvenirs (qui n’ont rien d’artisanal), des fast-foods non pas des Mac Do… mais
au nom indien, cependant la nourriture est la même (hamburgers…), il y a des
dizaines de motels et un immense casino avec un immense parking ; l’argent
a donc vite pris le pas sur l’identité culturelle de ces indiens.
Le sang versé, prix de la liberté ?
Je repense aussi à l’Afrique, décidément… Ici en NZ-Australie comme aux
USA-Canada avant il n’y avait pas de monuments… mais maintenant c’est la
société « moderne », tout le confort y est depuis l’arrivée des
européens, en grands nombre, qui ont donné un autre « mode de vie »
(la société de consommation, les mines d’or…) et ils sont restés et non
repartis contrairement à l’Afrique. Beaucoup d’amérindiens et aborigènes ne
semblent pas en profiter, ce qui semble différents pour les maoris en NZ où il
y a eu aussi au XIXè s de nombreuses batailles dont certaines gagnées par les
maoris ; ce qui n’a peut-être pas eu lieu en assez grand nombre aux
USA-Canada et encore moins en Australie.
2.2. Une Constitution
« Humaine », une réalité et une nécessité :
Seule l’application au niveau internationale d’une Constitution, avec
séparation des pouvoirs, des instances élues démocratiquement, un gouvernement
international disposant d’une armée internationale et de capacité de sanctions
réelles et effectives, d’une Cour de justice… pourrait permettre aux Hommes de
s’unir dans l’idée de leur bien être, d’approfondir les découvertes
scientifiques, d’améliorer la santé et d’accroître la protection de
l’environnement.
Cependant les fictions ont la vie dure et le cosmopolitisme est
difficile à s’installer.
1) La fiction des frontières, obstacle à la
libre circulation des Hommes :
Il existe de nombreux emblèmes et fictions. Cependant les frontières
ont permis de maintenir une cohérence et une culture à l’intérieur de ses limites
afin d’assurer une cohésion à un groupe. Aussi toutes diversités, cultures…
devraient être protégées d’une manière ou d’une autre.
Les drapeaux, emblèmes des
fictions !
On trouve beaucoup de drapeaux acadiens le long de la côte nord de la
Nouvelle Ecosse (dont appartient l’île de Cap Breton). Les drapeaux acadiens
sont aux couleurs tricolores (bleu, blanc, rouge), avec une étoile jaune posée
dessus (l’étoile de l’Assomption). Ce drapeau a été adopté à Charlottetown sur
l’île du Prince Edouard (qui avait un autre nom du temps de la Nouvelle France)
par la communauté acadienne réunie dans les années 1880. Il fait référence au
drapeau tricolore français et donc au patriotisme des acadiens envers leur
« mère » patrie, l’étoile représente Notre Dame de l’Assomption et
donc les valeurs chrétiennes des acadiens. C’est étrange, les québécois ont
comme emblème sur leur drapeau la fleur de Lys (c’est la royauté française) et
les acadiens le drapeau tricolore (après la révolution française et la
révolution de 1848), on a l’impression d’être dans deux époques différentes de
la France : la royauté et la République. Les drapeaux sont de beaux
exemples de fiction, leur emblème, on peut aussi y ajouter les hymnes nationaux
bien sûr.
C’est souvent qu’on voit des drapeaux de la Norvège mais aussi du
Danemark, Pays-Bas, Finlande, Allemagne et Suède, parfois aussi du RU, il faut
rappeler que la Norvège n’est pas membre de l’UE (comme l’Islande dont les
habitants venaient surtout de Norvège) et que l’Angleterre a un moment voulu
contrer la création de la CEE par la France et l’Allemagne en tentant de créer
une autre communauté européenne entre les Etats nordiques. D’ailleurs ici, ça
se comprend qu’ils n’ont aucun intérêt à être membre de l’UE et d’une
éventuelle union euro-méditerranéenne, c’est si loin ! Mais, dans Roros,
je parle pendant ¾ heure avec un norvégien qui m’explique pour l’industrie du
bois, les actualités (Obama…), l’herbe sur les maisons…, il est très ouvert. Il
n’y a que 5 millions d’habitants en Norvège pourtant il m’a semblé voir des
maisons partout, étrange… Les drapeaux restent donc une marque d’appartenance,
tant que la majorité croit en la fiction, celle-ci devient réalité bien qu’elle
soit contre nature. L’Europe elle-même est un
type de fictions construites de toute pièce.
La nécessaire préservation de la
diversité et des langues :
En longeant le lac Erié, sur sa côte canadienne, jusque Niagara Falls,
il y a beaucoup de maisons aux aspects plutôt british, les pelouses sont bien
tondues et les jardins rarement séparés par un grillage. Les noms de villes
sont aussi bien britannique (Oxford, London, Cambridge…). Finalement les
québécois défendent aussi la culture française en faisant ce qu’ils font, la
langue française notamment a encore un espace dans cette Amérique du nord
anglophone (voir hispanique dans le SO des USA) grâce à ces quelques
francophones canadiens. En Ontario, il n’est pas rare de voir flotter le
drapeau britannique même sur des bâtiments officiels (d’ailleurs le drapeau
britannique est une partie du drapeau de l’Ontario comme aussi du drapeau de la
Colombie britannique, la reine d’Angleterre occupe une face de toutes les
pièces de monnaies du Canada ainsi des québécois souhaitent avoir leur propre
monnaie…), les habitants ont sans aucun doute un sentiment d’appartenance à
l’Angleterre, la plupart étant des descendants de réfugiés ayant quitter les
USA suite à leur indépendance. Je rencontre aussi, alors que je répare une
crevaison sur la route vers Vancouver, un cycliste en VTT qui croit au départ
que je suis un french canadian, je lui dis que je suis français (de France)
alors il s’excuse et me dit qu’il n’aime pas les french canadian (les
québécois) car ils veulent leur indépendance et ne sont pas fier de leur pays
(peut-être, je ne le dis pas, mais la reine d’Angleterre reste toujours la chef
d’Etat du Canada et il y a un fort sentiment hors de la province de Québec
favorable au RU, c’est le dilemme du Canada).
A Saint Peter’s, avant Bras d’Or Lake, sur Cape Breton Island au Canada,
je rencontre pendant un ravito un indien Mikmak qui me parle de Terre Neuve,
son île. Il me dit qu’il y a de jolis paysages… J’aimerais bien y faire un tour
mais le temps me manque, il faudrait encore 5 jours pour faire la traversée de
Terre Neuve. Il aime bien les français car son peuple était un ancien allié à
la France (comme souvent, des tribus indiennes étaient en guerre entre elles,
aussi certaines se sont alliées à la France, d’autres à l’Angleterre).
Le mythe des frontières et leur
obstacle à la liberté de circulation des Hommes :
Les frontières ont toujours varié entre les Etats, eux-mêmes n’ont pas
toujours existé. L’Histoire n’est jamais finie et les sociétés évoluent grâce à
leur emprise plus forte que celle de ceux qui pensent les gouverner. Ainsi les
gouvernants pensent pouvoir contrôler tout type de migration par des
réglementations permettant aux fictions (frontières, nations, Etats…) de
survivre pendant un laps de temps.
Avec un visa touristique on ne peut rester plus de trois mois en
Australie. Sinon, pour le renouveler, il faut faire de la paperasse et payer
plus de 400€ ou aller en NZ et revenir mais ça revient au même avec le prix des
billets d’avion par exemple entre Adélaïde et Auckland et puis je préfère faire
tout le tour de la NZ pendant un mois car les paysages ont l’air plus varié et
le climat me convient mieux, ainsi que la Great Dividing Range dont les Alpes
australiennes entre Melbourne et Sydney.
Beaucoup de pays en Afrique ne peuvent pas être visités librement
(Algérie, Libye, Égypte, Erythrée, Sierra Léone, Libéria, Côte d’Ivoire,
Nigéria, Tchad, Angola, Congo, Centrafrique, Zimbabwe, entre autres). On peut
aussi, à l’inverse, dire que beaucoup d’africains ne peuvent pas visiter
librement les pays dits « occidentaux »…
2) Vive le cosmopolitisme, POUR une
Constitution internationale !
Ca fait bien longtemps, depuis l’âge de 16 ans quand j’ai commencé à
dessiner et inventer des cartes…, que je suis persuadé qu’il faut une
Constitution internationale, une organisation internationale (supranationale
comme je l’appelais à l’époque). Pourquoi ? Bonne question et c’est
difficile d’y répondre à 16 ans cela semblait évident, maintenant ce n’est pas par
amour de mon prochain ni par « humanisme », je n’aime pas trop les
Hommes, c’est la pire et la plus incohérente des espèces que j’ai rencontré et
je m’en passerais bien (pas toujours tout de même mais assez souvent…). Alors
pourquoi encore y croire, vouloir cette Constitution internationale ?
Peut-être justement pour mieux « contrôler » cette espèce et le mal
qu’elle fait ou a fait aux autres espèces et le mal qu’elle veut encore faire,
pour contrôler les activités de cette espèce humaine, les encadrer de manière
rigoureuse et rationnelle et quel meilleur moyen qu’une Constitution
internationale ? Bien sûr il est hors de question de voir une oligarchie
internationale commander, le mandat doit être unique et de cinq années
maximales à ce niveau. De toute façon je ne crois pas que les hommes politiques
peuvent changer la société ni la diriger, ils ne sont là que pour « régler
les affaires courantes », la société civile se suffit par elle-même, elle
devance les institutions qui ne sont là que pour transposer l’évolution sociale
dans le Droit. Alors y a-t-il une évolution sociale internationale pour désirer
une Constitution internationale ? Non, pas encore, mais l’Etat français ne
s’est pas construit en 10 ans ! Il faudra donc du temps aux Etats pour
disparaître.
Besoin d’innocence et
d’espérance :
Quelle beauté de voir des enfants galopants sur leurs chevaux en ville
ou sur les pistes de terre en campagne ; quelle beauté que de dépasser un
attelage tiré par deux ânes et de jeunes enfants qui s’amusent à faire la
course avec moi, à 17 km/h, et qui me redépasse par la suite, en souriant et
taquineurs, quelle gentillesse de leur part pour ce petit moment de bonheur où
je dégage un sourire amusé après qu’ils aient demandé où j’allais, ils me
souhaitent bonne route et me disent au revoir. Ou encore ces enfants courants
sur la route et me saluant par un simple bonsoir à mon passage, sans intentions
et sans attentes. Le monde « occidental » a certainement bien des
choses à se reprocher même s’il y a du bon (exploration spatiale, recherche
dans le domaine de la santé… même si on recherche trop souvent la rentabilité).
Mais il y a toujours des guerres, des tensions, des problèmes de conflits
d’intérêts entre Etats, entreprises… qui dépassent l’intérêt conjoint des
peuples pour s’atteler aux intérêts particuliers des dirigeants d’entreprises
commerciales ou nationales (dans le sens des Nations, terme fictif inventé
récemment pour opposer les peuples entre eux). Quel dommage de l’absence d’une
Organisation internationale, de Lois internationales et donc de Constitution
internationale dans l’intérêt simplement des peuples ! Tout en respectant
leurs diversités, coutumes, traditions… mais il y a des points communs entre
les Hommes (protection de l’environnement, exploration spatiale, santé…).
Plus loin, à Diéma, avant la tombée de la nuit, j’arrive chez un
épicier pour prendre un petit ravito. Sans le savoir, c’est juste au moment où
Barak Obama prononce son discours d’investiture à Washington, devant une foule
sur la grande allée avec les mémoriaux où je me trouvais il y a quelques mois
auparavant. Cet épicier a une télé (ce qui est rare car souvent dans les
villages il n’y a qu’une radio, bon ici c’est une ville moyenne). Je regarde
donc le discours avec lui et d’autres acolytes pendant bien 20 minutes, ça me
fait plaisir de me trouver là pour ce discours et j’espère qu’Obama pourra
prouver aux africains que tout est possible, beaucoup en Afrique ont un grand
espoir en lui alors que je ressentais un grand désespoir et une fatalité
l’année dernière. Obama est le président des USA mais aussi le président de
cœur de tous les africains et je me demande s’il s’en rend bien compte,
j’espère pour l’Afrique. Obama est pourtant peut-être la seule personne au
monde qui peut, par la puissance des USA, changer les choses, mais il ne
faudrait pas trop tarder car ça risque d’être trop tard avec la montée en
puissance de la Chine et des intérêts énergétiques divergents, les USA ont un
grand poids actuellement mais ça risque de ne pas durer (et je le craint encore
plus avec la crise, déjà que j’avais ressenti un problème économique en 2008,
lors de mon séjour là-bas pendant 4 mois et avant la crise…). Obama est la
seule personne qui pourrait avoir assez d’influence pour unir le monde, l’UE le
pourrait mais il n’y a pas d’union politique et les intérêts de chaque Etat
divergent, c’est très dommage pour elle mais l’Europe existe-t-elle vraiment
dans les consciences des politiciens ? La France le pourrait aussi mais
comme trop souvent les Hommes politiques manquent d’ambitions et, une fois élus
à la tête de l’Etat, ils croient que tout a déjà été gagné et que maintenant il
faut essayer de garder sa place et de faire croire que c’est bien comme ça.
Nécessité de préserver les modes
de vies ancestraux et la culture :
Le voyage dans le Sahel s’est très bien passé, environ 30 jours et
3.500 km ; j’en apprends aussi un peu plus grâce à mon cousin sur la
transhumance (le bétail est emmené dans différents endroits où l’on trouve des
points d’eau suivant les saisons), mode de vie traditionnel ou ancestral
d’élevage des vaches, brebis, chameaux, qu’il faudrait peut-être préserver tout
en proposant des services (santé, éducation…) un peu « ambulatoire ».
Mais pour ça encore il faudrait une volonté politique, une considération internationale,
des règles venant du haut pour qu’elles ne puissent être violées par des
intérêts individuels ou d’ethnies « majoritaires » ou d’Etats ou
d’enjeux mercantiles.
Pourquoi continuer à préserver une conscience d’intérêts nationaux
alors qu’il faudrait mettre en exergue des intérêts communs à tous les
hommes : protection de la faune, flore, de l’environnement, développement
des recherches spatiales… Bref, c’est au peuple de dire ce qu’il veut pour son
futur, la « modernité » ou l’ « ancien monde ».
Les indiens d’Amériques ont pour beaucoup tout perdu en perdant leurs coutumes
et traditions. Ici, dans le Sahel, le choc est moins brutal, plus lent et
plus long, quel en sera le résultat ? Au sein de quel espace le
développement doit-il se faire ? Peut-on croire que l’Etat nigérien soit
suffisant ? Sûrement pas. Et au niveau international ? De multiples
intérêts antagonistes existent, il n’y a pas aujourd’hui d’intérêt général
international à préserver ce mode de vie (bien au contraire, vive la société de
consommation). Il faudrait permettre à chacun de faire son choix et sans aucun
doute donner des contreparties. Préserver un patrimoine demande aussi de donner
des moyens (matériels, d’expressions, de représentations…) au niveau
international. Ici, dans l’est du Niger, le peuple Haussa est majoritaire, on
le retrouve aussi (minoritaire mais avec plus de populations qu’au Niger,
encore un paradoxe et un bel exemple de la fiction des limites frontalières) au
Nigéria, pays avec plus de 100 million d’habitants (le plus peuplé d’Afrique)
et le Haussa est la deuxième langue la plus parlée en Afrique après le Swahéli
(langue qui est parlée en Afrique du sud notamment).
Sans doute, comme pour les anciens pays communistes en UE, s’il y avait
une aide et un contrôle, une « intégration », l’Afrique s’en
« sortirait ». Pour l’instant encore (et pour longtemps peut-être), tous
en profitent (humanitaires, gouvernements africains et occidentaux,
multinationales exploitants les ressources), sauf les peuples, comme toujours.
Une Europe indispensable et
réaliste, espérer une union des Etats dits occidentaux :
D’un point de vue densité et richesses, les « vieux » Etats
européens ont toujours une grande influence sur le plan politique et
économique, chacun d’eux pris séparément (France, Angleterre, Allemagne, Espagne
ou Italie…). Si l’UE avait une réelle force politique (ce qui n’est pas pour
demain), elle aurait, avec son territoire et sa population, une influence dans
le monde très importante (face à la Russie, la Chine… et par leurs échanges
considérables avec l’Asie, les anciennes colonies en Afrique, Amérique du sud
et du nord…). Elle pourrait conjointement avec les américains, lorsque leurs
lignes politiques internationales sont de même (Victor Hugo pensait déjà au
XIXè s. à la création d’une organisation regroupant Etats d’Europe et Etats
d’Amérique), si l’objectif était commun, créer les conditions idéales pour
construire une gouvernance mondiale avec un partenariat avec les USA, de façon
à crée un ordre international plus équitable face aux multinationales et aux
intérêts étatiques divers et antagonistes. Ainsi pourraientt se développer de
manière cohérente et grâce à une coopération des échanges et recherches sur la
santé, l’espace, l’environnement… fondée sur les droits de l’Homme et
des « animaux ». Seule une armée internationale existerait. Mais
ce n’est pas pour demain vue qu’il n’y a pas d’union politique en Europe !
Bref, l’influence de la France est plus grande en Amérique du nord que ne le
pense les français eux-mêmes : c’est souvent que je vois, à l’occasion,
les journaux papiers ou télé parlant de ce que fait la France plus souvent que
l’Angleterre (surtout aux USA).
En mémoire de toutes les personnes,
européennes, américaines ou africaines, qui m’ont gentiment invité à dormir
chez elles, ou qui m’ont offert une part de leur repas pendant la route et
encore un bout de discussions.
En mémoire de personnes disparues avec qui
j’aurais voulu partager ces voyages (mes grands parents paternels, martine,
Charlotte, « marraine »).
En remerciement à trois personnes
particulières qui m’ont permis de garder dans les durs moments la force de
poursuivre ce qui pouvait alors sembler inutile.
Et en remerciement aussi aux personnes de la
famille et amis dont la présence est toujours là, même pendant les voyages.